Les départs d'entreprises occidentales de Russie, à la suite de l'offensive russe en Ukraine, n'ont finalement pas été légion. Avant le début du conflit en février, 2.405 filiales appartenant à 1.404 entreprises de l'Union européenne et des pays du G7 étaient actives en Russie, d'après un recensement réalisé par les professeurs Simon Evenett, de l'Université de Saint-Gall, et Niccolò Pisani, de l'IMD Lausanne, un prestigieux institut de gestion des affaires. Fin novembre, soit neuf mois après l'invasion, à peine 9% du panel étudié avait déjà vendu au moins une filiale russe.
Dans le détail, 120 entreprises occidentales avaient quitté la Russie fin novembre selon les recherches des deux professeurs. À cette date, moins de 18% des filiales appartenant à des entreprises basées aux États-Unis avaient entièrement finalisé la cession de leurs filiales russes, contre 15% pour celles appartenant à des entreprises japonaises et 8,3% pour celles appartenant à des entreprises de l'UE.
« De nombreuses entreprises domiciliées dans ces États ont résisté à la pression des gouvernements, des médias et des ONG de quitter la Russie depuis l'invasion de l'Ukraine », note le communiqué de l'Université de Saint-Gall présentant l'étude.
Parmi celles qui y sont encore actives, 19,5% sont allemandes, 12,4% sont américaines et 7% japonaises.
Plusieurs raisons expliquent les maintiens
Après le déclenchement de l'offensive russe en Ukraine le 24 février et l'introduction de sanctions économiques, de nombreuses grandes entreprises et marques occidentales ont quitté la Russie, pour des raisons éthiques ou à cause des difficultés à y poursuivre leurs activités.
Plusieurs facteurs peuvent toutefois expliquer que des entreprises n'aient pas quitté la Russie. Leur activité peut, par exemple, ne pas tomber sous le coup des sanctions. D'autres peuvent ne pas vouloir se désengager en raison de l'utilité « sociétale » de leurs produits, listent les auteurs de l'étude, qui citent en exemple des médicaments essentiels.
Certaines peuvent aussi ne pas avoir trouvé d'acquéreur à un prix suffisant, tandis d'autres, même lorsqu'elles ont trouvé un repreneur, se heurtent aux obstacles que le gouvernement russe a pu mettre en place « pour entraver » ou « retarder la cession », et empêcher le rapatriement du produit de la vente.
Mais si le nombre d'entreprises occidentales qui se retirent « n'augmente pas significativement » d'ici un an ou deux, « la volonté ou la capacité de nombreuses entreprises occidentales de se dissocier de juridictions que leurs gouvernements considèrent comme des rivaux géopolitiques pourrait être remise en question », jugent-ils.
(Avec AFP)