Fed : pas de hausse des taux en vue aux Etats-Unis

En cette veillée d’armes, chacun tente d’anticiper la décision de la Réserve Fédérale mercredi soir sur une éventuelle nouvelle hausse des taux. Si le consensus table sur un statu quo, c’est bien la trajectoire sur les taux qui sera donnée par la Fed qui focalisera toute l’attention.
Le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, doit dévoiler la trajectoire des taux fédéraux sur les deux ans à venir.
Le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, doit dévoiler la trajectoire des taux fédéraux sur les deux ans à venir. (Crédits : Reuters)

Le marché est un peu plus nerveux que d'habitude. Après la hausse de 25 points de base des taux directeurs de la BCE (à 4% pour le taux de dépôts, son niveau le plus élevé depuis la création de l'euro), c'est au tour de la Réserve fédérale (Fed) de décider ce mercredi, ou non, d'une nouvelle hausse de ses taux.

Si les avis étaient partagés à la veille de la réunion de la BCE, les investisseurs sont convaincus - à 99% selon l'indice FedWatch de CME Group - que la Fed laissera ses taux inchangés. Et les traders, selon le même indice, n'évaluent qu'à 29% la probabilité d'une hausse à la fin octobre/début novembre.

Le changement de ton du discours de Jerome Powell, lors du symposium de Jackson Hole, a semble-t-il convaincu les investisseurs et les traders que la banque centrale américaine était elle-même convaincue qu'elle avait fait le job dans sa lutte contre l'inflation. « Le discours de Jerome Powell a été beaucoup plus confiant sur l'efficacité du resserrement monétaire », souligne ainsi l'économiste Véronique Riches-Flores

Une nouvelle hausse n'est pas écartée

Bien sûr, il y a cette nervosité, cette volatilité en particulier sur les taux courts. Sur les marchés, l'écart (spread) entre le taux du Fed Fund (taux interbancaire au jour le jour) et celui du Libor (taux interbancaire à trois mois) laisse même un espace pour une hausse de 25 points de base d'ici la fin de l'année.

« C'est une possibilité ce n'est pas « valorisée » par le marché. Le Libor à fin décembre est toujours à 5,5%, ce qui place le Fed Fund autour de 5,3 ou 5,4%, soit le niveau actuel. Le marché joue clairement un statu quo », décrypte un gérant Taux.

Mais l'attente est ailleurs. Toute l'attention du marché sera focalisée sur les projections de taux (« dot plot ») que la banque centrale réalise tous les trois mois. « Le débat n'est plus vraiment aujourd'hui sur le statu quo ou non, mais bien sur le ton du discours de la Fed et les fameuses estimations des gouverneurs sur le niveau des fed funds sur les deux ans à venir, alors que le marché joue toujours une baisse de 100 points de base d'ici à décembre 2024 », avance Pierre Diot, gérant Taux chez Vega Investments Managers.

Marges de manœuvre

Une certitude toutefois : la Fed (pas plus que la BCE) ne prendra le risque d'annoncer un taux terminal pour conserver une marge de manœuvre. Les banques centrales, elles l'ont souvent répété, sont data dependent, comme les marchés finalement.

Et la publication ce mardi d'une baisse de 10% des mises en chantier aux Etats-Unis, d'un mois sur l'autre, devrait plaider pour un statu quo, d'autant que les indicateurs avancés plongent, que le moral des ménages est en berne, que les premiers craquements sur le marché du travail se font entendre, sans parler de la reprise du remboursement des prêts étudiants à partir du 1er octobre.

Lire aussiHausse des taux : la BCE refuse de baisser la garde, l'inflation est encore trop forte

C'est bien un discours de la Fed résolument « hawkish » (politique monétaire restrictive) qui pourrait faire trembler les marchés. A l'inverse d'ailleurs de la BCE. « Nous attendions (de la BCE, NDLR) un statu quo hawkish mais nous avons eu une hausse dovish (politique accommodante, NDLR) », avait résumé une note de la banque Natixis.

Selon un sondage réalisé par Reuters auprès de 70 économistes, la BCE en a terminé avec sa politique de hausse des taux. Ces économistes estiment à moins d'une chance sur cinq un possible relèvement du taux avant la fin de l'année.

Aux Etats-Unis, une majorité d'économistes estime que la Fed va quand même préparer le terrain à une nouvelle (et dernière) hausse avant que les chiffres de conjoncture ne soient réellement mauvais.

« Un taux de 5,5% ne choque personne aux Etats-Unis mais un taux de 4% en Europe, qui va tomber en récession, c'est dramatique », résume un analyste. En attendant, les marchés anticipent les prochaines baisses de taux dès mars/avril 2024 aux Etats-Unis. Et dès mars 2024 en zone euro avec une probabilité de 50%, selon AXA IM.

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Commentaires 2
à écrit le 20/09/2023 à 14:29
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Une nouvelle hausse de taux ne devrait surprendre personne, ni en Europe, ni aux USA. L'inflation est trop haute des 2 côtés de l'Atlantique. Pas de panique d'ailleurs, la croissance résiste, même si elle se réduit nécessairement un peu et le chômag...

à écrit le 20/09/2023 à 8:36
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Inspirez... souffrez, inspirez... souffrez. Qu'ils nous cognent dessus en se taisant au moins, merci.

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