Le canal de Panama victime de la sécheresse : pas de retour à la normale du trafic avant... 2025

En raison de la sécheresse, le trafic du canal de Panama a fortement été réduit. L'administrateur du canal espère néanmoins un retour à la normale d'ici 2025, misant sur le phénomène météorologique La Niña, qui se caractérise par une augmentation des précipitations. Cette diminution du nombre de bateaux transitant par cette voie représente un coup dur pour le commerce maritime mondial, qui fait face à de nombreuses crises.
L'Autorité du canal de Panama (ACP) a ainsi réduit le transit de 39 navires par jour à 27 actuellement.
L'Autorité du canal de Panama (ACP) a ainsi réduit le transit de 39 navires par jour à 27 actuellement. (Crédits : STRINGER)

Le trafic du canal de Panama va-t-il enfin revenir à la normale ? C'est en tout cas ce qu'espère l'administrateur du canal qui a déclaré mercredi tabler sur un retour « avant fin février 2025 ». Car, depuis 2023, le canal de Panama a été contraint de restreindre le passage quotidien des navires de transport de marchandises sur cette voie navigable qui relie l'Atlantique et le Pacifique.

L'Autorité du canal de Panama (ACP) a ainsi réduit le transit de 39 navires par jour à 27 actuellement. En conséquence, l'année dernière, 510 millions de tonnes de marchandises ont transité par la route panaméenne, soit huit millions de moins que l'année précédente. Le trafic a également diminué, passant de 13.003 navires à 12.638.

Un coup dur pour le commerce mondial, car cette route voit transiter pas moins de 6% du commerce maritime mondial. Long de 80 kilomètres, le canal offre, en effet, un accès direct entre la mer des Caraïbes et l'océan Pacifique, ce qui permet de contourner le continent sud-américain. Les principaux pays l'utilisant sont les Etats-Unis, la Chine et le Japon.

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Manque cruel d'eau

La raison de cette diminution ? Le manque de précipitations corrélé au phénomène climatique El Niño qui apporte un climat plus sec dans certaines régions du monde.

En effet, contrairement au canal de Suez qui utilise de l'eau salée, l'eau douce est ici indispensable pour déplacer les navires dans les écluses (jusqu'à 26 mètres au-dessus du niveau de la mer). Pour chaque bateau, il est donc nécessaire de déverser environ 200 millions de litres d'eau douce dans l'océan, que le canal puise d'un bassin hydrographique formé par les lacs Gatun et Alajuela.

Cependant, le niveau des lacs a atteint des seuils critiques en 2023, deuxième année la plus sèche de l'histoire du canal inauguré en 1914. A tel point que les restrictions ont fait exploser les délais pour le passage des bateaux, avec une file d'attente qui a atteint jusqu'à 163 navires en août. Le niveau de l'Alajuela est néanmoins remonté de 62 mètres en mai 2023, pire record de l'année, à 72 mètres aujourd'hui. Celui du Gatun est pratiquement inchangé, à 24 mètres. D'autant que ce dernier est l'une des principales sources pour alimenter les habitants de la capitale du pays.

Outre la réduction du trafic, le manque d'eau a également réduit le tirant d'eau des navires, ce qui a les a amenés à transporter moins de marchandises.

Une inversion espérée grâce à La Niña

Mais selon l'administrateur du canal, dans les prochaines semaines, le phénomène météorologique La Niña, qui se caractérise en Amérique centrale par une augmentation des précipitations, devrait remplacer celui d'El Niño, qui produit l'effet inverse.

« Les indications reçues font état d'une Niña modérée qui pourrait débuter en avril, et d'une plus grande probabilité que l'intensité de La Niña augmente aux mois de juillet et août », a déclaré Ricaurte Vasquez.

Pas de quoi crier victoire trop vite. L'administrateur doute cependant d'un effet immédiat sur le trafic, estimant que l'industrie maritime ne « puisse [pas] s'adapter aussi rapidement ».

Commerce international perturbé

Le Canal de Panama n'est pas le seul canal maritime à être perturbé. Depuis novembre 2023, le canal de Suez observe une baisse critique de sa fréquentation, en raison des attaques des Houthis en mer Rouge. Ces rebelles du Yémen s'en prennent à des navires commerciaux transitant dans la zone, qui ont des intérêts avec Israël. Ils disent ainsi agir en soutien aux Palestiniens de Gaza, en conflit avec Israël. Résultat, les bateaux évitent de plus en plus la zone et font désormais un détour par le Cap de Bonne-Espérance, en Afrique du Sud. Une route plus longue et plus coûteuse, qui a également des incidences sur les chaînes d'approvisionnement.

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Le volume commercial transitant par le Canal de Suez a ainsi diminué de 42% ces deux derniers mois, selon l'ONU. De quoi perturber un peu plus le commerce international, qui espérait un retour à la normale post-covid. L'Organisation mondiale du commerce (OMC) anticipait encore début octobre dernier, avant l'attaque du Hamas contre Israël, une croissance du commerce mondial de marchandises de 3,3% cette année. Elle est désormais « moins optimiste », a reconnu sa directrice générale Ngozi Okonjo-Iweala, évoquant notamment « l'aggravation des tensions géopolitiques, les perturbations qu'on voit en mer Rouge, sur le canal de Suez, le canal de Panama ».

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 21/03/2024 à 11:56
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Pas de panique 80% du transport maritime international concerne des biens de grande consommation superflus que les clients peuvent bien attendre quelques semaines de plus .

à écrit le 21/03/2024 à 10:36
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Quand je vois la quantité astronomique de flotte et de temps passé sous la flotte pour que nos nappes phréatiques et nos rivières et ruisseaux retrouvent un débit correct, pour alimenter cet immense canal ça va être très très long à Panama. Un effet ...

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