L'Iran défie à nouveau les États-Unis en s'emparant d'un pétrolier allié dans le détroit d'Ormuz

Après le lancement hier de la production d'uranium enrichi à 20%, la saisie aujourd'hui d'un pétrolier battant pavillon sud-coréen dans le détroit d'Ormuz (par lequel transite un cinquième de la production mondiale de pétrole) donne du poids à la thèse américaine selon laquelle l'Iran engage un nouveau bras de fer avec la communauté internationale pour desserrer l'étau des sanctions. Mais Séoul cherche aussi à récupérer 7 milliards de dollars de fonds bloqués en Corée du Sud.
Cette image (fournie à Reuters par l'agence WANA [West Asia News Agency] basée à Téhéran) est censée montrer la saisie du pétrolier sud-coréen Hankuk Chemi dans le détroit d'Ormuz par plusieurs navires des Gardiens de la révolution iraniens.
Cette image (fournie à Reuters par l'agence WANA [West Asia News Agency] basée à Téhéran) est censée montrer la saisie du pétrolier sud-coréen "Hankuk Chemi" dans le détroit d'Ormuz par plusieurs navires des Gardiens de la révolution iraniens. (Crédits : WANA NEWS AGENCY)

L'Iran a annoncé la saisie lundi par ses Gardiens de la révolution d'un pétrolier battant pavillon sud-coréen dans les eaux du Golfe, pour avoir enfreint "les lois sur l'environnement marin", dans un contexte de regain de tensions avec les États-Unis.

Séoul a réclamé la libération du Hankuk Chemi et de ses 20 membres d'équipage et a déployé une unité navale anti-piraterie dans la région stratégique du Golfe.

"Ce pétrolier était parti du port d'Al-Jubail en Arabie saoudite et a été saisi pour violation répétée des lois sur l'environnement marin", a indiqué le site internet Sepahnews, des Gardiens de la Révolution - armée idéologique du régime -, précisant qu'il transportait 7.200 tonnes de produits chimiques pétroliers.

Une photo publiée par ce site semble montrer trois vedettes et une patrouille approchant le pétrolier.

Sens du timing

Cette saisie intervient alors que, selon le ministère iranien des Affaires étrangères, le vice-ministre sud-coréen des Affaires étrangères est attendu prochainement à Téhéran. Téhéran cherche à débloquer des fonds gelés par Séoul en raison des sanctions américaines.

Elle survient aussi après la commémoration par l'Iran dimanche du premier anniversaire de l'assassinat par les Etats-Unis de son général Qassem Soleimani, dans une attaque de drone à Bagdad.

Lire aussi : L'Iran crie vengeance après la mort du général iranien Soleimani tué par les États-Unis en Irak

C'est également quelques heures après l'annonce que le porte-avions USS Nimitz allait rester dans le Golfe au lieu de rentrer aux États-Unis, en raison de "menaces" iraniennes visant le président sortant Donald Trump et d'autres hauts responsables américains.

Lire aussi : L'Iran admet avoir abattu par erreur l'avion d'Ukraine Airlines

Les Gardiens de la révolution... et de l'environnement

Selon un communiqué du porte-parole du ministère des Affaires étrangères Saïd Khatibzadeh, la saisie du pétrolier constitue une "question purement technique et due à la pollution de la mer" qui est intervenue "dans le cadre de la loi".

Selon les Gardiens, les membres d'équipage sont de nationalité sud-coréenne, indonésienne, vietnamienne et birmane.

Cette saisie est intervenue à la demande de l'autorité maritime de la province d'Hormozgan et sur ordre du procureur de la province, ajoute le site des Gardiens.

D'après Sepahnews, il est désormais ancré dans le port iranien de Bandar Abbas (province d'Hormozgan) et l'"affaire est aux mains de la justice".

Le directeur adjoint de l'autorité maritime d'Hormozgan a précisé à l'agence Tasnim que le pétrolier avait "causé une pollution importante dans la mer à 11 milles de (l'île de) la Grande Tomb", et qu'il avait poursuivi son chemin malgré des mises en garde des patrouilles des Gardiens avant sa saisie.

Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a "exigé que le navire soit relâché rapidement", ajoutant avoir eu confirmation que l'équipage était sain et sauf.

