La politique économique de Trump inquiète les gouverneurs américains

Les groupes de pression américains en faveur du libre-échange profitent du protectionnisme exacerbé défendu par Donald Trump pour inciter les élus locaux à s'engager en faveur des investisseurs étrangers.
Grégoire Normand
Les incertitudes liées à la politique économique de Donald Trump inquiètent également les chefs d'entreprise à l'étranger.

Le programme économique de Donald Trump basé sur le slogan "America First" inquiète les élus locaux. Des gouverneurs et maires américains multiplient les actions pour rassurer les entreprises étrangères et les encourager à investir outre-Atlantique. Plusieurs élus républicains ont notamment répondu à l'appel de l'Organisation for International Investment (OFII), un groupe de pression composé d'entreprises étrangères exerçant aux États-Unis, pour soutenir les investissements étrangers.

"Fournir des certitudes au monde des affaires"

Le président de l'OFFII a ainsi expliqué au Financial Times que "gouverneurs sont en train de réaliser qu'ils ont besoin d'intervenir et fournir des certitudes au monde des affaires [...] La rhétorique antimondialisation est problématique pour les entreprises essayant de comprendre où leurs investissements sont vraiment les bienvenus". Et plusieurs gouverneurs ont ainsi décidé de s'engager pour rassurer les entreprises étrangères à l'image de Chris Sununu, gouverneur républicain du Hampshire. "Je comprends les gens à l'extérieur des États-Unis qui ont des incompréhensions sur ce que 'Buy American' veut dire. Mais ce n'est pas une attaque contre les gens à l'extérieur des États-Unis. C'est juste un rappel pour dire ce que nous faisons ici aux États-Unis".

Chris Sununu est ainsi le premier gouverneur à signer l'appel intitulé "Open for investment" visant à rassurer les investisseurs étrangers. Selon le quotidien financier britannique, l'élu a passé un temps considérable à approcher des entreprises étrangères pour les convaincre d'investir dans son État. Et depuis d'autres gouverneurs américains ont également signé ce document.

Le 18 juillet dernier, le gouverneur de l'Arkansas Asa Hutchinson, s'est également montré favorable à ce type d'action. Dans une déclaration officielle, l'élu a indiqué que "l'Arkansas réaffirmait sa détermination à assurer un environnement favorable pour l'investissement provenant de firmes étrangères [...] L'État veut attirer et retenir les meilleures compagnies et les industries les plus avancées provenant du monde entier."

Des investissements étrangers en hausse

Malgré les inquiétudes des élus locaux américains, les derniers chiffres de l'OFII indiquent que les entreprises étrangères ont continué à investir depuis l'arrivée officielle de Donald Trump à la Maison-Blanche au mois de janvier dernier. Le montant total des sommes investies s'est élevé à 83,6 milliards de dollars au cours du premier trimestre 2017 en forte hausse par rapport au dernier trimestre 2016 (+62%). En revanche, le montant des investissements au cours du premier trimestre de cette année est bien inférieur aux montants recensés sur la même période en 2015 (248,5 milliards de dollars) ou en 2016 (145,6 milliards de dollars).

S'il est encore tôt pour évaluer les conséquences de la politique économique de M.Trump sur le montant des investissements étrangers aux États-Unis, les premiers indicateurs ne révèlent pas de ralentissement significatif. Plusieurs indices indiquent néanmoins que les chiffres pourraient être moins favorables dans les trimestres à suivre.

L'inquiétude des chefs d'entreprise américains monte

Selon une enquête d'opinion menée en mai et juin dernier par l'organisation, 40% des entreprises interrogées basées à l'étranger ont déclaré que le climat des affaires s'est détérioré aux États-Unis. En 2014, elles n'étaient que 17%. Face à cette baisse importante, le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a tenté de rassurer au mois de juin dernier les entrepreneurs. Dans un discours prononcé le 20 juin dernier, il a affirmé que "les États-Unis étaient l'un des pays les plus ouverts au monde pour les investissements étrangers et veulent rester un pays leader pour recevoir les investissements internationaux [...] Nous allons baisser la fiscalité sur les sociétés [...] La réforme fiscale sera la meilleure des invitations pour faire des affaires et augmenter son activité ici aux États-Unis". Malgré ces efforts pour tenter d'améliorer la confiance des entrepreneurs, le pari est loin d'être gagné au vu des incertitudes qui règnent sur l'application des réformes budgétaires notamment.

Dégradation des relations avec le patronat

Depuis plusieurs mois les relations entre plusieurs chefs d'entreprise et le président américain se sont détériorées. Après l'annonce de Trump concernant le retrait des États-Unis de l'accord de Paris au mois de juin dernier, de nombreux acteurs du monde politique et économique américain ont uni leur force dans une lettre ouverte pour déclarer qu'ils "supporteront l'action pour le climat à travers l'Accord de Paris" :

"Ensemble, tous ces élus et ces dirigeants vont envoyer un signal fort à la communauté internationale et aux autres 194 pays signataires pour continuer à tenir les engagements des États-Unis en faveur des actions pour lutter contre le changement climatique malgré l'absence de soutien au niveau fédéral".

 > Lire aussi : Climat : les patrons américains déçus par la décision de Donald Trump

Plus récemment, plusieurs chefs d'entreprise ont exprimé leur désaccord à la suite des propos ambigus de M.Trump après les manifestations xénophobes de Charlottesville. Quelques jours après, le chef d'État a dissous deux cénacles de patrons censés le conseiller sur les futures grandes orientations économiques du pays. En donnant une image négative, la dégradation des relations entre les cercles patronaux et l'exécutif américain pourrait ainsi nuire aux volontés d'investir des entreprises étrangères.

>Lire aussi : La vague de démissions de PDG pousse Trump à dissoudre deux conseils économiques

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 25/08/2017 à 14:57
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Et encore un peu de "Trump bashing" ! Trump ne décide pas seul, il est entouré de conseillers. D'autre part, les gardes-fous sont nombreux dans le système américain et le président ne peut pas faire ce qu'il veut sans l'aval des instances concernées ...

à écrit le 25/08/2017 à 10:51
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Je ne comprends pas cet article. Que tout le monde investisse aux USA, n'est-ce pas ce que Trump veut? Je vois une faute de traduction "to support" se traduit par "soutenir", pas supporter.

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