Donald Trump a-t-il vraiment incité les entreprises à revenir aux Etats-Unis ?

Depuis la victoire du candidat républicain en novembre, plusieurs grands groupes industriels ont annoncé des investissements massifs et des créations d'emplois aux Etats-Unis. Le président américain est persuadé que son élection est la raison de ces choix.
Jean-Christophe Catalon
"Demandez aux grands patrons de ces entreprises pour savoir la vérité : ils reviennent grâce à moi!", a insisté Donald Trump dans un tweet en janvier.

Le président Trump a livré mardi son premier discours devant le Congrès américain. Face aux représentants républicains et démocrates, il a précisé son cap, "America First" ("L'Amérique d'abord"), orienté vers la réindustrialisation du pays. Un plan qui, avant même d'être lancé, produit déjà des résultats rien que par l'effet d'annonce, si l'on en croit les propos de Donald Trump :

"Depuis mon élection, Ford, Fiat-Chrysler, General Motors, Sprint, Softbank, Lockheed, Intel, Walmart et bien d'autres ont annoncé qu'ils vont investir des milliards de dollars aux Etats-Unis et créer des dizaines de milliers de nouveaux emplois américains."

Le nouveau locataire de la Maison-Blanche chercherait-il à s'attribuer le mérite de ces créations d'emplois ? En faisant une telle déclaration, Donald Trump va un peu vite en besogne car, comme le rappelle l'Associated Press (AP) : "Plusieurs annonces résultent de décisions qui précèdent l'élection de Donald Trump, rendant improbable que son administration soit la seule ou même la raison première des ces embauches potentielles."

"Ils reviennent grâce à moi !"

Ce n'est pas la première fois que Donald Trump se félicite de ces annonces. En janvier, un journaliste de la chaîne NBC estimait que l'impact de la victoire du New-Yorkais sur les choix d'investissement des grands groupes était "très faible ou inexistant".

De quoi attiser les foudres de l'intéressé sur Twitter :

"C'est totalement biaisé, NBC News donne tout pour démontrer que les grosses annonces de Ford, GM, Lockheed et les autres concernant les rapatriements d'emplois aux Etats-Unis, n'ont rien à voir avec TRUMP, c'est encore des FAKE NEWS. Demandez aux grands Pdg de ces entreprises pour des vrais faits. Ils reviennent grâce à moi!"

La situation du marché plutôt que la victoire de Donald Trump

S'agit-il réellement de fake news ? Si certaines sociétés ont peut-être cédé à l'effet d'annonce, plusieurs parmi celles citées par le président américain avaient déjà prévu d'investir aux Etats-Unis avant sa victoire. Voici quelques exemples parmi les plus emblématiques :

General Motors. Quelques jours après que Donald Trump l'a menacé de payer des droits de douanes par tweet interposé, le constructeur automobile a annoncé mi-janvier un investissement d'un milliard de dollars dans des chaines de production aux Etats-Unis et la création de plusieurs milliers d'emplois.

Or, comme le montre Factcheck.org, GM a rappelé dans un communiqué que cet investissement s'inscrit dans la continuité de sa stratégie depuis quatre ans - période durant laquelle le constructeur a d'ailleurs créé 25.000 emplois aux Etats-Unis. De plus, le chèque d'un milliards de dollars prévu pour 2017 est bien en-dessous de celui de 2016, dont le montant était de 2,9 milliards de dollars.

Ford. Le constructeur était dans le collimateur de Donald Trump depuis l'annonce d'un plan d'investissement de 2,5 milliards de dollars au Mexique en 2015. En janvier dernier, Ford a finalement annulé ce plan pour un autre, moins coûteux (1,6 milliards de dollars), et annoncé un investissement de 700 millions de dollars dans un usine du Michigan pour produire des voitures électriques. Le président Trump s'est empressé de s'en féliciter.

Or, le Pdg de Ford Mark Fields a confié à Fox Business News que ce choix était purement lié à l'évolution du marché. Les usines mexicaines devaient construire des petites voitures, mais la demande pour ce type de véhicules a chuté en Amérique du Nord, c'est pourquoi les capacités de production ont été réévaluées à la baisse.

Mark Fields Ford Usine de Flat Rock Michigan

Mark Fields, patron du constructeur automobile américain Ford. (Photo: Reuters)

Sprint. L'opérateur, filiale du japonais Softbank, a décidé fin décembre de créer ou rapatrier 5.000 postes aux Etats-Unis d'ici à mars 2018. L'annonce a été faite par Donald Trump lui-même, devant sa résidence de Mar-a-Lago en Floride.

Donald Trump a en particulier remercié Masayoshi Son pour son implication. Le Pdg de Softbank lui avait promis des investissements à hauteur de 50 milliards de dollars et la création de 50.000 emplois dans le pays - dont feraient partie ces 5.000 postes - lors d'une rencontre au début du mois à New York.

Pourtant, rien n'indique que le groupe japonais n'ait pas élaboré ce plan avant la présidentielle. "L'argent proviendra du fonds de 100 milliards de dollars créé par Softbank" en octobre, rappelle le New York Times. Un fonds créé avec... l'Arabie Saoudite, pays pourtant dans le collimateur du candidat Trump pendant la campagne.

Intel. Concernant le fabricant de semi-conducteurs, la construction de l'usine de Chandler (Arizona) à laquelle fait référence Donald Trump a en réalité commencé sous la présidence de Barack Obama, rappelle AP. Le projet avait été retardé à cause d'une demande insuffisante pour les puces informatiques haute puissance. Intel, qui anticipe désormais une croissance pour ces composants, compte terminer la construction de cette usine dans les quatre années à venir.

Jean-Christophe Catalon
Commentaires 5
à écrit le 03/03/2017 à 16:01
Signaler
le bashing anti Trump se porte bien !

le 03/03/2017 à 17:14
Signaler
Harry Corose (pseudonyme de Normal 1er) se démène aussi en France pour que l'alternance n'ait pas lieu. Cela me rappelle les ennuis causés à Coluche quand il laissait entendre qu'il pourrait être présidentiable (https://www.youtube.com/watch?v=2IJF4y...

à écrit le 03/03/2017 à 13:03
Signaler
Tous les jours un papier contre Trump, mais quand il dit que les médias s'acharnent contre lui, alors que même les petits médias européens le critiquent en permanence quand même, ben c'est que c'est un paranoiaque-populiste-dictateur et-c... Lour...

à écrit le 03/03/2017 à 10:58
Signaler
De toute façon, M. Trompe finira par nous dire que si le soleil se lève le matin, c'est grâce à lui... et que le soleil se lève à l'ouest parce qu'il en décider ainsi par décret.

le 03/03/2017 à 14:57
Signaler
@Ptolemee: tu confonds, ce sont les socialistes qui utilisent le 49.3. Cela dit, sans les menaces de Trump, je pense que beaucoup auraient continué à investir ailleurs qu'aux US, tout en vendant aux US leurs produits :-)

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.