À Washington, un porte-parole du Département d'État a estimé que la saisie du navire faisait partie "d'une claire tentative d'extorsion sur la communauté internationale dans le but d'alléger la pression des sanctions". "Nous nous joignons à l'appel de la République de Corée pour que l'Iran libère immédiatement le pétrolier", a ajouté le porte-parole.

Déblocage de 7 milliards de dollars de fonds gelés à Séoul

Peu avant l'annonce de la saisie, M. Khatibzadeh avait déclaré que le vice-ministre sud-coréen des Affaires étrangères était attendu à Téhéran "dans les prochains jours".

Il a déploré la "lenteur" du processus de déblocage de revenus pétroliers de la République islamique gelés par Séoul.

Selon le gouverneur de la Banque centrale Abdolnasser Hemmati, l'Iran a "7 milliards de dollars déposés en Corée du Sud" qui ne peuvent "être transférés et qui ne nous rapportent rien, alors qu'ils nous réclament" des frais de tenue de compte.

La saisie du "Hankuk Chemi" est la première menée par la marine iranienne depuis plus d'un an.

Message à l'attention du remplaçant de Trump

Les Gardiens ont saisi en juillet 2019 le pétrolier Stena Impero battant pavillon britannique dans le détroit d'Ormuz, par lequel transite un cinquième de la production mondiale de pétrole, avant de le relâcher deux mois plus tard.

Ils ont saisi au moins six autres navires cette année-là. Washington a aussi imputé à Téhéran des attaques et des sabotages contre des pétroliers dans le Golfe.

Ce regain de tensions survient à l'approche du départ de la Maison Blanche de Donald Trump, qui mène une politique de "pression maximale" sur Téhéran.

L'Iran a lancé lundi la production d'uranium enrichi à 20%

Dans ce contexte, l'Iran a annoncé avoir enclenché lundi le processus de production d'uranium enrichi à 20%, sa principale mesure de désengagement de l'accord nucléaire international de 2015 dénoncé unilatéralement en 2018 par Washington.

Lire aussi : L'Iran a repris le processus pour enrichir de l'uranium à 20%

Téhéran prévoit aussi des grandes manœuvres mardi et mercredi, une opération "conjointe et à grande échelle" d'entraînement avec des centaines de drones impliquant plusieurs branches des forces armées.

Commentaires 9
à écrit le 05/01/2021 à 22:10
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Vous êtes ridicules avec cet article ! D’ailleurs Séoul n’a pas 7 milliards bloqués en Corée du Sud !!! Chercher l’erreur ... Quand au fond du sujet , l’Iran a bien raison de se comporter ainsi face aux voyous qui sont les américains et leurs larb...

le 06/01/2021 à 9:22
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Que de naïveté.

à écrit le 05/01/2021 à 17:59
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On ne négocie pas avec des terroristes! La Corée du sud devrait s'occuper des diplomates iraniens inutiles sur son territoire... Par ailleurs, il serait grand temps pour Donald Trump de relocaliser les troupes américaines hors d'Irak et d'Afgha...

à écrit le 05/01/2021 à 15:20
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Titre legerement alarmiste, ils ont quand même pas fait un raimbow warrior, et si il y a une justification c'est moins pire que le petrolier iranien arraisonné (piraté) par les anglais a la demande des usa a gibraltar

à écrit le 05/01/2021 à 14:55
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Contre un état voyou, il ne peut pas y avoir de discussions tant qu'il ne change pas d'attitude ; Fin des discussions commerciale, gel des avoirs, fin des déplacements de personnes... Les sociétés démocratiques occidentales ont abandonnés leur pouvoi...

le 06/01/2021 à 8:35
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Iran est un grand pays pacifiste très cultivé courageux une longue histoire patrimoine mondial

le 06/01/2021 à 8:37
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Iran est un grand pays pacifiste très cultivé courageux une longue histoire patrimoine mondial dune immenses culture millénaire et encorne existante à ce jour

le 06/01/2021 à 8:49
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oui ces bon ont connais depuis longtemps ce l'engage vous avez pas une autre histoire a nous raconter svp

à écrit le 05/01/2021 à 13:28
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La France va bien militairement intervenir comme au Sahel, non!

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