Argentine : Milei lance son plan d'austérité et baisse déjà de 50% la valeur du peso

Le gouvernement du président argentin élu mi-novembre a annoncé mardi qu'il allait dévaluer de 50% le peso argentin, le faisant passer de 400 pesos pour un dollar à 800. Cette mesure fait partie du plan d'austérité de Javier Milei pour juguler l'inflation de 143% sur un an.
Ces mesures radicales, visent à éviter la « catastrophe » d'une hyperinflation qui pourrait selon lui atteindre 15.000%, s'est justifié le ministre Luis Caputo.
Ces mesures radicales, visent à éviter la « catastrophe » d'une hyperinflation qui pourrait selon lui atteindre 15.000%, s'est justifié le ministre Luis Caputo. (Crédits : AGUSTIN MARCARIAN)

Javier Milei, élu président mi-novembre, met sa politique en place et ne fait pas dans la dentelle. Son gouvernement, investi le 10 décembre dernier, a annoncé mardi une forte dévaluation de plus de 50% du peso, la monnaie nationale, considérée comme notoirement surévaluée. Cette dernière va donc passer de 400 pesos pour 1 dollar américain à 800 pesos. Cette mesure radicale vise à stimuler la compétitivité de l'économie argentine pour diminuer l'inflation.

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En théorie, une dévaluation permet de favoriser les exportations et d'augmenter les quantités vendues à l'étranger. En effet, le coût de ces produits vendus à l'étranger baisse en même temps que la valeur de la monnaie du pays. Autrement dit, les exportations deviennent plus compétitives. A l'inverse, tous les produits importés deviendront plus chers pour les Argentins qui paieront en pesos et seront logiquement incités à moins consommer de biens importés.

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D'autres mesures d'austérité

La dévaluation fait partie d'une série de mesures « d'urgence » annoncées par le ministre de l'Économie, Luis Caputo. Ce dernier a aussi annoncé une austérité budgétaire qui se traduira notamment par une réduction des subventions publiques à l'énergie et aux transports ou encore un freinage, voire un arrêt total de l'émission monétaire par la banque centrale. Toujours dans cette optique, l'Etat « ne va plus présenter d'offres » pour des chantiers publics, et annuler les contrats passés « qui n'ont pas déjà commencé ». « Les chantiers d'infrastructure en Argentine seront réalisés par le secteur privé, car l'Etat n'a ni argent ni financement pour les mener à bien » a-t-il expliqué. Le pays va donc se serrer la ceinture et le gouvernement prévient que sa population devra aussi le faire à court terme.

Mais pour rassurer les ménages - 40% des citoyens vivent sous le seuil de pauvreté -, le ministre de l'Économie a néanmoins assuré que le gouvernement va maintenir des programmes sociaux d'aide à l'accès à l'emploi et « renforcer les politiques sociales pour ceux qui en ont besoin, sans intermédiaires », a-t-il insisté. Ce dernier a donné en exemple la distribution de « cartes alimentaires », des bons d'achat pour les plus démunis.

Une baisse de l'inflation à moyen terme

Ces mesures radicales, visent à éviter la « catastrophe » d'une hyperinflation qui pourrait selon lui atteindre 15.000%, s'est justifié le ministre du gouvernement ultralibéral.

« La genèse de nos problèmes a toujours été budgétaire », a-t-il affirmé estimant que pour la première fois, en votant à une large majorité pour Javier Milei, les Argentins ont montré qu'ils comprenaient « qu'il n'y a pas d'argent (dans les caisses de l'Etat, ndlr)».

Cette stratégie peut sembler très violente étant donné que la dévaluation, ainsi que la baisse des subventions de longue date aux transports, à l'énergie, devraient affecter fortement et négativement le pouvoir d'achat des Argentins qui importent de nombreux produits, dans un premier temps.

Javier Milei n'a d'ailleurs pas caché que cette première phase de sa stratégie pour arriver à son objectif colossal de réduction du déficit de 5% du PIB serait dure pour la population. Dans son discours d'investiture dimanche, le nouveau président a déclaré que « la situation allait empirer à court terme » avant que la troisième économie d'Amérique latine, ne recueille le fruit de l'austérité budgétaire, en maîtrisant une inflation chronique, actuellement à 143% sur un an.

La dollarisation au cœur du projet de Milei

Un autre point du programme de Javier Milei est aussi controversé : la dollarisation du pays. Le nouveau président a fait de la fermeture de la Banque centrale et de l'abandon du peso pour le dollar américain une promesse de campagne.

« Le futur président souhaite donc mettre fin à la planche à billets en fermant la banque centrale émettrice du peso et en abandonnant ce dernier au profit du dollar américain qui est beaucoup plus stable », expliquait à la Tribune, l'économiste d'Astères Sylvain Bersinger.

Mais cette décision, qui pourrait effectivement drastiquement faire chuter l'inflation qui vient en grande partie d'une trop forte création de monnaie ne serait pas exempte de risque.

« Si l'économie argentine tombait en récession, le gouvernement ne pourrait pas soutenir son économie en mettant en place une politique de relance monétaire qui se fait normalement en baissant les taux directeurs pour relancer les emprunts et l'investissement et la consommation », mettait en garde Sylvain Bersinger.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 13/12/2023 à 16:15
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Comme la France de 10.000 franc billets, avant le participation a l'euro. LE mal du pays.

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