Climat de tension entre l'Italie et la Russie depuis la fin de semaine dernière. Alexeï Paramonov, directeur du département européen du ministère russe des Affaires étrangères, a en effet accusé Rome, dans une interview à l'agence publique russe RIA-Novosti, de succomber à une « hystérie antirusse » et d'oublier « en une seconde » des siècles de relations et d'accords bilatéraux. Il a ajouté espérer que la promesse faite au début du mois par le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire - qui était par la suite revenu sur ses propos - d'une « guerre économique et financière totale » contre la Russie n'allait pas « faire des émules en Italie et entraîner une série de conséquences irréversibles ».
Le ministère italien des Affaires étrangères a déclaré « rejeter fermement ces déclarations menaçantes » de la partie russe, et a assuré que Rome et ses partenaires européens allaient « continuer d'exercer une pression maximale » sur la Russie pour arrêter l'intervention militaire menée contre l'Ukraine.
Le responsable russe avait également rappelé que la Russie avait apporté une assistance « significative » à l'Italie aux débuts de la pandémie de Covid-19 en 2020, selon lui à la demande du ministre de la Défense Lorenzo Guerini. Ce ministre a été parmi les principaux « instigateurs de la campagne antirusse » au sein du gouvernement italien, selon le responsable russe. Le Premier ministre italien Mario Draghi a qualifié de « particulièrement odieuse et inacceptable » la comparaison « entre l'invasion de l'Ukraine et la crise pandémique en Italie ».
L'Italie, qui a toujours veillé à conserver de bons rapports avec la Russie notamment en raison de sa dépendance énergétique, a opté, comme le reste des pays de l'Union européenne, pour la fermeté face à l'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine. Eleonora Tafuro, experte en relations internationales, expliquait au mois de février, avant le début du conflit : « D'un point de vue politique, Poutine n'aurait aucun intérêt à ne pas soigner ses relations avec l'Italie qui est un des rares pays européens à encore entretenir de bonnes relations et avoir un dialogue avec la Russie. L'Italie a toujours considérer la Russie comme partie intégrante de l'Europe. L'Italie peut être un pont entre Moscou et Bruxelles ».
Lorenzo Guerini a déclaré que l'Italie ne « ferait pas le jeu de la propagande » et continuerait de se tenir au côté de l'Ukraine. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit d'ailleurs s'adresser par visioconférence depuis Kiev au Parlement italien mardi.
L'Italie exige de l'UE des mesures urgentes
Les dirigeants d'Italie, d'Espagne, de Grèce et du Portugal, réunis à Rome, ont réclamé vendredi 18 mars des mesures urgentes de la part de l'Union européenne pour combattre la hausse des prix de l'énergie frappant particuliers et entreprises. « Nous voulons pousser la Commission européenne et les autres pays membres à adopter des mesures importantes, de protection pour tous les États, dans un domaine décisif pour notre avenir », a estimé le chef du gouvernement italien à l'issue de discussions avec ses collègues du sud de l'Europe.
« Un stockage commun (du gaz, ndlr) permettrait de nous protéger mutuellement. Des achats communs permettraient d'avoir un meilleur pouvoir de négociation face aux fournisseurs », a poursuivi Mario Draghi. Ce sentiment d'urgence face à la flambée des prix des carburants ou de l'électricité, qui entraîne une inflation généralisée, a été partagé par les autres dirigeants.
Une position qui devrait être abordée lors d'une réunion du G7, consacrée « en particulier à la situation de l'Ukraine » et à laquelle participera l'Italie, prévue ce jeudi 24 mars à Bruxelles. Elle se tiendra dans la foulée des sommets de l'Otan et de l'Union européenne, qui auront également lieu ce jour-là. Seront aussi présents les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, le Canada et le Japon.
Le gouvernement italien va taxer les profits « excessifs » sur l'énergie
Chaque pays de l'UE met en place son propre arsenal anti-inflation, qui repose sur des baisses de taxes sur l'énergie, des réductions des prix et des aides ciblées, alors que les économies européennes sont inégalement touchées. L'Italie a annoncé la semaine dernière qu'elle allait taxer les bénéfices supplémentaires réalisés par les entreprises du secteur énergétique grâce à la flambée des prix due à la guerre en Ukraine.
« Taxons une partie des bénéfices extraordinaires que les producteurs réalisent grâce à l'augmentation du coût des matières premières, et redistribuons cet argent aux entreprises et aux familles qui sont en grande difficulté », a déclaré le Premier ministre italien vendredi 18 mars.
Le ministre italien de l'Économie et des Finances, Daniele Franco, a précisé que la taxe serait de 10% sur les profits supplémentaires engrangés, sans donner plus de détails pour le moment. Une source gouvernementale a expliqué à l'AFP que la taxe portera sur les profits supplémentaires réalisés au cours des six derniers mois, en les comparant aux profits de la même période l'an dernier.
L'argent récolté aidera à financer un train de mesures de 4,4 milliards d'euros destiné à alléger la flambée des prix de l'énergie, a expliqué Mario Draghi, venant s'ajouter aux 16 milliards d'euros déjà dépensés en ce sens ces six derniers mois. Les mesures d'aide seront également financées par les revenus fiscaux supplémentaires générés par la hausse des prix de l'énergie et ne nécessiteront pas de nouvel emprunt, selon la source gouvernementale.
Parmi les autres mesures italiennes décidées en cette période de « grande volatilité », selon le Premier ministre, figure une baisse des taxes sur les carburants, pour réduire les prix à la pompe de 25 centimes d'euros par litre pendant un mois. Le gouvernement va également geler les factures d'énergie, en leur appliquant les prix de l'été dernier, pour 1,2 million de foyers supplémentaires, portant le nombre de foyers concernés à 5,2 millions.
(Avec AFP)