Le ministre allemand de l'Économie appelle à prendre le vélo et le train à Pâques pour « énerver Poutine »

Le ministre allemand de l'Économie et vice-chancelier, Robert Habeck, exhorte les Allemands à participer à l'effort du gouvernement pour faire des économies d'énergie et ainsi « énerver Poutine », puisqu'un tiers des importations de pétrole et 40% de celles de gaz du pays viennent de Russie. Vladimir Poutine de son côté anticipe déjà la baisse de ses exportations vers l'Europe et cherche à les réorienter vers le sud et l'est, notamment vers la Chine.
« Si pour Pâques on peut monter sur son vélo ou prendre le train, c'est bien aussi. Cela ménage le porte-monnaie et énerve Poutine », a déclaré lee ministre allemand de l'Économie et vice-chancelier, Robert Habeck.
« Si pour Pâques on peut monter sur son vélo ou prendre le train, c'est bien aussi. Cela ménage le porte-monnaie et énerve Poutine », a déclaré lee ministre allemand de l'Économie et vice-chancelier, Robert Habeck. (Crédits : DADO RUVIC)

Alors que l'Allemagne cherche à réduire sa dépendance au gaz russe - dont les importations sont déjà passées de 55% du total de ses importations de gaz avant le début de la guerre à 40% aujourd'hui - le gouvernement allemand appelle à la mobilisation de tous dans cet effort.

« Je prie chacun et chacune de contribuer dès maintenant aux économies d'énergie », a affirmé le ministre allemand de l'Économie et vice-chancelier, Robert Habeck, également détenteur du portefeuille du Climat, dans un entretien aux groupes de journaux Funke ce vendredi 15 avril.

« Si pour Pâques on peut monter sur son vélo ou prendre le train, c'est bien aussi. Cela ménage le porte-monnaie et énerve Poutine », a-t-il ajouté alors que le pays cherche tous les moyens pour réduire cette dépendance depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes. Selon Berlin, l'Allemagne pourra être « largement indépendante » du gaz russe « d'ici mi-2024 » comme l'avait annoncé Robert Habeck fin mars. Le pays redoute donc d'être contraint à un rationnement de l'approvisionnement en gaz du secteur industriel.

Ce sera par contre beaucoup plus tôt concernant le pétrole et le charbon russe. « D'ici le milieu de l'année, les importations de pétrole russe en Allemagne devraient avoir diminué de moitié. À la fin de l'année, nous visons une quasi-indépendance », avait déjà indiqué le ministère allemand de l'Économie, ajoutant que « d'ici l'automne, nous pouvons devenir globalement indépendants du charbon russe ».

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10% d'économie d'énergies à la clé

Le ministre allemand de l'Économie estime que, « en règle générale, on peut toujours économiser dix pour cent » d'énergie. « Il y a des mesures très simples qui, mises bout à bout, apportent beaucoup ».

Comme par exemple baisser la température ambiante de son logement de 1°C. « Cela représente environ six pour cent » d'économie, selon Robert Habeck. « C'est peut-être moins confortable, mais on n'a pas froid encore ». Et d'ajouter : « Si l'on chauffe son appartement et que l'on ferme les rideaux le soir, on économise jusqu'à cinq pour cent d'énergie ».

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Menace de récession sur l'Allemagne

La dépendance de l'Allemagne aux énergies fossiles russes fait planer l'ombre de la récession. Car de nombreuses voix portent l'idée d'un embargo européen sur les achats de pétrole et de gaz russe, le président ukrainien Volodymyr Zelensky en tête, pour affaiblir les moyens financiers de la Russie. Or, si l'Allemagne rompt ses approvisionnements, le pays basculerait dès l'an prochain dans la récession, d'après pas moins de cinq instituts de prévision économique allemands (DIW, IFO, IfW, IWH et RWI).

