Les conflits mondiaux aggravés par la crise économique due au Covid-19, avertit l'ONU

"Il y a de fortes inquiétudes sur le fait que les répercussions économiques [de la crise du Covid-19] puissent engendrer plus de désordre, plus de conflits", explique auprès de l'AFP l'expert en diplomatie Richard Gowan.
Yémen : un enfant nettoie une marmite avec de l'eau de pluie dans un bidonville de la capitale Sanaa, le 26 juillet 2020.
Yémen : un enfant nettoie une marmite avec de l'eau de pluie dans un bidonville de la capitale Sanaa, le 26 juillet 2020. (Crédits : Reuters)

La pandémie de coronavirus aggrave la situation humanitaire dans les conflits les plus meurtriers de la planète et menace de provoquer une catastrophe économique qui pourrait être source de violences supplémentaires, préviennent experts et diplomates des Nations unies.

"Nous n'en sommes qu'au premier acte d'un drame assez long", analyse auprès de l'AFP l'expert en diplomatie Richard Gowan.

En détournant l'attention et les ressources des grandes puissances trop occupées à combattre le virus sur leur sol, le Covid-19 met en péril de nombreux programmes d'aide et l'économie des pays déjà meurtris par la guerre.

"Il y a de fortes inquiétudes sur le fait que les répercussions économiques [de la crise du Covid-19] puissent engendrer plus de désordre, plus de conflits", avertit M. Gowan.

Pour cette raison, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait lancé en mars un plaidoyer en faveur d'un cessez-le-feu mondial. Mais il a peiné à se concrétiser et en Libye et en Syrie, les combats font toujours rage.

Et les mesures de confinement, qui ont un temps fait se terrer plus de la moitié de l'humanité chez elle, ont freiné les efforts des opérations de maintien de la paix et des ONG, et entravé des distributions cruciales d'aide.

Au Yémen - où se déroule selon l'ONU la pire crise humanitaire au monde - les combats sont même en train de s'intensifier selon des diplomates, estimant que le pays est en chute libre.

"Une fois de plus, la famine se profile. Une fois de plus, le conflit s'intensifie. Une fois encore, l'économie est en lambeaux et les agences humanitaires quasiment à sec. Et à cela s'ajoute désormais un nouveau problème: la propagation du Covid-19 est hors de contrôle", a déploré le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires Mark Lowcock la semaine dernière.

Lire aussi : La pandémie de coronavirus fait peser un risque de crise alimentaire mondiale, alertent l'ONU et l'OMC

Le diplomate britannique a indiqué au Conseil de sécurité de l'ONU que la pandémie de coronavirus avait fait chuter les envois de devises par les Yéménites de l'étranger, depuis longtemps une planche de salut pour l'économie du pays, de près de 70%.

"Aidez le Yémen maintenant ou regardez-le tomber en ruines", a-t-il lancé.

Le responsable onusien s'est aussi alarmé de l'état de l'économie syrienne, déjà mise à mal par près de dix ans de guerre civile.

Les mesures de confinement visant à endiguer la propagation de la pandémie ont, d'après M. Lowcock, contribué à la contraction du PIB syrien de plus de 7% cette année.

"Sombre et déprimant"

Selon des diplomates, la pandémie a aussi contraint les grandes puissances à diminuer le montant des aides envoyées dans les zones en proie à des crises humanitaires.

En janvier, lors d'un sommet hébergé par l'Allemagne à Berlin, les dirigeants mondiaux s'étaient engagés à renoncer à toute interférence dans la guerre civile libyenne et à respecter enfin l'embargo sur les livraisons d'armes à la Libye, décrété par l'ONU en 2011.

Mais le mois dernier, Antonio Guterres a estimé que cette ingérence avait atteint "des niveaux sans précédent" dans le pays, où Russie et Turquie soutiennent des camps rivaux.

"Désormais l'attention de l'Allemagne est consacrée à relancer l'économie européenne", plutôt qu'à cette crise, analyse Richard Gowan, du centre de recherche International Crisis Group.

Les experts gardent aussi un oeil prudent sur la situation au Liban, plongé dans sa pire crise économique depuis des décennies, marquée par une dépréciation monétaire inédite, une hyperinflation, des licenciements massifs et des restrictions bancaires drastiques, qui alimentent depuis plusieurs mois la grogne sociale.

Lire aussi : Le vol à main armée, dernier recours pour des Libanais affamés

"En somme, c'est un tableau assez sombre et déprimant", confie un diplomate.

Commentaires 5
à écrit le 05/08/2020 à 16:47
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Ces grands organismes internationaux, ils sont comme ça, des gens intelligents se réunissent , discutent entre eux et à la fin, grands seigneurs, ils nous livrent le fruit de leur reflexions: le covid tue apparemment, le confinement fait baisser le p...

à écrit le 04/08/2020 à 15:47
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Les facteurs qui sont la cause de la réalité que nous vivons tous , vont être impactés au delà de leurs cibles , aussi , ils vont faire marche arrière dans leur folie , ce n’est pas de l’espoir , car l’espoir est un produit de marketing des méd...

à écrit le 04/08/2020 à 13:40
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Tant que les cinq pays membres du conseil permanent de sécurité de l'ONU seront aussi les principaux vendeurs d'armes dans le monde, la situation ne pourra qu'empirer.

à écrit le 04/08/2020 à 13:28
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Où l'on comprendra que les conséquences du confinement et des gestes barrières feront plus de dégâts que le potentiel lié au covid, je redoute de ce fait une mutation plus dangereuses de celui-ci au printemps 2021 quand on en aura bien marre de tout ...

à écrit le 04/08/2020 à 13:03
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"Les conflits mondiaux aggravés par la crise économique due au Covid-19" : - Tout d'abord, la crise est à la fois une cause, et une conséquence. - Conséquence du COVID-19 ? Ou conséquence du confinement ? - Et même sans parler du confinement, n'y ...

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