Mer Rouge : deux nouvelles attaques des Houthis du Yémen contre des navires en moins de 48 heures

Deux nouvelles attaques ont eu lieu à l'encontre de navires en mer rouge, dans le détroit de Bab el-Mandeb. Les rebelles Houthis du Yémen s'en prennent, ces derniers temps, aux bateaux qui ont des intérêts avec Israël. Une menace de plus en plus inquiétante pour le commerce maritime mondial.
Dans leur communiqué, les Houthis affirment avoir mené l'attaque après que l'équipage a refusé d'obtempérer.
Dans leur communiqué, les Houthis affirment avoir mené l'attaque après que l'équipage a refusé d'obtempérer. (Crédits : Reuters)

Bis repetita. Les rebelles yéménites Houthis s'en sont, une nouvelle fois, pris à un bateau de commerce maritime ce vendredi en mer Rougea indiqué un responsable américain. « Nous savons que quelque chose, qui a été tiré d'une région contrôlée par les Houthis au Yémen, a touché un navire qui a été endommagé et qu'un incendie a été signalé », a affirmé à l'AFP un responsable militaire américain. Selon l'agence de société de renseignement Ambrey, il s'agit d'un porte-conteneurs battant pavillon du Liberia, détenu par la société allemande Hapag-Lloyd AG. La compagnie concernée dispose de bureaux dans les ports israéliens d'Ashdod, de Haifa et Tel-Aviv, note l'agence Ambrey.

Depuis le début du conflit, le 7 octobre dernier, les rebelles s'emploient à perturber le trafic maritime dans la région en visant des navires qui ont des intérêts avec Israël. La veille, ils s'en sont pris à un porte-conteneurs de la compagnie Maersk, le Maersk Gibraltar, qui faisait route vers Israël, « en le visant par un drone ». Depuis ces dernières semaines, les attaques de ce genre se multiplient de facto dans le détroit de Bab el-Manded, passage étroit entre le Yémen et Djibouti.

Dans leur communiqué, les Houthis affirment avoir mené l'attaque après que l'équipage a refusé d'obtempérer. Ils affirment que le navire a été touché de plein fouet, mais un responsable américain a indiqué que le missile avait « manqué le navire » et était tombé dans l'eau. De son côté, le géant danois du transport maritime Maersk évoque un « incident » en mer Rouge et estime que « les récentes attaques contre des navires commerciaux dans le détroit de Bab el-Mandeb (...) sont extrêmement préoccupantes ».

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Le conflit entre Israël et le Hamas à l'origine des attaques...

Alors que cette zone a déjà été traversée par des épisodes de pirateries, notamment en provenance de Somalie et d'Erythrée, ces récentes attaques prennent cette fois une tournure géopolitique. Les rebelles Houthis avaient prévenu depuis quelques temps qu'ils prendraient pour cible tout bateau naviguant au large des côtes du Yémen et ayant des liens avec Israël. Menace qu'ils ont réitérée ce jeudi, tant que la nourriture et les médicaments ne rentrent pas dans la bande de Gaza, bombardée et assiégée par Israël en réaction à l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre en territoire israélien. Allié traditionnel de la cause palestinienne, le président turc Recep Tayyip Erdogan a alerté ce jeudi soir le président américain Joe Biden contre les « conséquences régionales et mondiales négatives » du conflit entre Israël et le Hamas palestinien.

Les rebelles Houthis, qui contrôlent une grande partie à l'ouest du Yémen ne sont pas reconnus par la communauté internationale. Ils font partie, avec le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais, de « l'axe de la résistance » contre Israël, soutenu par l'Iran. Le rôle de l'Iran est de plus questionné dans ces attaques, qui sont de plus en plus organisées avec des moyens technologiques avancés.

« Le matériel houthi est la plupart du temps de technologie iranienne, mais nous savons très peu de l'implication de Téhéran dans la prise de décision », confie Fabian Hinz, de l'IISS (International Institute for Strategic Studies).

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... qui se sont multipliées

Ces attaques, de plus en plus courantes, inquiètent. En l'espace de quelques jours, les rebelles se sont emparés du navire Galaxy Leader, appartenant à une société britannique, propriété d'un homme d'affaires israélien. L'équipage est toujours détenu par les Houthis. Trois drones, qui s'en prenaient à des navires commerciaux, ont également été abattus par un destroyer américain. Plus récemment, des drones ont été abattus ce week-end par une frégate française, déployée pour une mission nationale de sécurité maritime. Mardi dernier, la frégate a détruit de nouveau un drone : les rebelles ont revendiqué un tir de missile sur un pétrolier battant pavillon norvégien.

« Pour le moment, on est encore dans le dérapage contrôlé, mais c'est un moment assez dangereux pour la stabilité de cette région stratégique », assure Camille Lons, chercheuse à l'ECFR (European council on foreign relations).

« Les Houthis ont la capacité de créer des dommages considérables », avertit Fabian Hinz, de l'IISS (International Institute for Strategic Studies).

Si les navires militaires qui croisent en mer Rouge peuvent répliquer, comme l'ont fait récemment des bâtiments américains et français, ce n'est pas le cas des bateaux commerciaux. « La marine américaine ne peut pas escorter chaque navire civil en mer Rouge », ajoute-t-il.

De son côté, Washington fustige les rebelles qui « représentent une menace concrète pour une libre navigation » en mer Rouge, a déclaré vendredi à Tel-Aviv le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan. « Les Etats-Unis travaillent avec la communauté internationale et leurs partenaires dans la région pour faire face à cette menace », a-t-il ajouté devant des journalistes, après avoir rencontré des responsables israéliens.

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Une menace pour le transport maritime ?

Tous les regards sont désormais portés vers cette région clé pour le transport maritime mondial. Le détroit de Bab el-Mandeb, où se perpétuent les attaques, est situé juste avant le canal de Suez, qui concentre près de 10% du commerce maritime mondial. Il constitue aussi un point de passage stratégique pour le passage des hydrocarbures, notamment en provenance du golfe Persique.

Selon la chercheuse Noam Raydan du Washington Institute, les données disponibles suggèrent que plusieurs bateaux ayant des connexions israéliennes (propriétaire, destination...) évitent de facto la Mer Rouge depuis la prise du Galaxy Leader, le 19 novembre dernier. Résultat, ils contournent l'Afrique par le Cap de Bonne-Espérance, rallongeant leurs voyages de deux semaines. Les coûts augmentent, les assurances également. « Le risque d'une entrave majeure au commerce demeure important », écrit-elle dans une note le 7 décembre.

(Avec AFP)

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