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Ce mercredi 13 avril, dans un premier scénario « central », qui prend en compte les conséquences de la guerre en Ukraine avec un conflit et des sanctions qui perdurent mais sans prendre en compte un arrêt des livraisons de gaz, les cinq instituts de prévision ont considérablement abaissé leurs prévisions de croissance pour 2022, désormais attendue à 2,7%, contre une estimation à 4,8% en octobre. Cela se traduit également dans un taux d'inflation attendu de 6,1% cette année. Et pour 2023, ils tablent sur un PIB remontant à 3,1%.

Dans un « scénario alternatif », les cinq organismes de prévisions ont calculé quelle serait l'évolution économique en cas d'arrêt des approvisionnements russes en gaz naturel et en pétrole à partir de la mi-avril - autant dire immédiatement. Dans ce cas, c'est une « récession brutale » en 2023 qui s'abattrait sur l'Allemagne : l'économie allemande pourrait reculer de 2,2% et l'inflation pourrait grimper à 7,3%, soit « la valeur la plus élevée depuis la fondation de la République fédérale ».

La chute du PIB serait notamment de 5% au deuxième trimestre de 2023, avant que l'économie ne se reprenne en fin d'année. Cette perte de PIB s'élèverait à 220 milliards d'euros pour 2022 et 2023, l'équivalent de 6,5% de la richesse annuelle.

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Poutine anticipe la baisse des achats européens

Reste que, si l'Allemagne et les Occidentaux veulent réduire leur dépendance aux importations russes, il en va de même pour la Russie qui veut aussi baisser sa dépendance aux exportations européennes. Vladimir Poutine a ainsi indiqué jeudi 14 avril chercher à réorienter son énergie. « On va partir du principe qu'à l'avenir les livraisons vers l'Ouest vont baisser », a déclaré le président russe. Il faut donc « réorienter nos exportations vers les marchés au Sud et à l'Est qui croissent rapidement », a-t-il exposé.

« Des opportunités, des options et des occasions alternatives s'ouvrent à nous. En ce qui concerne le pétrole, le gaz et le charbon russe, nous allons pouvoir augmenter leur consommation sur le marché intérieur (...) et accroître la livraison de ressources énergétiques aux autres régions du monde qui en ont vraiment besoin », avait déjà déclaré la veille Vladimir Poutine. Il semblerait viser, même s'il ne la nomme pas directement, la Chine, dont l'appétit en hydrocarbures ne cesse de grandir.

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(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 16/04/2022 à 18:44
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Bonjour, D'ailleurs si l'Europe arrive à faire sa transition énergétique, sa devrait énervé beaucoup de monde...

le 16/04/2022 à 19:37
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Pas tant que cela au regard de la transition démographique...

à écrit le 16/04/2022 à 17:01
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En Suède c'était passez le balais pour ne pas allumer l'aspirateur qui consomme du courant (pas facile de fermer des réacteurs, ça servait, surtout quand le vent n'y est pas, y a un déficit, la Nature ne se laisse pas dompter). L'hiver prochain, ave...

à écrit le 16/04/2022 à 16:04
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wow, il a fait un stage en france, celui la pour raconter autant de coneries?

à écrit le 16/04/2022 à 9:41
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Vous achetez une très grosse voiture allemande (ou d'ailleurs) mais vous roulez en vélo et les politiques de montrer l'exemple.. Le monde est devenu fou...

à écrit le 15/04/2022 à 21:18
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Poutine doit être sévèrement énervé de toujours pouvoir encaisser l'argent des allemands dépendants au gaz russe... Manifestement outre-Rhin on ne manque pas d'humour! Les ukrainiens apprécieront (ou pas).

à écrit le 15/04/2022 à 18:36
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Deutsch progrès... Bienvenue dans le 21ème siècle où le politique vous explique que le vélo et les carioles à cheval, c'est super tendance parce qu'il ne faut pas déconner non plus, les voitures c'est has been. C'est bien pratique pour contrôler les ...

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