[Article publié le lundi 19 février à 13h15 et mis à jour à 14h45]. Et de deux ? C'est officiel, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, va briguer un second mandat, a-t-elle annoncé ce lundi. Et ce, lors des élections européennes prévues du 6 au 9 juin.
« Je prends aujourd'hui une décision consciente et réfléchie : je souhaite me présenter pour un deuxième mandat », a indiqué la responsable allemande lors d'une conférence de presse, après avoir reçu le soutien de son camp, le parti conservateur allemand (CDU), dont elle est membre. « Nous devons continuer à nous défendre contre ceux qui nous divisent de l'intérieur et de l'extérieur, nous devons nous renforcer (...) c'est la tâche que je me suis fixée », a-t-elle ajouté.
Un deuxième mandat von der Leyen serait « un signe de stabilité, d'autant plus nécessaire quand nos valeurs européennes sont attaquées de toutes parts », a par ailleurs estimé Hendrik Wüst, l'une des figures de la CDU (chrétiens-démocrates).
Une longueur d'avance ?
Durant les cinq années où elle a présidé l'exécutif européen, l'unité des Vingt-Sept a tout de même été mise à l'épreuve du Brexit, de la pandémie de Covid-19, de l'offensive russe en Ukraine, du bras de fer entre les Etats-Unis et la Chine. Alors qu'elle avait été élue d'une courte tête en 2019, imposée comme candidate surprise par les chefs d'Etat et de gouvernement, la présidente de la commission, âgée de 65 ans, part néanmoins cette fois en campagne avec une longueur d'avance.
En effet, le Parti populaire européen (PPE), dont fait partie la CDU d'Ursula von der Leyen, compte le plus de chefs d'Etat et de gouvernement au sein de l'UE et devrait arriver en tête des élections, selon les sondages. L'ancienne ministre allemande de la Défense, première femme à avoir dirigé la Commission, devrait donc être désignée par le PPE comme sa tête de liste pour les élections européennes lors d'un congrès les 6 et 7 mars à Bucarest.
Montée des extrêmes
Mais à quatre mois du scrutin, les partis d'extrême droite ne cachent pas leurs ambitions, portés par les inquiétudes des Européens face au ralentissement économique, aux réglementations sur l'Environnement ou à la politique d'asile. Plusieurs sondages font état d'une forte poussée du groupe Identité et Démocratie (ID), qui réunit le parti Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, le Vlaams Belang belge, l'AFD allemand ou encore le FPÖ autrichien.
Le groupe Identité et Démocratie pourrait ainsi devenir le troisième groupe dans l'hémicycle de Strasbourg, en doublant les libéraux de Renew, par ailleurs également au coude-à-coude avec l'autre groupe de droite radicale en progression autour de Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni, du parti polonais Droit et Justice (PiS) et de l'espagnol Vox.
Si la droite radicale sort renforcée des prochaines élections, elle risque de durcir la politique migratoire et de rendre plus difficile l'adoption de nombreux textes, en particulier les législations environnementales. Conscients de cette concurrence, les élus conservateurs du PPE se sont battus depuis un an contre des projets législatifs phares du Pacte vert, dont un texte sur la restauration de la nature, qu'ils ont largement édulcoré, et une loi pour réduire l'usage des pesticides, dont ils ont contribué au rejet. Face aux réticences grandissantes sur les réglementations environnementales, Ursula von der Leyen avait d'ailleurs annoncé à l'automne « une nouvelle phase » du Pacte vert, axé sur la compétitivité des entreprises.
La défense comme enjeu clef
Le renforcement de la défense européenne devrait également occuper une place centrale pour la future Commission, au moment où les Européens s'inquiètent d'un possible retour de Donald Trump à la présidence américaine qui pourrait remettre en question le rôle de Washington dans les pactes de sécurité collective. Ursula von der Leyen veut créer, si elle est réélue, un nouveau poste de commissaire à la Défense.
Elle souhaite augmenter les dépenses de défense afin de « dépenser mieux » avec des achats européens conjoints et ainsi donner des garanties aux industriels, et permettre une meilleure interopérabilité entre les forces armées européennes.
Au-delà du soutien à l'Ukraine face à la Russie, « il s'agit de savoir si les démocraties prévalent à l'échelle mondiale et si nous sommes en mesure de défendre et de protéger nos valeurs. Et la réponse doit être oui », a-t-elle également souligné ce week-end à la Conférence de Munich sur la sécurité.
Lorsqu'elle est nommée, à la surprise générale fin 2019, l'accueil est plus que timoré. Joker du couple franco-allemand quand toutes les autres options avaient échoué, elle est reçue fraichement. Le Parlement européen ne lui a accorde sa confiance qu'à une très courte majorité (neuf voix). Quatre ans plus tard, « VDL » s'est imposée à Bruxelles, ville qui l'a vue naître et grandir jusqu'au début de l'adolescence. Et sa reconduite à la présidence de la Commission, si elle n'est en aucun cas garantie, apparaît comme une hypothèse crédible. « Il y a eu plusieurs situations de crise au cours de son mandat où elle a répondu présente, et où elle s'est assurée d'être aussi visible que possible dans l'action », fait valoir à l'AFP un diplomate européen.Un accueil timoré lorsqu'elle est nommée en 2019
(Avec AFP)