Etats-Unis : mauvais signal pour la Fed, l'inflation accélère

Tirée par les prix du carburant, la hausse des prix à la consommation s'est accélérée, atteignant 3,5% sur un an, selon l'indice PCE publié par le département du Commerce, ce vendredi. Or, cette donnée est scrutée de près par la Réserve fédérale américaine, afin de déterminer la poursuite de la politique monétaire.
Sur un mois seulement, la hausse des prix est de 0,4%, comme attendu, contre 0,2% en juillet.
Sur un mois seulement, la hausse des prix est de 0,4%, comme attendu, contre 0,2% en juillet. (Crédits : BRIAN SNYDER)

C'est une nouvelle qui pourrait peser sur les décisions prochaines de la Réserve fédérale américaine (Fed). Responsable du maintien de l'inflation à l'objectif fixé de 2%, l'institution monétaire pourrait voir d'un mauvais oeil l'accélération de celle-ci en août. Elle a ainsi augmenté, en août, à 3,5% sur un an, selon l'indice PCE publié ce vendredi 29 septembre par le département du Commerce. Sur un mois seulement, la hausse des prix est de 0,4%, comme attendu, contre 0,2% en juillet.

En cause, la remontée des tarifs de l'essence à la pompe. En témoigne le chiffre de l'inflation sous-jacente, c'est-à-dire hors prix volatils de l'énergie et de l'alimentation, qui a ralenti à 3,9% sur un an contre 4,3% en juillet.

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Par ailleurs, les dépenses des ménages américains ont, elles aussi, ralenti le mois dernier, en croissance de 0,4%, après un rebond de 0,9% en juillet. Leurs revenus, eux, sont repartis à la hausse, +0,4% contre +0,2%.

Onze hausses de taux depuis mars 2022

Reste à savoir comment ces résultats seront accueillis par la Fed. D'autant que l'inflation PCE est celle que regarde tout particulièrement la banque centrale américaine. L'indicateur est publié plus tard dans le mois qu'un autre indice, le CPI, qui fait référence et sur laquelle sont indexées les retraites. Ces deux mesures ont évolué dans la même direction en août, puisque l'indice CPI a également connu un deuxième mois de hausse, à 3,7% sur un an, avec un ralentissement de l'inflation sous-jacente.

Depuis mars 2022, la banque centrale a mené l'une de ses politiques monétaires les plus restrictives : les taux ont connu onze hausses, un rythme très rapide. Objectif, ralentir la demande des consommateurs et les investissements des entreprises afin de casser la spirale inflationniste.

La semaine passée, elle a néanmoins annoncé un maintien de ses taux d'intérêt directeurs dans la fourchette de 5,25% à 5,5%, à leur plus haut niveau depuis 22 ans. Pour autant, il ne s'agit pas de la fin du cycle, les responsables de la banque centrale anticipant, d'ici fin-2023, un relèvement supplémentaire. Les taux devraient ensuite baisser moins vite que prévu, attendus désormais à 5,1% en 2024, contre 4,6% anticipés lors de leurs prévisions précédentes publiées en juin.

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Solidité de l'économie américaine

La Fed pourrait donc continuer à combattre son combat contre l'inflation. Et ce, compte tenu de la bonne tenue de l'activité économique américaine. La banque centrale a, en effet, doublé sa prévision de croissance des Etats-Unis en 2023 à 2,1%, contre 1% prévu en juin. « L'économie progresse à un rythme solide », a souligné l'institution à l'issue de sa réunion de son comité fédéral de l'open market (FMOC), qui a pris sa décision de statu quo « à l'unanimité ».

« Les taux resteront restrictifs jusqu'à ce que nous soyons confiants dans le ralentissement de l'inflation  vers 2% », a ainsi prévenu Jerome Powell qui précise que cela pourrait prendre du temps.

Pour autant des signes de ralentissement de l'activité existent bel et bien, notamment dans la construction. En outre, le moral des ménages est au plus bas, sur fond de grèves dans le secteur automobile et de la reprise du remboursement des prêts étudiants.

Taux élevés en 2024

En conséquence, les prévisions de taux des « fed funds » (connues sous le nom de « dot plot ») ont été revues à la hausse, avec des taux à 5,1% en 2024, contre 4,6% pour les estimations publiées en juin dernier. Ce qui veut dire que les taux directeurs de la Fed devraient culminer entre 5,5% et 5,75% - laissant ainsi présager d'une hausse prochaine de 25 points de base - mais aussi que la Fed prévoit moins de baisse des taux pour 2024 (et 2025 d'ailleurs).

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 30/09/2023 à 8:40
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Bref ils veulent continuer d'augmenter les taux, c'est pourtant pas difficile à comprendre.

à écrit le 29/09/2023 à 17:43
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Eh ben oui et ça vous étonne? Les hétérodoxes vous ont toujours affirmé que l'inflation galopante n'est pas un phénomène qui reflue - jusqu'à la valeur-cible de 2% - en l'espace de quelques mois. Contrairement à la croyance aveugle du "courant mainst...

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