Le traité de libre-échange (Ceta) au menu du déplacement de Gabriel Attal au Canada

Le Premier ministre Gabriel Attal s'envole mercredi pour le Canada où il rencontrera son homologue Justin Trudeau pour parler notamment francophonie et commerce. Ce déplacement intervient alors que Paris menace le processus de ratification du traité de libre-échange Ceta entre l'Union européenne et ce pays.
La dernière visite au Canada d'un Premier ministre français remonte à celle de Manuel Valls en octobre 2016.
La dernière visite au Canada d'un Premier ministre français remonte à celle de Manuel Valls en octobre 2016. (Crédits : Reuters)

C'est le premier déplacement international de Gabriel Attal, en dehors de l'Union européenne, depuis sa nomination à Matignon. Prévu pour durer deux jours et demi, il est d'autant plus attendu qu'il n'y a pas eu de visite française à ce niveau au Canada depuis juin 2018, lorsqu'Emmanuel Macron s'était rendu au Québec pour un sommet du G7 et une visite de travail.

La dernière visite au Canada d'un Premier ministre français remonte à celle de Manuel Valls en octobre 2016. Les trois prédécesseurs de Gabriel Attal avaient dû renoncer à ce voyage en raison de l'épidémie de Covid, puis de la réforme des retraites dont la contestation avait perturbé l'agenda d'Elisabeth Borne.

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Dans le détail, le chef du gouvernement arrivera mercredi soir à Ottawa. Cinq ministres l'accompagneront : Eric Dupond-Moretti (Justice), Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur), Franck Riester (Commerce extérieur et francophonie), Roland Lescure (Industrie et énergie), et Patricia Miralles (Anciens combattants). Il débutera sa visite par un dîner avec Justin Trudeau autour de la francophonie. La France accueillera en octobre le 19e sommet de la Francophonie à Villers-Cotterêts.

Le sort du Cetaabordé

Les deux Premiers ministres auront un entretien plus officiel jeudi matin, lors duquel sera sûrement abordé le sort en France du Ceta (Comprehensive Economic and Trade Agreement, ou Accord économique et commercial global, en français), entré en vigueur à titre provisoire à l'échelle européenne le 21 septembre 2017.

Dix Etats européens, dont la France, doivent encore le ratifier. Or, une coalition de sénateurs de droite et de gauche, à l'initiative des élus communistes, a réussi le 21 mars un tour de force politique en mettant au vote le projet de loi de ratification que le gouvernement n'avait jusqu'ici jamais inscrit à l'agenda de la chambre haute. Le vote « contre » obtenu « n'a pas de conséquences sur la mise en œuvre provisoire du Ceta », a précisé dans la foulée Emmanuel Macron, à Bruxelles.

Citant les bénéfices de l'accord pour les secteurs français du « lait », du « fromage » ou du « vin », le chef de l'État a appelé à ne pas « mettre dans le même sac tous les accords commerciaux » de libre-échange. « C'est de la démagogie », a-t-il encore dénoncé, lors d'une conférence de presse à l'issue d'un Conseil européen.

Depuis le début de la crise agricole, en janvier, un moratoire sur les accords de libre-échange figure au premier rang des demandes des syndicats agricoles français qui, toutes tendances confondues, y voient une concurrence déloyale, même si certains pans de l'agriculture peuvent en profiter. Le vote des sénateurs « va porter un mauvais coup à l'ensemble de la filière des vins et des spiritueux », avait déclaré à l'AFP le délégué général de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), Nicolas Ozanam. « Dans un moment économiquement compliqué se mettre dans une position délicate après une bonne dynamique [depuis la mise en œuvre du traité] nous paraît totalement surréaliste ».

« Les chiffres démontrent le succès considérable » du Ceta, avait également défendu la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d'une conférence de presse. Elle avait dit prendre « acte » du scrutin sénatorial, et appelé à voir « comment la France allait composer » avec ce résultat.

Les députés communistes ont annoncé l'intention d'ouvrir le front à l'Assemblée en reprenant le texte des leurs homologues sénateurs le 30 mai prochain, à 10 jours des élections européennes, mais le gouvernement semble vouloir temporiser et pourrait tarder à déposer le texte sur la table de l'Assemblée.

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Gabriel Attal emmènera dans sa délégation des représentants de filières « directement bénéficiaires du Ceta et mobilisés pour le défendre », selon Matignon. Aucune signature de contrats n'est prévue, mais le Premier ministre français entend aborder notamment la question des minerais dits « critiques » exportés par le Canada, qui sont essentiels pour la transition énergétique et permettent à la France de diversifier ses approvisionnements.

Paris attend un engagement « ambitieux » sur le climat

Sur le plan climatique, Gabriel Attal entend pousser une initiative d'Emmanuel Macron, le « Pacte de Paris pour les peuples et la planète » (4P), lancé en juin 2023 qui vise à refonder le système financier mondial afin de lutter à la fois contre le réchauffement et la pauvreté. Le Canada ne l'a pas ratifié mais Paris attend un engagement « ambitieux » de son partenaire qui enverrait aussi « un signal » en France, où Gabriel Attal est accusé de reculer sur la question climatique.

Le chef du gouvernement français ira ensuite au Québec, province francophone du Canada avec laquelle la France entretient une relation « directe et privilégiée ». Il s'exprimera jeudi après-midi devant l'Assemblée nationale du Québec, où Laurent Fabius est le dernier chef de gouvernement français à y avoir prononcé un discours en 1984. Matignon souligne des « similarités dans l'approche des politiques publiques », notamment sur la laïcité.

Après la visite d'une école vendredi matin, Gabriel Attal présidera avec son homologue québécois François Legault, la 21e des Rencontres alternées des Premiers ministres français et québécois (RAPM), dont la dernière édition remonte à mars 2018 en France. Les deux responsables visiteront ensuite le Salon du livre du Québec. Ils se rendront également ensemble à Montréal pour une séquence économique, où ils échangeront avec des chefs d'entreprises.

Gabriel Attal terminera sa visite devant la communauté française, forte au Canada de plus de 200.000 ressortissants.

Commentaires 2
à écrit le 09/04/2024 à 10:08
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Le monsieur , va t'il s'assoir si le non de l'assemblée? telle est la question ! sur le principe, cela aurait du être la question de l'article ! Je ne crois pas un instant que l'enfant peut changer un accord européen, du coup j'imagine qu'ils von...

à écrit le 09/04/2024 à 9:40
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