Italie : le gouvernement s'attend à une croissance morose et abaisse sa prévision à 1% pour 2024

Le gouvernement italien a abaissé ce mardi sa prévision de croissance pour l'année 2024, tablant sur 1% contre 1,2% précédemment. Fait inhabituel, il a renoncé à présenter des objectifs chiffrés reflétant sa future politique budgétaire, préférant attendre d'y voir plus clair sur les nouvelles règles du Pacte de stabilité au niveau européen.
Le gouvernement italien de l'actuelle Première ministre Giorgia Meloni compte par ailleurs ramener le déficit public à 4,3% du PIB en 2024 et à 3,7% en 2025, contre 7,2% en 2023.
Le gouvernement italien de l'actuelle Première ministre Giorgia Meloni compte par ailleurs ramener le déficit public à 4,3% du PIB en 2024 et à 3,7% en 2025, contre 7,2% en 2023. (Crédits : GUGLIELMO MANGIAPANE)

Comme attendu, le gouvernement italien a abaissé sa prévision de croissance pour 2024. Le ministre de l'Économie Giancarlo Giorgetti a annoncé tabler désormais sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 1% cette année et de 1,2% en 2025, contre respectivement 1,2% et 1,4% précédemment. Ces chiffres, qui sont à législation constante et ne tiennent pas compte de futures mesures gouvernementales, figurent dans la feuille de route économique pour les prochaines années adoptée en conseil des ministres ce mardi 9 avril.

Ces prévisions, jugées ambitieuses par les analystes, sont supérieures à celles de la Banque d'Italie, qui mise sur seulement 0,6% de croissance en 2024 et 1,1% en 2025. La Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI) prévoient, eux, 0,7%. Pour rappel, en 2023, le pays a enregistré une hausse de son PIB de 0,9%.

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Prudence de mise

Fait inhabituel, le gouvernement a renoncé à présenter des objectifs chiffrés reflétant sa future politique budgétaire. Il veut attendre d'y voir plus clair sur les nouvelles règles du Pacte de stabilité qui devraient entrer en vigueur en mai à l'échelle européenne. Pour rappel, conformément à ce dernier qui a été créé à la fin des années 1990, le déficit des États membres de l'UE ne doit pas dépasser 3% du PIB et la dette publique 60%. Jugé trop drastique, ce cadre n'a jamais vraiment été respecté et est jugé obsolète par plusieurs Etats membres. Si bien que le Parlement européen et les États membres ont trouvé un accord en février sur une réforme des règles budgétaires de l'UE, censée garantir le redressement des finances publiques tout en préservant les investissements.

Le ministre italien de l'֤Économie s'affiche néanmoins serein. Selon lui, l'économie italienne s'est révélée « plus résiliente » que d'autres. « Nous sommes optimistes et nous devons l'être », mais « le cadre général incite à la prudence », a-t-il reconnu.

L'économie italienne avait bien rebondi suite à la crise sanitaire du covid, mais elle reste marquée par une productivité en berne et le vieillissement de sa population. Pour stimuler sa croissance, le pays peut compter sur les fonds du plan de relance européen, dont elle est la première bénéficiaire avec 194,4 milliards d'euros prévus d'ici à 2026.

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Amélioration du déficit

Quant au déficit public, le gouvernement Meloni compte le ramener à 4,3% du PIB en 2024 et à 3,7% en 2025. Ce qui représenterait une nette amélioration par rapport aux 7,2% enregistrés en 2023, dépassant largement les prévisions du gouvernement qui avait visé 5,3%. Le ministre de l'Économie avait attribué ce dérapage à un dispositif d'incitations fiscales très généreux, censé rendre les habitations moins énergivores, qui avait été introduit par le gouvernement de Giuseppe Conte en 2020.

Quant à la dette publique, elle devrait légèrement remonter, à 137,8% du PIB en 2024 et 138,9% en 2025, après 137,3% en 2023. Cet indicateur avait bénéficié l'an dernier de l'inflation qui avait gonflé le PIB, ce qui baisse mécaniquement le ratio.

L'Italie ne devrait par conséquent pas échapper à une procédure pour déficit excessif cette année, comme a déjà prévenu Giancarlo Giorgetti la semaine dernière. « Il est prévisible que la Commission européenne recommande au Conseil d'ouvrir une procédure pour déficit excessif à l'encontre de l'Italie et de plusieurs autres pays », dont la France, a-t-il déclaré lors d'une audition au Parlement.

Cette procédure permet à la Commission européenne de mettre sous surveillance les pays dont les déficits dérapent. À ce sujet, l'Hexagone n'est pas en reste. Son déficit a atteint 5,5% du PIB en 2023, contre 4,9% attendus. Ce qui a obligé le gouvernement français à chercher comment réaliser de drastiques économies, chiffrées à 10 milliards d'euros en 2024 et 20 milliards en 2025. A contrario, celui de l'Espagne a baissé puisqu'il a été ramené l'an dernier à 3,7% du PIB. Un chiffre inférieur d'un point au taux de 2022, révisé à la baisse à 4,7% contre 4,8% jusqu'à présent. Il est, en outre, meilleur que l'objectif de 3,9% initialement fixé par le gouvernement espagnol.

(Avec AFP)

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