Coronavirus : en quelques semaines, le basculement dans une crise exceptionnelle

Il y a un mois, malgré un premier mort, une épidémie sur le sol français semblait inimaginable. Mais en l'espace de quelques semaines les contaminations se sont envolées, projetant le pays dans une crise d'une toute nouvelle dimension.
(Crédits : Christian Hartmann)

Lorsque les premiers cas d'une nouvelle pneumonie virale sont détectés à Wuhan, en Chine, ils sont loin de faire les gros titres et ne semblent pas inquiéter les autorités françaises. Le risque d'une introduction en France est "faible", même s'il "ne peut pas être exclu", déclare ainsi le 21 janvier Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, tandis que la Chine compte déjà plusieurs décès et 300 malades.

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21 janvier : le risque d'introduction du virus en France est "faible" pour Agnès Buzin

Quelques jours plus tard, le 24 janvier, trois premiers cas sont confirmés dans l'Hexagone: un Bordelais de retour de Chine et un couple de trentenaires chinois. Dans les jours suivants, neuf autres cas sont détectés. Le ministère de la Santé commence ses points de situation quasi quotidiens, diffusés en direct par les chaînes d'information en continu.

C'est lors de l'un d'entre eux que le 15 février, Agnès Buzyn annonce, la mine sombre, la mort la veille à l'hôpital Bichat de l'un des douze malades, un touriste chinois de 80 ans. "C'est le premier hors d'Asie, le premier en Europe", souligne-t-elle à la veille de sa démission pour briguer la mairie de Paris.

Malgré ce décès, à fin février, tous les autres patients contaminés sont sortis de l'hôpital, guéris. Aucun nouveau cas n'a été détecté en deux semaines. Et malgré l'inquiétude des riverains, aucun des plus de 300 "rapatriés de Wuhan" passés par des centres de quarantaine n'a été testé positif.

Mais la rémission apparente est trompeuse et de l'autre côté des Alpes, l'Italie prend des mesures pour isoler des foyers de contamination dans le nord du pays. "L'épidémie est à nos portes", met en garde le nouveau ministre de la Santé Olivier Véran le 25 février.

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26 février : premier mort français, "l'épidémie est à nos portes"

Quelques heures plus tard, c'est confirmé: le numéro deux du ministère Jérôme Salomon annonce deux nouveaux cas, dont le premier lié à l'Italie. Le lendemain, un premier mort français est à déplorer, un enseignant originaire de l'Oise.

Autour de chaque cas, un jeu de piste est lancé pour retrouver toutes les personnes entrées en contact avec le malade et si besoin les confiner pour limiter la contagion. En quelques jours, c'est l'emballement. Les contaminations se multiplient brusquement et la barre des 100 cas est atteinte le 29 février.

Pour tenter de freiner le virus, les rassemblements de plus de 5.000 personnes en milieu fermé sont interdits ainsi que certains événements en extérieur. Des restrictions plus fortes sont prises dans les foyers principaux dans l'Oise, la Haute-Savoie, puis ce sera au tour du Morbihan, du Haut-Rhin...

Dans un pays qui est passé au "stade 2" de la progression de la maladie, avec plusieurs foyers qui rendent l'épidémie quasiment inéluctable, c'est la ruée sur les masques de protection. Le gouvernement décide de les réquisitionner pour les réserver aux soignants et aux malades. Le prix des flacons de gel hydroalcoolique s'envole, forçant le ministère de l'Economie à les encadrer.

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8 mars : le seuil symbolique des 1.000 cas est franchi

Le président Emmanuel Macron en appelle au "bon sens" alors que le bilan s'alourdit à neuf morts et près de 600 cas le 6 mars. Ne plus se saluer en se serrant la main, se laver les mains régulièrement, tousser dans son coude, appeler le 15 en cas de symptômes... Les messages d'alerte passent en boucle sur les radios ou dans les couloirs du métro.

