Tensions en mer Rouge : Pékin appelle à arrêter le « harcèlement » des navires

« Nous appelons à la fin du harcèlement des navires civils, ainsi qu'au maintien de chaînes d'approvisionnement mondiales fluides et de l'ordre commercial international », a déclaré une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d'un point presse ce vendredi. Peu avant cette déclaration, un cadre de la faction armée Houthis avait proposé de laisser tranquilles les navires commerciaux chinois et russes.
Les attaques en mer Rouge se poursuivent sans discontinuer. La dernière en date est survenue vendredi contre un navire marchand américain circulant dans le Golfe d'Aden.
Les attaques en mer Rouge se poursuivent sans discontinuer. La dernière en date est survenue vendredi contre un navire marchand américain circulant dans le Golfe d'Aden. (Crédits : Reuters)

En réaction aux attaques qui se multiplient en mer Rouge, une nouvelle voix diplomatique influente a fait valoir sa position, ce vendredi matin. La Chine a appelé à la fin du « harcèlement » des navires civils en mer Rouge, après des attaques de rebelles Houthis. Pour rappel, ces derniers prétendent agir en solidarité avec la population gazaouie et ont lancé de nombreuses attaques sur les voies maritimes autour du Yémen depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël.

« Les eaux de la mer Rouge constituent une importante voie de commerce international pour les marchandises et l'énergie », a ainsi souligné vendredi Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

« Nous appelons à la fin du harcèlement des navires civils ainsi qu'au maintien de chaînes d'approvisionnement mondiales fluides et de l'ordre commercial international », a-t-elle indiqué lors d'un point presse régulier.

« La priorité absolue est donc de mettre fin à la guerre à Gaza le plus rapidement possible pour empêcher le conflit de s'étendre davantage ou de même devenir incontrôlable », a indiqué Mao Ning, citant la position de Wang Yi, le ministère chinois des Affaires étrangères.

Même son de cloche du côté du ministère chinois du Commerce. Ce dernier avait déjà appelé jeudi à « rétablir et garantir la sécurité des voies navigables de la mer Rouge ». « Il est à espérer que les parties concernées agiront dans l'intérêt général de la sécurité et de la stabilité régionales ainsi que dans l'intérêt commun de la communauté internationale », abondait également le même jour un porte-parole du ministère, He Yadong, selon l'agence de presse d'Etat Chine nouvelle.

Un cadre Houthis avait proposé de ne pas attaquer les navires chinois

En apparence, la position chinoise reste donc ferme quant aux attaques des rebelles Houthis, et ce quelle que soit la nationalité des navires visés. Dans un entretien accordé au quotidien russe Izvestia, publié ce vendredi, un membre de la direction politique des Houthis, Mohammed al-Bukhait, a pourtant assuré que les navires de la Chine et de la Russie n'étaient pas menacés.

Lire aussiTensions en mer Rouge : les Houthis garantissent « un passage sécurisé » aux bateaux russes et chinois

« Nous sommes même prêts à assurer le passage sécurisé de leurs navires en mer Rouge », a-t-il souligné.

Le haut cadre Houthis a également réaffirmé dans cette interview : « Les navires israéliens, ou ceux ayant un lien même ténu avec Israël, n'auront pas la moindre chance de traverser la mer Rouge (...). Notre but est d'augmenter le coût économique pour l'Etat hébreu, afin de stopper le carnage à Gaza. »

Reste à savoir si la Chine évoluera dans son positionnement. La proposition de Houthis pourrait procurer à Pékin un réel avantage commercial par rapport aux armateurs occidentaux. Grâce à ce potentiel accord, les navires russes et chinois pourraient éviter ainsi de passer par l'Afrique du Sud, gagnant de ce fait entre 10 et 20 jours de trajet par rapport aux navires. Un délai non-négligeable, puisqu'à ce stade, les armateurs préfèrent éviter la mer Rouge pour des raisons de sécurité. Et pour cause, la route par le Cap de Bonne-Espérance, au sud du continent africain, est beaucoup plus coûteuse pour les armateurs.

Pas de répit dans les attaques

Quoiqu'il en soit, les attaques en mer Rouge, elles, se poursuivent sans discontinuer. Les rebelles Houthis ont revendiqué ce même vendredi des frappes contre un navire marchand américain circulant dans le Golfe d'Aden. « Les forces navales des forces armées yéménites (nom que se donne la branche armée des Houthis, ndlr) ont mené une opération ciblée contre un navire américain, le Chem Ranger, dans le Golfe d'Aden avec plusieurs missiles antinavires dont certains ont touché leur cible », ont-ils affirmé dans un communiqué. Si le commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) a confirmé cette attaque, il estime toutefois que les deux missiles lancés n'ont pas atteint leur cible, comme le prétendent les Houthis.

Lire aussiYémen : la Russie appelle les Etats-Unis à cesser de bombarder les Houthis

De leur côté, les Etats-Unis ont frappé jeudi pour la cinquième fois des sites des Houthis au Yémen. Plus précisément, Washington a dit avoir frappé des missiles Houthis. « Nous pensons qu'ils étaient prêts à être lancés de manière imminente en mer Rouge », a expliqué le porte-parole du Conseil de sécurité nationale John Kirby.

La porte-parole adjointe du ministère de la Défense, Sabrina Singh, a dit que ces bombardements, entamés en fin de semaine dernière et parfois menés avec le Royaume-Uni, ont pu « détruire une part importante des capacités » des Houthis. Cette semaine, le président américain Joe Biden a déclaré que ces frappes continueraient tant que les Houthis perturberont le commerce maritime international.

Une coalition occidentale pour patrouiller en mer Rouge

Pour rappel, face aux tensions en mer Rouge, les Etats-Unis ont mis sur pied une coalition pour patrouiller au large du Yémen et protéger le trafic maritime. Tous les pays de cette coalition ne participent pas aux frappes, mais le Danemark, berceau du numéro 2 du transport maritime mondial Maersk, a annoncé jeudi qu'il allait s'y joindre. La France a, elle, décidé de ne pas y participer « pour éviter toute escalade » dans la région, selon le président Emmanuel Macron.

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 19/01/2024 à 18:22
Signaler
tres curieux, je disais hier que la chine risquait de donner son avis ( voire de hausser le ton, si elle est entravee)

à écrit le 19/01/2024 à 17:13
Signaler
Les chinois ont tout intérêt à écouler leurs marchandises sans encombre "business as usual "

le 19/01/2024 à 17:50
Signaler
...et l'Occident (USA & UE) qui a des intérêts mercantiles (et financiers) en faveur d'une escalade du conflit mondial (en conflit mondial armé cette fois). C'est la stratégie de "la terre brûlée" bien connue dans le domaine des "sciences économiques...

à écrit le 19/01/2024 à 13:01
Signaler
Se réveillent les Chinois?

le 19/01/2024 à 13:51
Signaler
Mots vides. Tous des mots vides de sens. Les Chinois veulent se présenter au monde comme une nation épris de paix et de maintien de la paix. Mais cela ne les empêche pas de soutenir directement et indirectement la guerre d’agression de la Russie cont...

le 19/01/2024 à 19:30
Signaler
@aditec [la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine]. Ah bon? Revenez en 2013/2014 et potassez un peu le sujet sur la révolution de Maïdan. Puis réfléchissez aussi pourquoi l'UE (et autremement dit les États-Unis) était disposée à adhérer l'...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.