Plusieurs pays riches apportent 20 milliards de dollars à l’Indonésie pour l'aider à sortir du charbon

Dans le cadre d'un « partenariat pour une transition énergétique juste », l'Indonésie, troisième producteur mondial de charbon et premier exportateur, va bénéficier d'un financement de 20 milliards de dollars apportés par une coalition de pays riches. C'est la deuxième fois que ce mécanisme est mis en place. Le premier pays à en avoir bénéficié est l'Afrique du Sud. D'autres pays sont candidats, comme le Sénégal, le Vietnam et l'Inde. Des discussions sont en cours à la COP27.
Juliette Raynal
Un camion dans une mine de charbon, en Indonésie.
Un camion dans une mine de charbon, en Indonésie. (Crédits : Unsplash License)

L'Indonésie vient de décrocher un financement de 20 milliards de dollars auprès de pays riches et d'institutions financières pour réduire sa dépendance au charbon et arriver 10 ans plus tôt que prévu à la neutralité carbone, soit en 2050. L'Allemagne, la France, l'Italie, le Royaume-Uni, la Norvège, le Japon, le Canada et les Etats-Unis participent à ce financement.

Sur cette enveloppe de 20 milliards de dollars, « 10 milliards de dollars proviendront de financements publics et 10 milliards de dollars de financements privés », détaille-t-on au sein de la délégation française pour le climat. Cette annonce a été officialisée dans le cadre du sommet du G20 qui se tient justement à Bali, en Indonésie, ces 15 et 16 novembre, en parallèle de la 27ème conférence mondiale pour le Climat (COP27) à Charm el-Cheikh, en Egypte.

L'Indonésie, premier exportateur mondial de charbon et troisième producteur

« C'est une annonce très importante car l'Indonésie est le troisième producteur de charbon au monde. Et elle s'engage, en contrepartie, à réduire significativement ses émissions », précise-t-on encore au sein de la délégation française.

Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), l'Indonésie se classait en 2020 au troisième rang mondial des producteurs de charbon avec 564 millions de tonnes, soit 7,4 % de la production mondiale, et au premier rang des exportateurs de charbon avec 396 millions de tonnes, soit 32,7% des exportations mondiales.

L'Indonésie, quatrième pays le plus peuplé au monde, est aussi le sixième plus grand consommateur de charbon. Il représente ainsi 2,2% de la consommation mondiale, selon les données du BP statistical review of world energy, de juillet 2021. Près de 60% de sa production électrique repose sur cette roche noire, particulièrement émettrice de CO2, qui est le principal gaz responsable du réchauffement climatique.

« Un signal très fort »

Le gouvernement indonésien aurait d'ores et déjà identifié plusieurs centrales à charbon pouvant être fermées représentant une puissance totale de 15 gigawatts (GW). Selon la ministre indonésienne des Finances Sri Muliani Indrawati, ce mécanisme constitue « une étape extraordinaire » envoyant « un signal très fort pas seulement dans le Pacifique mais dans le monde entier ».

« L'Indonésie abrite près de 300 millions d'habitants dont des dizaines de millions sont exposés aux catastrophes naturelles dues au changement climatique, surtout ceux qui vivent dans des régions à faible altitude », dans cet archipel de 17.000 îles, a-t-elle souligné. Elle a dit espérer que son pays puisse ainsi « accélérer la transition vers les énergies renouvelables », en anticipant la fermeture de centrales à charbon, tout en reconnaissant que ce n'était « pas facile », notamment en raison des coûts.

Une première expérimentation en Afrique du Sud

Ce financement s'inscrit dans le cadre d'un « partenariat pour une transition énergétique juste », (ou Just Energy Transition Partnership en anglais - JETP). Il s'agit d'un partenariat entre un pays en développement et une coalition de pays riches.

C'est la deuxième fois que ce mécanisme est mis en place. Le premier a vu le jour l'année dernière à l'occasion de la COP26 de Glasgow autour de l'Afrique du Sud. Présenté comme « l'un des succès de Glasgow », ce partenariat s'était traduit par un financement de 8,5 milliards de dollars de la France, du Royaume-Uni, de l'Allemagne, des Etats-Unis et de l'Union européenne.

Objectif : aider l'Afrique du Sud à sortir du charbon et à honorer ses engagements climatiques, tout en s'assurant que la transition s'accompagne d'une reconversion pour les travailleurs de l'industrie du charbon et du développement de capacités dans les renouvelables. L'Afrique du Sud est apparue comme le terrain d'expérimentation idéal pour ce nouveau mécanisme. Son économie est, en effet, très dépendante au charbon, qui représente 80 % de sa production d'électricité et emploie 100 000 personnes.

Le Vietnam, le Sénégal et l'Inde candidats

Toutefois, selon Thibaud Voïta, chercheur associé au Centre énergie et climat de l'Institut français des relations internationales (Ifri), le programme en Afrique du Sud accuse un certain retard. Par ailleurs, de nombreux observateurs s'inquiètent de l'endettement du pays alors qu'une grande majorité de l'enveloppe des 8,5 milliards de dollars sera octroyée sous forme de prêts à taux préférentiel et non de dons.

Des discussions sont actuellement en cours à la COP27 pour répliquer ce modèle au Vietnam et au Sénégal. Mais elles ne devraient « probablement pas » aboutir à l'issue de cette COP, selon les informations de la délégation française pour le climat. « Des discussions sont également en cours autour de l'Inde, mais rien à avancer de manière très significative », ajoute-t-on.

(Avec AFP)

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Juliette Raynal

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