Royaume-Uni : ce qu'il faut retenir du prochain budget présenté au Parlement

Le chancelier de l'Echiquier, Jeremy Hunt, a présenté le projet de budget pour l'année à venir devant le Parlement britannique, ce mercredi. Si le Royaume-Uni a récemment échappé de peu à la récession, le gouvernement se révèle peu optimiste. La prévision de l'économie outre-Manche pour l'an prochain a été abaissée, à 0,7%, contre 1,8% prévu initialement.
En poste depuis octobre 2022, le ministre des Finances, Jeremy Hunt, a présenté le budget du Royaume-Uni ce mercredi.
En poste depuis octobre 2022, le ministre des Finances, Jeremy Hunt, a présenté le budget du Royaume-Uni ce mercredi. (Crédits : POOL)

Le Royaume-Uni peine à sortir la tête de l'eau, ce qui se répercute inévitablement sur son projet de budget. Présenté ce mercredi par le ministre britannique des Finances, Jeremy Hunt, devant le Parlement, le texte met en lumière des perspectives peu encourageantes pour l'économie britannique. Certes, l'économie progressera de 0,6% cette année, contre un recul de 0,2% du Produit intérieur brut (PIB) anticipé au mois de mars dernier.

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En revanche, l'organisme gouvernemental de prévision budgétaire (OBR), a fortement abaissé sa prévision pour l'an prochain. En 2024, le PIB de la Grande-Bretagne devrait en effet augmenter de 0,7%, contre 1,8% prévu en mars. Même son de cloche en 2025 : +1,4% contre 2,5%.

« Si nous voulons que ces chiffres soient plus élevés, nous avons besoin d'une productivité plus élevée », a ainsi argué Jeremy Hunt, au terme de l'énumération des prévisions de croissance.

110 mesures pour « doper l'investissement »

Dans les faits, l'activité britannique fait les frais de la politique monétaire de la Banque d'Angleterre (BoE). Cette dernière a rehaussé à 14 reprises ses taux directeurs. Objectif, lutter contre l'inflation, comme ses homologues - BCE dans l'UE et Fed aux Etats-Unis. Or, le resserrement s'est traduit, sans surprise, par un renchérissement du coût du crédit, et une raréfaction des offres d'emploi sur le marché du travail.

« Nous avons pris des décisions difficiles pour remettre notre économie sur les rails, a assumé le ministre des finances, en poste depuis octobre 2022, lors de son discours. Notre plan pour l'économie britannique fonctionne, mais le travail n'est pas terminé. »

Pour défendre son bilan, Jeremy Hunt a aussi mis l'accent sur la baisse de l'inflation, diminuée par plus de moitié en un an, à 4,6% en octobre, et l'emprunt public britannique est globalement plus faible qu'anticipé sur l'année fiscale en cours.

Mais concrètement, quelles sont les mesures annoncées dans le cadre de ce budget ? Force est de constater que l'exécutif, sans grande surprise, fait un choix délibéré pro-business. Il a notamment annoncé « 110 mesures » qui vont permettre de « doper l'investissement dans les entreprises de 20 milliards de livres par an », et « n'impliquent pas plus d'emprunt ou de dette », a-t-il promis.

Une pression fiscale encore élevée

Ainsi, le gouvernement pérennise les allègements fiscaux pour les entreprises à hauteur de 11 milliards de livres : « Pour chaque million qu'une entreprise investit, elle pourra déduire 250.000 livres de ses impôts la même année ». En confirmant ce dispositif, Jeremy Hunt n'a, en réalité, fait que répondre positivement aux réclamations de grands patrons, formulées dans une lettre commune ces derniers jours. La principale organisation patronale, la CBI, s'est d'ailleurs félicitée de décisions « qui changent la donne » pour l'économie.

Cette mesure conforte également la stratégie amorcée. Dès la semaine dernière, le Trésor avait indiqué qu'il allait injecter 4,5 milliards de livres dans huit secteurs industriels dont l'automobile, l'aérospatiale, les énergies vertes ou les sciences de la vie notamment.

La mesure est chiffrée à « plus de 50 milliards de livres au cours des cinq prochaines années », ce qui en fait « la plus grande réduction d'impôt sur les entreprises de l'histoire moderne de la Grande-Bretagne », a affirmé le ministère des Finances.

Même si le Premier ministre conservateur Rishi Sunak et le Chancelier veulent mettre en avant leurs baisses d'impôts, la pression fiscale reste à un niveau historiquement élevé. Lors de la législature actuelle, entamée fin 2019, « les impôts auront augmenté plus que dans n'importe quelle législature au moins depuis la Seconde Guerre mondiale », a résumé ce lundi Paul Johnson, directeur du centre de réflexion Institute for Fiscal Studies (IFS).

Le salaire minimum en hausse

Jeremy Hunt a également annoncé une baisse des cotisations sociales salariales pour des millions de Britanniques afin d'encourager les gens à « travailler dur ». Dans le détail, il a expliqué qu'il allait faire baisser de 12% à 10% le taux de ces cotisations pour quelque 27 millions de personnes au Royaume-Uni « qui gagnent entre 12.570 et 50.270 livres (entre 14.450 et 57.750 euros) » annuels.

A l'inverse, l'une des premières mesures annoncées en amont du budget concernait une restriction des aides sociales. Le 10 Downing Street prévoit « des sanctions plus sévères » contre les personnes bénéficiant d'allocations qui ne cherchent pas un emploi alors qu'elles le pourraient, ce qui n'est pas sans rappeler la politique menée en France - qui prévoit notamment de conditionner le versement du RSA à la réalisation d'activités hebdomadaires.

Dans le même temps, le gouvernement britannique a aussi confirmé que le salaire minimum augmentera l'an prochain, précisant que la hausse sera de près de 10%. Actuellement fixé à 10,42 livres (douze euros) de l'heure, il sera relevé à compter d'avril 2024 pour atteindre 11,44 livres (13,15 euros), ce qui constitue « la plus forte augmentation » jamais enregistrée, vante l'exécutif.

Enjeux politiques pour le parti conservateur

L'enjeu de la présentation du budget est de taille : il s'agit avant tout de faire remonter le parti conservateur au pouvoir dans les sondages, largement à la traîne des travaillistes avant les législatives prévues pour l'an prochain. La responsable travailliste des Finances, Rachel Reeves, a estimé que « rien de ce qui a été annoncé aujourd'hui ne compensera de quelque manière que ce soit » la crise du coût de la vie qui frappe les ménages britanniques.

Vers 13h40 GMT (14h40 à Paris), la devise britannique se repliait de 0,15% face au billet vert à 1,2519 dollar, et de 0,02% face à l'euro à 87,03 pence. Le Footsie, principal indice boursier à la Bourse de Londres, est en légère baisse de 0,13% à 16 heures, heure de Paris, à 7 472,26 points.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 23/11/2023 à 7:45
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Ni plus ni moins qu'en UE, ça sert à quoi d'y rester alors ? Quitte à être pauvres autant être libres.

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