Le déficit public de l'Italie a reculé fin 2023 mais devrait rester plus élevé que prévu cette année

Le déficit public italien s'est réduit à 5,5% du produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre 2023, contre 6,7% sur la même période de 2022. Une amélioration liée, notamment, à l'effet de la hausse des rentrées fiscales. Sur l'ensemble de l'année 2023, il atteint 7,2% du PIB, après 8,6% en 2022. Néanmoins, le gouvernement a revu à la hausse ses prévisions pour 2024.
Pour rappel, un dispositif d'incitations fiscales généreux, introduit par le gouvernement Conte en 2020 pour rendre les habitations moins énergivores, a fait déraper ces trois dernières années les déficits de l'Italie.
Pour rappel, un dispositif d'incitations fiscales généreux, introduit par le gouvernement Conte en 2020 pour rendre les habitations moins énergivores, a fait déraper ces trois dernières années les déficits de l'Italie. (Crédits : GUGLIELMO MANGIAPANE)

[Article publié le vendredi 05 avril 2024 à 14h45 et mis à jour à 16h45] Bonne nouvelle pour l'économie italienne. Le déficit public de l'Italie s'est réduit à 5,5% du produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre 2023, contre 6,7% sur la même période de 2022, sous l'effet de la hausse des rentrées fiscales, a annoncé ce vendredi l'Institut national des statistiques du pays (Istat).

« Le cadre général des finances publiques montre un endettement en amélioration et une pression fiscale en hausse par rapport au quatrième trimestre » de l'année précédente, commente l'Istat dans un communiqué. L'énorme dette de l'Italie a, en effet, commencé à diminuer, le ratio passant à 137,3% du PIB en 2023, après 140,5% en 2022. C'est mieux qu'attendu par le gouvernement qui avait prévu 140,2% pour 2023. Par ailleurs, les recettes fiscales se sont ainsi accrues de 7,9%, davantage que les dépenses qui ont augmenté de 5,4%.

Vers un déficit à 4,5% en 2024

Pour rappel, sur l'ensemble de l'année 2023, le déficit italien a atteint 7,2% du PIB, après 8,6% en 2022. Et si le gouvernement Meloni compte ramener le déficit en dessous de 4,5% du PIB cette année, ce chiffre est légèrement supérieur à l'objectif de 4,3% fixé en septembre et surtout aux 3,7% attendus précédemment. Ce n'est qu'en 2026 que le déficit devrait passer sous la barre des 3% du PIB.

Cette révision à la hausse peut notamment s'expliquer par la mise en place par le gouvernement Conte en 2020 d'un dispositif d'incitations fiscales généreux pour rendre les habitations moins énergivores.

Dans le viseur de l'Europe

Si son déficit public a été dans une courbe descendante fin 2023, l'Italie n'échappera pas à une procédure pour déficit excessif cette année, dans la mesure où la suspension par Bruxelles du Pacte de stabilité s'est terminée fin 2023, a reconnu mercredi le ministre de l'Economie Giancarlo Giorgetti.

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Pour rappel, ce pacte limite le déficit public à 3% du PIB et la dette à 60%. Toutefois, une réforme approuvée en février confirme ces ratios, mais rend plus flexible l'ajustement réclamé aux pays de l'UE en cas de déficits excessifs. Cette nouvelle procédure permet à la Commission européenne de mettre sous surveillance les pays dont les déficits dérapent. Elle peut théoriquement aboutir à des amendes, mais, dans les faits, elles n'ont jamais été mises en œuvre.

Une croissance revue à la baisse

En parallèle, le gouvernement italien a récemment annoncé qu'il s'apprêtait à abaisser ses prévisions de croissance pour tabler sur une hausse du PIB de 1% en 2024 et de 1,2% en 2025. Ces chiffres devraient figurer dans la prochaine feuille de route économique qui sera examinée mardi en Conseil des ministres.

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Auparavant, le gouvernement attendait une croissance de 1,2% cette année et 1,4% en 2025. Ces objectifs, qui peuvent encore varier en fonction des mesures gouvernementales prises pour soutenir la croissance, sont supérieurs aux prévisions de la Banque d'Italie, qui table sur seulement 0,6% en 2024 et désormais 1% en 2025. Mais elle a relevé celle de 2026, à 1,2% contre 1,1%.

« L'activité économique bénéficiera de la reprise de la demande extérieure et du pouvoir d'achat des ménages », alors que la suppression des incitations fiscales favorisant la construction devrait « peser sur l'investissement », juge l'institution.

Pour stimuler sa croissance, l'Italie peut également compter sur les fonds du plan de relance européen, dont elle est la première bénéficiaire avec 194,4 milliards d'euros prévus d'ici à 2026.

Bataille de l'inflation

Enfin, l'Italie est toujours engagée dans sa bataille contre l'inflation. Celle-ci s'est accélérée en mars de cette année, passant à 1,3% sur un an après 0,8% en février, selon des données provisoires publiées vendredi 29 mars, par son Institut national de la statistique (Istat).

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Et bonne nouvelle, la Banque d'Italie a nettement revu à la baisse vendredi sa prévision pour l'inflation cette année, tablant désormais sur 1,3%, contre 1,9% auparavant, après une hausse des prix de 5,9% en 2023. Cette révision « reflète principalement une baisse plus rapide que prévu des prix des biens énergétiques, en particulier du gaz », indique-t-elle dans un communiqué. L'inflation devrait cependant remonter à 1,7% en 2025 et 2026.

La consommation des ménages, après la forte baisse enregistrée à la fin de 2023, « devrait être repartie à la hausse au premier trimestre ». Dans un contexte de ralentissement de l'inflation, leur consommation devrait croître de 0,1% en 2024 et de 1,3% en 2025 et 2026.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 06/04/2024 à 10:47
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Le pacte de stabilité des États de la zone euro est une plaisanterie. Cela n’a pas été respecté dès le départ. Elle n’a été formulée que pour vaincre la résistance allemande à l’euro. Selon les critères de stabilité, ni l'Italie ni la Grèce n'auraien...

à écrit le 05/04/2024 à 17:40
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D'accord, ce n'est pas brillant; mais c'est mieux que chez nous. On pourrait peut-être demander conseil à Madame LE Président du Conseil italien.

le 06/04/2024 à 0:04
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En fait non, c'est pire! Quand on compare les pyramides des âges de la France avec celle d'autre pays comparables ('Espagne, Italie) on constate que c'est de toute évidence en France que la démographie met le plus l'Etat sous pression...

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