Royaume-Uni : un taux de chômage au plus bas depuis près de 50 ans

Le taux de chômage poursuit sa baisse au Royaume-Uni atteignant son niveau le plus bas depuis près de 50 ans. Mais ces bons résultats ne sont pas suffisants pour masquer une inflation qui pourrait dépasser les 10% à la fin de l'année et qui freine la hausse des salaires britanniques.
Le gouvernement de Boris Johnson fait l'objet de critiques de plus en plus fortes qui jugent insuffisante son action face au coût de la vie.
Le gouvernement de Boris Johnson fait l'objet de critiques de plus en plus fortes qui jugent insuffisante son action face au coût de la vie. (Crédits : POOL)

L'emploi britannique ne s'est jamais aussi bien porté. Le taux de chômage a de nouveau reculé, de 3,7%, pour les trois mois achevés en mars, contre 3,8% en février. Un niveau aussi bas n'avait plus été atteint par le Royaume-Uni depuis 1974, selon les chiffres de l'Office national des statistiques (ONS) publiés ce mardi.

Autre signe de la bonne santé du marché du travail : près d'un million de personnes ont changé d'emploi entre janvier et mars, un record, "à cause de démissions plus que de licenciements", indique Darren Morgan, de l'ONS. Avec environ 1,3 million d'offres d'emploi, un record là aussi, "il y a maintenant moins de gens au chômage que d'offres d'emploi, pour la première fois depuis le début de ces statistiques". Des chiffres qui ont fait bondir la livre mardi sur le marché des changes.

Faible croissance des salaires

Si le pays peut se féliciter de tels résultats, la question de la hausse des salaires vient quelque peu ternir le tableau. En effet, si la croissance de la paie des employés (y compris les bonus), a atteint 7% sur la période, elle s'élevait à 1,4% seulement en termes réels (hors inflation). Hors bonus, qui s'appliquent dans des secteurs comme la construction et surtout la finance, les salaires réels entre janvier et mars ont augmenté de 4,2%, mais diminuent "brutalement" hors inflation, remarque en outre Darren Morgan.

"Même si l'économie s'est contractée en mars et est peut-être au bord d'une récession, la croissance de l'emploi s'est renforcée et le taux de chômage est tombé au plus bas depuis 47 ans", a commenté le centre de réflexion Capital Economics. Cela devrait amener la Banque d'Angleterre à resserrer encore son taux d'intérêt de "1% maintenant à peut-être jusqu'à 3% l'an prochain", a-t-il estimé. En février dernier, la Banque d'Angleterre (BoE) a relevé, pour la deuxième fois en à peine deux mois, de 25 points de base son taux directeur, qui désormais s'établit à 0,5%, afin de lutter contre l'inflation.

C'est là l'un des autres points noirs de l'économie britannique. En mars dernier, elle atteignait son niveau le plus haut depuis 30 ans. Si elle devait déjà grimper au-dessus des 10% à la fin de l'année, le niveau pourrait être dépassé si l'Ukraine ne parvient pas à exporter ses récoltes notamment de blé et d'huile végétale, a alerté le gouverneur de la Banque d'Angleterre, la veille. D'après Andrew Bailey, "80%" de l'inflation sont dus à la hausse des prix de l'énergie, dopés par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le solde de 20% s'expliquant notamment par le marché du travail tendu au Royaume-Uni.

Le taux d'activité toujours inférieur à son niveau pré-Covid

En effet, si le taux d'activité augmente, il reste inférieur à son niveau pré-Covid. "Depuis le début de la pandémie, environ un demi-million de personnes se sont complètement désengagées du marché du travail", note Darren Morgan, de l'ONS. Les dirigeants de la Banque d'Angleterre s'étonnent que tant de gens sortis du marché du travail pendant la pandémie ne soient pas redevenus actifs. "Est-ce le Covid long? Est-ce que des gens qui souffrent d'autres maladies à long terme sont peu enclins à rejoindre le monde du travail avec le risque du Covid-19? C'est possible", a avancé Andrew Bailey.

Lire aussi 6 mnUne inflation à 6,8%, une croissance au ralenti : le scénario noir de Bruxelles pour l'économie européenne

Peu après la publication des chiffres de l'ONS, la CBI, principale organisation patronale du pays, s'est alarmée des conséquences de l'inflation et a qualifié mardi de priorité et de "fondement moral de (la) société" britannique d'aider "les gens qui font face à de vraies épreuves financières comme actuellement". De son côté, le Chancelier de l'Echiquier Rishi Sunak a préféré souligner la baisse du chômage. "Je comprends que les gens soient angoissés" à cause de la flambée du coût de la vie, "mais il est rassurant que moins de gens soient au chômage qu'on aurait pu le craindre", a-t-il expliqué, affirmant que le gouvernement aidait les travailleurs à "garder l'argent durement gagné à travers des baisses d'impôts, des changements dans les minimas sociaux et une aide pour les factures qui vaut 22 milliards de livres cette année" Un optimisme qui contraste avec les critiques de plus en plus fortes dont le gouvernement fait l'objet et qui jugent insuffisante son action face au coût de la vie. La CBI rappelle notamment que "de récentes enquêtes montrent que plus d'un ménage sur dix a sauté des repas ou fait des repas plus maigres parce qu'ils ne peuvent s'offrir assez de nourriture".

Commentaires 4
à écrit le 17/05/2022 à 16:27
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Que ne disait t on pas après le BREXIT: la Grande Bretagne va décrocher notamment sur l'économie et les marchés financiers: Aujourd'hui à 16h le Sterling est à 1,18 face à l'euro et à 1,25 face au dollar Américain. Et en France comme dans l'U.E. l'eu...

le 17/05/2022 à 20:50
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@Revanchard Avez-vous lu ou compris l’article?

à écrit le 17/05/2022 à 14:55
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un bilan du brexit dans ce contexte serait interessant. Si j ai bien compris, l impact du brexit et du covid auront ete minimes. Peut etre , faut - il voir sur le long terme ?

le 17/05/2022 à 17:32
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Quelqu'un estime que les bénéfices du Brexit, s'il y en a, se verront dans 50 ans, quand tout sera stabilisé. (extrait d'article du Fig fev 2022 "la Chambre des communes publie un rapport sur le Brexit selon lequel « le seul impact détectable jusqu'à...

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