Le commerce mondial devrait reprendre des couleurs mais reste menacé par les guerres et le protectionnisme (OMC)

L'Organisation mondiale du commerce (OMC) a annoncé ce mercredi prévoir une reprise du commerce mondial qui devrait croître de 2,6% en 2024. Les échanges entre pays restent toutefois menacés par les conflits, les tensions géopolitiques et l'incertitude des politiques économiques.
« Nous progressons vers une reprise du commerce mondial, grâce à des chaînes d'approvisionnement résilientes et à un cadre commercial multilatéral solide », a commenté, ce mercredi, la directrice générale de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweala. (Photo d'illustration)
« Nous progressons vers une reprise du commerce mondial, grâce à des chaînes d'approvisionnement résilientes et à un cadre commercial multilatéral solide », a commenté, ce mercredi, la directrice générale de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweala. (Photo d'illustration) (Crédits : DENIS BALIBOUSE)

Sans surprise, 2024 devrait être mieux que 2023 pour l'économie selon l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Selon les prévisions annuelles de l'organisation, publiées ce mercredi, la croissance en volume (corrigée de l'inflation) du commerce mondial des marchandises devrait être de 2,6% en 2024 (contre une prévision de 3,3% en octobre) et de 3,3% en 2025, après avoir baissé de 1,2% l'an dernier, selon les prévisions annuelles de l'OMC.

« Nous progressons vers une reprise du commerce mondial, grâce à des chaînes d'approvisionnement résilientes et à un cadre commercial multilatéral solide », a commenté, ce mercredi, la directrice générale de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweala.

L'OMC ne fait pas de prévisions pour le commerce mondial des services, mais souligne tout de même qu'il a augmenté de 9% en 2023, et l'organisation s'attend à ce que les événements sportifs qui doivent avoir lieu en Europe durant l'été (Jeux Olympiques et Euro-2024) stimulent le tourisme et le transport de passagers.

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Le rapport estime en outre que la croissance du PIB mondial restera stable dans l'ensemble au cours des deux années à venir, devant atteindre 2,6% en 2024 et 2,7% en 2025. En février, le FMI avait annoncé, de son côté, s'attendre à une croissance mondiale de 3,1% pour 2024, contre 2,9% lors de son estimation précédente en octobre, et à une croissance très légèrement accélérée à 3,2% en 2025, sans changement cette fois par rapport à l'estimation précédente.

La guerre d'Israël contre le Hamas pèse sur le commerce mondial

Concernant la chute surprise du commerce mondial l'année dernière, alors qu'elle était attendue à +0,8% en octobre par l'OMC, l'organisation pointe les prix de l'énergie élevés et l'inflation comme principaux responsables. « La révision à la baisse est principalement due aux résultats moins bons que prévu de l'Europe », a expliqué l'économiste en chef de l'OMC, Ralph Ossa, dans un entretien à l'AFP. Les pressions inflationnistes devraient cependant s'atténuer cette année, permettant aux revenus réels de croître à nouveau - en particulier dans les économies avancées - ce qui stimulera la consommation de produits manufacturés, selon l'OMC qui note qu'une reprise est déjà manifeste.

Mais les tensions géopolitiques et l'incertitude des politiques économiques pourraient entraîner de fortes hausses des prix des produits alimentaires et de l'énergie, limitant l'ampleur de la reprise. Selon l'OMC, si l'impact économique des perturbations dans le canal de Suez qui découlent de la guerre à Gaza a été jusqu'ici relativement limité sur le commerce mondial, certains secteurs, comme ceux des produits de l'industrie automobile, des engrais et du commerce de détail, ont déjà été affectés par des retards et des hausses des coûts de fret.

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La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) avait averti fin janvier que le volume du trafic commercial passant par le canal de Suez avait chuté de plus de 40% au cours des deux mois précédents. Si les hostilités se propagent, « cela pourrait être plus problématique pour le monde dans son ensemble », a déploré Kristalina Georgieva. Selon le FMI, le transport maritime de conteneurs par la mer Rouge a chuté de près de 30% sur un an. Pour rappel, entre 12 et 15% du trafic mondial transite par cet axe, d'après des chiffres de l'Union européenne. Les attaques conduisent les armateurs à revoir leurs itinéraires, allongeant les délais, et renchérissant les coûts. « Il est impératif de limiter les risques comme les troubles géopolitiques et la fragmentation des échanges, pour maintenir la croissance économique et la stabilité », a prévenu, de son côté, ce mercredi, Ngozi Okonjo-Iweala.

Le protectionnisme nuisible à la croissance mondiale

L'OMC a aussi pointé du doigt le protectionnisme comme boulet à la cheville de la croissance mondiale. « Nous ne voyons absolument pas de démondialisation », mais il y a des signes de « fragmentation » du commerce mondial, a observé Ralph Ossa. Le commerce bilatéral entre les Etats-Unis et la Chine, qui avait atteint un niveau record en 2022, a enregistré en 2023 une croissance de 30% inférieure à celle des échanges de ces deux pays avec le reste du monde. Des signes de fragmentation apparaissent aussi dans le commerce des services : les importations des États-Unis concernant les services liés aux technologies de l'information et de la communication en provenance du Canada ont augmenté en 2023 tandis que celles provenant d'Asie (principalement d'Inde) ont baissé.

L'OMC met donc en garde contre les différentes velléités que peuvent avoir certains pays ou politiques d'accroître le protectionnisme, mais se refuse à citer des noms. « Nous nous trouvons clairement à un moment important de l'histoire de la mondialisation. Je pense que de nombreux gouvernements évaluent ou réévaluent peut-être leurs choix en matière de politique commerciale et, bien entendu, cela aura des conséquences sur la manière dont le commerce international évolue », a expliqué Ralph Ossa. Rien que « le fait de ne pas savoir comment certains de ces choix politiques sont faits et cette incertitude en matière de politique commerciale sont déjà en soi un frein au commerce international », a-t-il dit, pointant du doigt les dizaines d'élections qui ont lieu cette année dans le monde, y compris aux Etats-Unis.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 11/04/2024 à 8:37
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« Nous progressons vers une reprise du commerce mondial, grâce à des chaînes d'approvisionnement résilientes et à un cadre commercial multilatéral solide », Chatgpt devrait pouvoir remplacer sans problème la directrice de l'OMC ! Ca nous couterait be...

à écrit le 11/04/2024 à 0:45
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Reprise du commerce mondial, certes mais avec un minimum avec la Chine.

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