Automobile : les États-Unis durcissent (encore) les normes de pollution pour soutenir l'électrique

Le gouvernement américain a annoncé mercredi avoir finalisé une nouvelle réglementation sur les émissions polluantes des automobiles. Les seuils limites qui y figurent sont les plus stricts jamais adoptés. Objectif affiché, inciter les constructeurs à intégrer de plus en plus de véhicules électriques dans leur flotte.
Le gouvernement américain a pour objectif que la moitié des voitures vendues aux États-Unis en 2030 soient électriques.
Le gouvernement américain a pour objectif que la moitié des voitures vendues aux États-Unis en 2030 soient électriques. (Crédits : Kasto – fotolia.com)

Nouveau tour de vis outre-Atlantique sur la pollution automobile. Le gouvernement américain a finalisé de nouvelles normes pour les véhicules, comme annoncé mercredi. « Les plus strictes jamais prises dans l'histoire des États-Unis », a fait valoir Michael Regan, à la tête de l'agence de protection de l'environnement (EPA).

Dans le détail, cette nouvelle réglementation concerne les véhicules légers et moyens construits à partir de 2027 et jusqu'en 2032. L'administration ne fixe pas un quota précis de véhicules propres à vendre. En revanche, elle restreint progressivement les émissions annuelles moyennes autorisées pour les nouveaux véhicules de chaque constructeur, les incitant de facto à électrifier leur flotte. En toile de fond, le gouvernement espère arriver à faire en sorte que la moitié des voitures vendues aux États-Unis en 2030 soient électriques.

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Normes plus strictes, mais plus progressives

Par rapport au projet de réglementation annoncé l'année dernière, qui a depuis fait l'objet d'une consultation publique, ces normes finales donnent davantage de temps et de flexibilité aux constructeurs pour atteindre les nouveaux objectifs d'émissions de CO2. Ainsi, le seuil limite a été assoupli pour les premières années (2027-2030), mais aboutit en 2032 au même niveau que précédemment envisagé. À cette date, les normes d'émissions de CO2 représenteront une réduction d'environ 50% par rapport aux normes pour les voitures de 2026, fait valoir l'EPA.

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Les transports sont actuellement la première source d'émissions de gaz à effet de serre du pays. Les nouvelles normes doivent permettre d'éviter l'émission de 7,2 milliards de tonnes de CO2 d'ici 2055, selon l'EPA. Cela représente environ quatre fois les émissions du secteur des transports en 2021.

La nouvelle réglementation agit également sur les émissions de particules fines, dangereuses pour la santé. Un bénéfice net de 99 milliards de dollars par an est attendu, selon le gouvernement, dont 13 milliards grâce à des économies de santé, notamment les hospitalisations évitées.

Panel de solutions pour rentrer dans les clous

Concrètement, il reviendra aux constructeurs de choisir quelles technologies ils adoptent pour réduire leurs émissions. Par le passé, ils ont pu alléger leurs véhicules ou améliorer l'efficacité de leur moteur. Ils pourraient aussi adopter de nouveaux filtres à particules. Mais dans la mesure où nombre de constructeurs sont désormais bien engagés dans la transition vers l'électrique, l'EPA mise surtout sur une accélération de ce mouvement. Celle-ci comptabilise d'ailleurs désormais les voitures hybrides rechargeables parmi les possibilités offertes pour réduire les émissions.

D'après les calculs de l'agence, grâce aux nouvelles normes, les véhicules électriques pourraient représenter jusqu'à 56% des véhicules légers vendus d'ici les années 2030. C'est toutefois moins que les 67% envisagés l'année dernière. Et les hybrides rechargeables 13%.

Mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour y arriver. En 2023, en effet, les ventes de véhicules électriques n'ont représenté qu'environ 7,6% du total des unités écoulées aux États-Unis, selon le cabinet Cox Automotive. Mais « depuis 2021, les ventes de véhicules électriques ont quadruplé, et les prix continuent à baisser », a fait valoir Ali Zaidi, conseiller de Joe Biden sur le climat.

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Des critiques et des saluts

Les mesures annoncées par le gouvernement américain n'ont pas tardé à faire réagir. Les adversaires républicains de Joe Biden l'ont accusé de mener une croisade contre les voitures à essence, forçant « les Américains ordinaires à conformer leur mode de vie » aux élites, a taclé leur chef au Sénat, Mitch McConnell.

L'American Petroleum Institute (API), représentant le secteur pétrolier, a même menacé d'attaquer en justice la nouvelle réglementation. Celle-ci fonctionne comme « une interdiction », conduisant à « éliminer la plupart des nouvelles voitures à essence et hybrides traditionnelles du marché américain en moins d'une décennie », a-t-elle fustigé.

Certains experts ont par ailleurs accusé le gouvernement d'avoir cédé à la pression des industriels. Les nouvelles normes « requièrent moins de réductions d'émissions dans les premières années » par rapport à la proposition initiale, a regretté le Center for Biological Diversity. « Cela enverra de la pollution carbone dans l'atmosphère plus tôt, et fera davantage de dégâts pour le climat », estime-t-il.

Reste que ces mesures annoncées n'ont pas seulement fait l'objet de critiques. De nombreuses associations environnementales les ont saluées. Et même l'industrie automobile les a bien accueillies. John Bozzella, de l'Alliance for Automotive Innovation, a salué l'allongement des délais décidé par l'EPA, faisant valoir les défis rencontrés sur la route de l'électrification, comme la nécessité de développer de nouvelles chaînes de production. Il considère toutefois les normes pour 2032 comme « effrayantes », mais se veut rassurant : « Le futur est électrique, et les constructeurs sont déterminés », a-t-il ajouté. En pleine année électorale, le soutien de l'industrie automobile et de ses employés ne sera pas de trop pour Joe Biden, qui sera opposé lors du scrutin de novembre à son prédécesseur, Donald Trump.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 22/03/2024 à 17:44
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Ça rejoint l'article de la veille :: Voitures électriques : les États-Unis loin derrière la Chine et l'Europe

à écrit le 21/03/2024 à 13:58
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Un cadeau du régime Biden à l'empire des Hans au détriment de l'industrie auto américaine dans le Michigan employant nombre d'ouvriers musulmans enragés par le soutien américain à Israël suite à l'attaque islamiste du Hamas le 7 octobre 2023. U...

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