Le compteur continue de grimper. Le seuil symbolique des 1.000 cas est dépassé et le gouvernement interdit les rassemblements de plus de 1.000 personnes le 8 mars, une décision qui frappe le monde du spectacle, au bord de l'asphyxie.

Alors que le ministre de la Culture Franck Riester et plusieurs députés sont contaminés, les mesures de protection sont renforcées autour du président qui modifie son agenda pour monter en première ligne dans la bataille contre le virus.

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Depuis le 12 mars : économie et culture asphyxiées

Côté économique, la spirale infernale continue: l'activité déjà ralentie par l'arrêt d'usines chinoises qui a perturbé les chaînes d'approvisionnement subit de plein fouet la chute de la demande provoquée par les mesures de confinement décidées à travers le monde. Les mesures pour faire face à cette crise "coûteront des dizaines de milliards d'euros", prévient le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

Face à cette situation extraordinaire, jeudi soir, le président change de ton et d'échelle face à "la plus grave crise sanitaire depuis un siècle", qui a fait désormais 79 morts pour plus de 3.600 cas. Devant 25 millions de téléspectateurs - un record pour une déclaration officielle -, il annonce la fermeture dès lundi de toutes les crèches, écoles, collèges, lycées et universités jusqu'à nouvel ordre. Même s'il maintient les élections municipales.

Dans la foulée, les rassemblements de plus de 100 personnes sont interdits, signant la fermeture du Louvre, de la Tour Eiffel et du château de Versailles. Le foot français décide aussi un temps mort jusqu'à nouvel ordre. Des mesures draconiennes exceptionnelles, mais pour combien de temps ? Au moins plusieurs semaines: un véritable casse-tête pour les parents et les entreprises.

Mais aussi aussi un défi extraordinaire pour les soignants des hôpitaux à qui le gouvernement a promis "tous les moyens financiers nécessaires" pour pouvoir traiter les 5% de contaminés qui seront victimes de formes graves de la maladie.

"Nous sommes au début d'une épidémie d'un virus inconnu, je ne peux absolument pas vous affirmer les yeux dans les yeux aujourd'hui que je sais exactement quelle sera l'ampleur de l'épidémie", a reconnu vendredi Olivier Véran, quasi inconnu il y a un mois et qui écume désormais les plateaux télé pour tenter de rassurer la population.

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Commentaires 20
à écrit le 18/03/2020 à 20:14
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Je pense avec cynisme qu'il ne faut rien faire, pas de confinement, pas d'arrêt de l'économie, pas de mesures d'urgences... Acceptons les morts et les malades, cela durera beaucoup moins longtemps La crise sanitaire ne sera pas si grave, la crise é...

à écrit le 16/03/2020 à 11:09
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Tout cela me rappelle le nuage de Tchernobyl, celui qui s'est arrêté à la frontière, même obscurantisme politique, même désinvolture des "zélites", mêmes mensonges, même incurie dans la rapidité des décisions. C'est valable aussi pour les incapables ...

à écrit le 14/03/2020 à 21:30
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Coronavirus : en quelques semaines, le basculement dans une crise exceptionnelle L'évidence c'est que l'Elysée Matignon et les Députés LREM MODEM ont perdu massivement du temps et dissimulé la réalité pour passer en force le projet scélérat sur le...

à écrit le 14/03/2020 à 19:32
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La bulle bruxelloise se protège mais cette technocratie planificatrice inutile n' a pas daigné bouger une oreille pour aider les italiens mais les a aggravé avec ses plans d' austérité successifs. Ainsi en 10 ans, l' Italie a réalisé 37 milliards...

le 16/03/2020 à 0:53
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Entièrement d’accord avec ce commentaire, cela fait des années que l'on tire à boulets rouges sur le système de santé en France. Maintenant on crie au secours à la solidarité du corps médical. Qu'une ex ministre de la santé elle même médecin spéciali...

