Indonésie : coup d’envoi du plan de décarbonation de 20 milliards de dollars

L'Indonésie a lancé ce mardi un plan d'investissements. Objectif, attirer les 20 milliards de dollars promis par les pays occidentaux dans le cadre d'un pacte de transition vers les énergies renouvelables (JETP). Au programme, sortir du charbon, développer le renouvelable et les matériaux importants pour la transition énergétique. Mais les premières critiques se font déjà entendre.
Le pays tente de se positionner comme un acteur clé sur le marché des véhicules électriques, et ce, grâce à sa position de premier producteur mondial de nickel, minerai essentiel pour la fabrication des batteries.
Le pays tente de se positionner comme un acteur clé sur le marché des véhicules électriques, et ce, grâce à sa position de premier producteur mondial de nickel, minerai essentiel pour la fabrication des batteries. (Crédits : Reuters)

Les annonces en faveur de la lutte contre le changement pleuvent à moins de deux semaines du début de la réunion de la COP28 à Dubaï. Ce mardi, l'Indonésie a annoncé démarrer son programme pour atteindre le zéro émission nette dans le secteur de l'électricité d'ici 2050 prévu dans le cadre du Partenariat pour une transition énergétique juste (JETP).

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Cet accord JETP a été conclu en 2022 entre l'Indonésie, les Etats-Unis, le Japon, le Canada et six pays européens qui ont promis un financement de 20 milliards de dollars (18,2 milliards d'euros) pour permettre à l'archipel, l'un des principaux exportateurs de charbon et producteur d'électricité au monde à partir de la houille, de sortir de sa dépendance au charbon.

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Décarboner le secteur de l'énergie

Dans le détail, la première économie d'Asie du Sud-Est prévoit de réduire les émissions de carbone de son secteur électrique à 250 millions de tonnes d'ici 2030.

Le plan du JETP « fournit une feuille de route stratégique pour une transition énergétique ambitieuse en Indonésie », a déclaré à Jakarta le ministre par intérim de la Marine et des Investissements, Erick Thohir.

Le pays veut notamment augmenter la part des énergies renouvelables dans sa production électrique à 44%, contre un objectif initial de 34%. Pour ce faire, l'Indonésie aurait besoin de 97,3 milliards de dollars d'investissement (soit 88,8 milliards d'euros), soit presque cinq fois plus que promis dans l'accord JETP. Confrontée à des problèmes de pollution atmosphérique, elle s'est engagée à ne pas construire de nouvelles centrales électriques au charbon à partir de 2023.

En septembre déjà, face à une forte pollution dans la capitale, des mesures avaient été prises pour tenter d'assainir l'air. Et notamment, afin de réduire l'activité de l'une des centrales à charbon, située sur la côte ouest de la grande île de Java, à une centaine de kilomètres de Jakarata.

« Depuis le 29 août, l'opérateur PLN IP (Indonesia Power) a réduit de 1.600 mégawatts la production de sa centrale à charbon de Suralaya (...) pour contribuer à améliorer la qualité de l'air à Jakarta », avait indiqué à l'AFP Irwan Edi Syahputra Lubis, directeur général de l'énergéticien.

La centrale produit désormais 1.800 mégawatts, avait précisé ce responsable. Il n'avait toutefois pas précisé si cette réduction de production était temporaire ou définitive, soulignant que l'opérateur suivait les directives du gouvernement. Et pour cause, un rapport publié début septembre par le groupe de réflexion dédié au climat et à l'énergie, Ember, révèle que les émissions de CO2 liées au charbon par habitant ont grimpé de 56% en Indonésie entre 2015 et 2022.

Dans le même temps, le pays tente de se positionner comme un acteur clé sur le marché des véhicules électriques, et ce, grâce à sa position de premier producteur mondial de nickel, minerai essentiel pour la fabrication des batteries. Sauf que certains parcs industriels, qui abritent des fonderies de nickel particulièrement énergivores, sont alimentés au charbon.

Un plan de financement déjà critiqué

Le plan du JETP s'inspire d'un modèle testé pour la première fois en Afrique du Sud, puis annoncé pour le Vietnam et le Sénégal, dans lequel les pays riches s'engagent à aider financièrement la transition énergétique des pays en développement.

Mais, alors même que le lancement du programme ne fait à peine que commencer, les critiques sont déjà là. Jakarta remet, la combinaison de financement proposée dans le cadre de cet accord en cause. L'exécutif indonésien craint de se voir proposer principalement des prêts au taux du marché qui alourdiraient sa dette.

De leur côté, des ONG environnementales critiquent l'opacité du gouvernement indonésien puisque les nouveaux chiffres fournis par Jakarta dans le document publiés début novembre ne tiennent pas compte d'un certain nombre de nouvelles centrales à charbon dites « captives » qui alimentent directement les usines par le réseau électrique.

(Avec AFP)

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