Mettre les angles. Adoucir une image réputée souvent trop raide. Tel était l'objectif de Margrethe Vestager, face à la poignée de journalistes qui, ce mercredi 20 septembre, la rencontraient autour d'un café. Et à qui elle détaillait sa candidature à la Banque européenne d'investissement, la BEI. L'ex-ministre Danoise de l'Economie s'est présentée : « Je suis une social-libérale, pas une libérale, et l'Union européenne est une économie de marché, pas une économie du laisser-faire ». Elle a récusé les procès qui peuvent lui être faits d'être trop hostile aux interventions de l'Etat : « Nous avons besoin d'intervention directe via des subventions. »
« Face aux défis qui attendent l'Europe de demain, le marché ne peut pas tout », a t-elle plaidé.
Le climat comme priorité
Aussi, Margrethe Vestager a-t-elle détaillé sa vision pour la BEI. Pour elle, plus que jamais, l'Europe a besoin « d'investissements massifs pour financer la transition écologique». La BEI doit être la banque du climat.
Sur la question du nucléaire, qui divise les Européens, Margrethe Vestager a pris soin de ne pas fâcher Paris. « Il faut être nuancé sur ce sujet », a-t-elle répondu. Se qualifiant « de pragmatique », elle a souligné « qu'il y avait un désaccord, mais pas d'interdiction au sein du conseil d'administration de la BEI ». Et de laisser la porte ouverte au financement, par exemple, de petits réacteurs nucléaires nouvelle génération.
L'outsider qui espère l'emporter
Margrethe Vestager sait qu'elle ne fait pas l'unanimité au sein des membres de l'Union. Sa volonté d'imposer une économiste américaine à la Commission, par exemple a laissé des traces. Son interdiction à la fusion Alstom-Siemens est aussi restée dans les esprits. Qu'à cela ne tienne, la danoise a défendu sa vision.
Son profil est une chance, assure-t-elle, car elle est « la candidate d'un petit pays, qui depuis dix ans, sert les intérêts de l'Europe au sein de Bruxelles ». Et d'ajouter « je suis un profil rare venant d'un petit pays, avec une solide vision européenne. »
Parmi les cinq candidats à la succession de l'Allemand Werner Hoyer, qui quittera son poste à la fin de cette année, elle se définit elle-même comme une « outsider ». Il lui faut recevoir l'appui de dix-huit états européens, actionnaires de la BEI, détenant au moins 68% du capital.
Margrethe Vestager devait rencontrer Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, ce mercredi après-midi. La France ne s'est pas officiellement prononcée sur cette candidature, mais il semblerait qu'elle soit plus encline à apporter son appui à la candidate espagnole, Nadia Calvino.