Gaz : les actionnaires étrangers suspendent leur participation dans le méga projet Arctic LNG 2, très attendu par la Russie

Le projet russe de gaz naturel liquéfié (GNL) fait face à la suspension de la participation de ses actionnaires étrangers en raison du trop grand nombre de sanctions contre Moscou. Un coup dur pour ce projet stratégique estimé à 21 milliards de dollars.
Inauguré en juillet par le Vladimir Poutine, ce gigantesque projet de gaz naturel liquéfié (GNL) dans l'Arctique est estimé à 21 milliards de dollars.
Inauguré en juillet par le Vladimir Poutine, ce gigantesque projet de gaz naturel liquéfié (GNL) dans l'Arctique est estimé à 21 milliards de dollars. (Crédits : STRINGER)

Coup de froid sur Arctic LNG 2, le projet russe de gaz naturel liquéfié (GNL). Les actionnaires étrangers ont suspendu leur participation en raison des sanctions contre Moscou, imposées le mois dernier par les Etats-Unis. Ils renoncent ainsi à leurs responsabilités en matière de financement et d'exécution des contrats d'enlèvement de GNL, a rapporté le quotidien russe Kommersant, ce lundi.

Ce sont, les majors étatiques chinoises CNOOC et China National Petroleum Corp (CNPC), le français TotalEnergies ainsi qu'un consortium composé des sociétés japonaises Mitsui and Co et JOGMEC - avec chacun une participation de 10% - qui ont alors déclaré un cas de force majeure concernant leur participation au projet, a rapporté Kommersant, citant des sources au sein du gouvernement russe. L'entreprise japonaise Mitsui a même décidé de retirer ses employés, a écrit ce mardi le quotidien nippon Sankei. L'autre entreprise japonaise, JOGMEC, devrait quant à elle conserver ses parts.

Le français TotalEnergies, qui fait partie du projet depuis ses débuts avait déjà annoncé en 2022, après le début de l'offensive russe en Ukraine, arrêter son financement d'Arctic LNG 2. En septembre, il a aussi décidé de ne plus comptabiliser dans ses résultats la participation de 19,4% qu'il détient dans le géant du gaz Novatek, son partenaire historique dans le pays.

Selon le quotidien, la suspension de la participation pourrait alors conduire Arctic LNG 2 à perdre ses contrats à long terme sur l'approvisionnement en GNL, tandis que Novatek, le plus grand producteur russe de GNL à la tête du projet avec une participation à 60%, devra financer le projet par ses propres moyens et vendre le gaz sur le marché au comptant. Et alors que le projet a déjà rencontré des difficultés pour lever des fonds à la suite des sanctions occidentales contre la Russie, l'Union européenne pourrait également imposer des restrictions sur les livraisons de GNL du pays.

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Retard de production

Des sanctions qui ont également conduit Novatek, le plus grand producteur russe de GNL à la tête du projet - avec une participation à 60% -, à envoyer des notifications de force majeure à certains de ses clients concernant les futurs approvisionnements en GNL d'Arctic LNG 2, ont déclaré des sources industrielles à Reuters la semaine dernière. Pour rappel, un cas de force majeure peut être déclaré lorsqu'un fournisseur n'est pas en mesure de livrer ses clients en raison de circonstances indépendantes de sa volonté. Dans ce cas, il doit en informer l'autre partie et lui fournir une explication.

La production devait d'ores-et-déjà démarrer avant la fin de cette année ou début 2024, et les premiers méthaniers prendre la mer au premier trimestre de la même année, avait dit Novatek. Des sources industrielles affirment désormais que les livraisons commerciales de GNL sont attendues au plus tôt au deuxième trimestre 2024.

Un projet à 21 milliards de dollars

Inauguré en juillet par Vladimir Poutine, ce gigantesque projet de gaz naturel liquéfié (GNL) dans l'Arctique est estimé à 21 milliards de dollars. Il est situé dans la péninsule de Gydan, à une trentaine de kilomètres d'une première usine géante de GNL dans la péninsule de Yamal, entrée en service en 2017. Il est prévu que le projet atteigne une capacité de production de 19,8 millions de tonnes de GNL par an grâce à trois lignes de production, en puisant dans le riche gisement de gaz d'Utrenneye à proximité.

Ce projet est alors un élément clé de la stratégie de la Russie sur le marché mondial du GNL où elle veut augmenter sa part de marché de 8% à 20% d'ici 2030. Il est même l'un des projets stratégiques pour l'exploitation prévue par la Russie de la « route maritime du nord » reliant l'Asie à l'Europe. Moscou espère que cette voie de l'Arctique, rendue praticable grâce au réchauffement climatique et la fonte des glaces, soit en mesure à l'avenir de concurrencer le canal de Suez pour le commerce des hydrocarbures.

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Technip Energies dans la tourmente après des révélations sur un projet gazier en Russie

Mi-octobre, Technip Energies, groupe français spécialisé dans l'ingénierie et le management de projets dans l'énergie, a, de son côté, plongé en Bourse après une enquête du Monde accusant le groupe d'avoir poursuivi ses activités dans le méga-projet gazier russe. Et ce, malgré les sanctions européennes déclenchées contre Moscou.

Le Monde indique avoir eu accès à des « données douanières, images satellites, documents internes et témoignages » suggérant « que le groupe français et plusieurs autres entreprises occidentales pourraient avoir contourné les sanctions internationales » pendant « quinze mois ».

 Technip Energies a alors expliqué que les activités visées par les sanctions ont été suspendues « au fur et à mesure » de leur entrée en application, « en particulier à la suite de la publication du 5e paquet de sanctions européennes le 8 avril 2022, effectives à partir de mai 2022 ». Elles interdisaient notamment l'exportation vers la Russie de biens de haute technologie.

(Avec agences)

Commentaires 2
à écrit le 26/12/2023 à 15:58
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"ce projet stratégique estimé à 21 milliards de dollars" la Russie n'a pas les moyens 'autonomes' pour ce projet là ? Pourquoi faut-il des actionnaires ? La Chine va en acheter beaucoup, de gaz, pour consommer moins de charbon, mais nous, on va pass...

à écrit le 26/12/2023 à 15:24
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Bonjour, de nouveau développement gazier... bien sur, certains pays sont tres riche dans cette matière première. Maintenant la situation internationale reduits les capacité de développement de la russie... la route du nords espère pourvoir se d...

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