Grèce : Mitsotakis entame son second mandat, ces défis qui l'attendent

Au lendemain de sa victoire aux élections législatives en Grèce, le conservateur grec Kyriakos Mitsotakis entame son second mandat de Premier ministre. Si l'économie grecque a repris des couleurs durant le premier mandat de la droite, grâce à une envolée du tourisme, les Grecs continuent de souffrir de la cherté de la vie et de bas salaires. Kyriakos Mitsotakis a ainsi promis que « des réformes majeures avanceront rapidement ». Il avait notamment évoqué ses promesses de hausse des salaires.
Dimanche soir, Kyriakos Mitsotakis a remporté les élections législatives avec une écrasante majorité.
Dimanche soir, Kyriakos Mitsotakis a remporté les élections législatives avec une écrasante majorité. (Crédits : LOUIZA VRADI)

[Article publié le lundi 26 juin 2023 à 11h22 et mis à jour à 17h06] Kyriakos Mitsotakis a été réélu. Le dirigeant de Nouvelle-Démocratie (ND), qui a dû abandonner son fauteuil de Premier ministre durant quelques semaines, a prêté serment en milieu de journée pour un second mandat de quatre ans, en présence de la présidente de la République hellénique Katerina Sakellaropoulou et de l'archevêque de l'Eglise orthodoxe Iéronymos. Dimanche, son parti a réuni 40,55% des suffrages à l'issue du second scrutin en cinq semaines. Il décroche ainsi la majorité absolue au Parlement, soit 158 sièges sur 300. Une des meilleures performances de la droite depuis le rétablissement de la démocratie en 1974. Quatre ans auparavant, elle avait réuni 39,85% des suffrages.

Le nouveau gouvernement désigné dans la foulée ne compte que quatre femmes, dont l'une à l'Intérieur, malgré les promesses de campagne de Kyriakos Mitsotakis d'en nommer davantage dans son équipe. La diplomatie a été confiée à Giorgos Gerapetritis, qui avait été nommé ministre des Transports après la démission de son prédécesseur le jour de la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts en février.

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Face à la ND, l'opposition de gauche incarnée par l'ancien Premier ministre, Alexis Tsipras (2015-2019), essuie une nouvelle débâcle. Syriza ne recueille que 17,84% des suffrages et ne comptera dans la nouvelle chambre que 48 députés.

« C'était une bataille difficile (...). Le résultat est évidemment négatif pour nous », a admis le pugnace quadragénaire reconnaissant que « un grand cycle historique s'est achevé » pour son parti.

Il a évoqué la nécessité de grands changements dans son parti et appelé ses membres à « nous juger », laissant augurer de prochaines élections au sein de Syriza. Pour de nombreux analystes, ses jours à la tête du parti apparaissent désormais comptés. Après ce revers cinglant, il avait reconnu avoir songé à démissionner.

L'extrême droite fait son retour au Parlement

Dix jours après le naufrage meurtrier d'une embarcation surchargée de migrants au large de la Grèce, trois petits partis nationalistes et anti-migrants ont, par ailleurs, fait leur entrée au parlement. A eux trois, ils ont réuni près de 13% des suffrages. Parmi eux, les « Spartiates » ont créé la surprise avec 4,64% des voix et 12 députés élus. Ce parti, inconnu il y a peu, est soutenu par un ancien cadre de la formation néo-nazie Aube dorée, Ilias Kassidiaris.

Cet homme, antisémite et révisionniste, purge actuellement une lourde peine de prison. Il avait été de ce fait empêché par la Cour suprême de se présenter aux élections. Les dirigeants et cadres d'Aube dorée, qui avait élu pour la première fois des députés en 2012 au pic de la crise grecque, ont été condamnés à de lourdes peines de prison pour assassinats et violences contre migrants et sympathisants de gauche.

Ces législatives marquent un pari réussi pour Kyriakos Mitsotakis donc, qui avait réclamé de nouvelles élections pour s'assurer une majorité absolue, malgré une première victoire lors des élections législatives du 21 mai. Devant ses troupes en liesse à Athènes dimanche soir, le dirigeant de 55 ans a assuré disposer d'un « mandat fort » qui lui permettra d'accélérer « les grands changements » dont la Grèce a besoin. « Sans adversaire, domination absolue de Mitsotakis », titrait lundi le quotidien du centre Ta Néa, alors que certains analystes s'inquiètent de la toute-puissance de la droite au Parlement face à une opposition de gauche très affaiblie.

« Un bon signe pour toute l'Europe »

Avec cette large victoire, le dirigeant grec, issu d'une longue lignée de responsables politiques, peut désormais revendiquer un rôle majeur au sein de la droite européenne emmenée par l'Allemand Manfred Weber, patron du Parti populaire européen (PPE), dont il est un proche. « La Nouvelle-Démocratie est le parti du centre droit le plus fort en Europe ! », a-t-il d'ailleurs assuré dimanche soir.

Après cette victoire, le président américain Joe Biden a souhaité « la poursuite de leur étroite coopération (...) pour favoriser la sécurité régionale ». Le président français Emmanuel Macron a félicité « son ami et partenaire de la France », tandis que le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani a vu dans cette victoire « un bon signe pour toute l'Europe ».

Des objectifs ambitieux

Kyriakos Mitsotakis a promis que « des réformes majeures avanceront rapidement ». Il a notamment évoqué ses promesses de hausse des salaires et d'embauches massives de personnel médical et de médecins dans les hôpitaux publics. Car si l'économie grecque a repris des couleurs durant le premier mandat de la droite, notamment grâce à une envolée du tourisme, les Grecs continuent de souffrir de la cherté de la vie et de bas salaires.

« Nous entamons un travail dur pour de grandes réformes, a-t-il souligné après avoir été reçu par la cheffe de l'Etat. Je me suis engagé à mettre en œuvre des changements (...) majeurs au cours de ce deuxième mandat de quatre ans (...). Nous disposons d'une confortable majorité parlementaire pour le faire ».

Ces réformes s'inscrivent dans la continuité de son précédent mandat. En 2019 déjà, il mettait en exergue « la reprise robuste » de l'économie après la débâcle des années de crise et de plans de sauvetage aux conditions drastiques.

Responsable à poignes sur les questions de sécurité, il avait renforcé la police, passé de gros contrats d'armement, en particulier avec la France, et étendu le mur métallique le long de la frontière avec la Turquie pour lutter contre ce qu'il qualifie d'« invasion » de migrants. Malgré cela, son mandat a par ailleurs été entaché par un scandale d'écoutes téléphoniques illégales de journalistes et d'adversaires politiques.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 26/06/2023 à 11:42
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"Il avait notamment évoqué ses promesses de hausse des salaires et d'embauches massives de personnel médical et de médecins dans les hôpitaux publics. " La droite retrouverait elle enfin semblant de dignité ? On va attendre quand même un peu avant de...

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