à écrit le 14/03/2020 à 15:05
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je dois dire qu'heureusement que nous avons un parent a risque, cela a permit de ne pas attendre une séquence en retard, tant sur la question de se convaincre de son système , mais d'avoir juste l'idée que prévenir c'est toujours mieux que guérir ! ...

à écrit le 14/03/2020 à 13:35
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C’est un beau pavé dans la mare que viennent de publier dans le Figaro daté du 12 mars 2020 deux personnalités pourtant européistes pur sucre : le physicien Didier Long et l’entrepreneur Sébastien Laye, chercheur associé au think-tank Thomas More, eu...

à écrit le 14/03/2020 à 12:36
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On a perdu beaucoup de temps en ne fermant pas nos frontières et cela va coûter des vies il faut arrêter l'entêtement d'une idéologie Européenne selon lesquelles nos frontières sont un obstacle à l'Europe .Revenons à la raison et à des mesures de b...

à écrit le 14/03/2020 à 11:50
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Mais c'est triste pour les touristes la fermeture de Versailles, le Louvre, les châteaux de la Loire...

à écrit le 14/03/2020 à 11:37
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La situation était claire dès le départ en Chine. Nous avons eu sous nos yeux tous les éléments permettant d'anticiper et de nous préparer. Dès que l'épidémie s'est montrée sévère en Chine, les autorités auraient dû prévoir la fabrication en masse de...

le 14/03/2020 à 12:24
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Vous avez raison sur tout Nos politicards sont irresponsables Macron a encore été faible et en retard On voit l Italie et il se contente du minimum Il fallait tout bloquer Les élections vont contaminer pas mal de monde Il faut faire du dépou...

le 14/03/2020 à 14:28
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Si il y avait un peu de « dignité » , rien que pour tous ces gens hospitalisés, dans le coma , les familles endeuillées , ces municipales seraient remise jusqu’à « nouvel ordre » comme tout le reste , La loi de la république doit s’adapter à la détr...

le 14/03/2020 à 15:22
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"Notre Président protège l'économie avant le peuple et c'est un tord. " J'ai l'impression qu'effectivement ce fut un choix que certains diraient "d'équilibre" aussi cynique que cela peut être un constat objectif. Le départ de la ministre de la ...

à écrit le 14/03/2020 à 11:22
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Il est curieux de ne pas préciser que les cas de coronavirus dans l’oise ont eu pour origine la base militaire des pilotes qui ont rapatrié les Français de chine. Nous nous sommes importés le virus nous meme. En tout cas, il y a un gouffre entre les ...

le 14/03/2020 à 15:27
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Disons qu'avec le départ de la ministre de la santé avant le début de l'épidémie, disons qu'en plus sans produits, bon..... Que dire de plus !!!

à écrit le 14/03/2020 à 11:05
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j'ai eu peur quand j'ai vu la fiole de colin powel, terrifié quand j'ai vu les avions dans les twin towers.....le coronamachin, je m'en fous.

le 14/03/2020 à 13:47
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Si vous êtes jeune et en bonne santé vous avez raison et surtout si vous n avez personne de plus de 60 ans a qui vous tenez

le 14/03/2020 à 14:37
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@Pollo, Ce que vous dites est faux ; car il y a des jeunes de 30-40 ans dans le coma en réanimation et sans antécédent pulmonaire Attention ce virus n’est pas comme la grippe et il est particulièrement agressif( c’est une information réelle ne le ...

à écrit le 14/03/2020 à 10:45
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Pourquoi la frontière entre l’Italie et la France n’a pas été contrôlée si «  justement «  l’objectif était de stopper ce virus ? J’étais il y a un 3 semaines à l’hôpital et je n’ai pas vu une surcharge sanitaire dans ma région . Virus inconnu ? Pou...

le 14/03/2020 à 11:16
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Les contrôles de température à la frontière, ça capte 10% environ des cas, mais c'est déjà ça (?). Pour rassurer je me disais que mettre des comédiens à la frontière serait efficace pour rassurer (évite de monopoliser des médecins), si scientifiqueme...

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