L'horizon se dégage un peu pour l'industrie européenne. Selon le dernier indice Markit publié ce jeudi 1er octobre, l'activité mesurée par les réponses des directeurs d'achat a augmenté entre août et septembre, passant de 51,7 à 53,7. Après avoir atteint un point bas au printemps lorsque la plupart des pays européens avaient mis en œuvre des mesures drastiques de confinement, la production manufacturière s'améliore pour le troisième mois consécutif.
"La croissance du secteur manufacturier de la zone euro s'est à nouveau renforcée en septembre, la production ayant enregistré, sur l'ensemble du troisième trimestre, sa plus forte expansion depuis le début de l'année 2018. Les dernières données PMI signalent également une accélération de la croissance des nouvelles commandes et des ventes à l'export, témoignant d'un raffermissement général de la demande. Conjuguée à une amélioration des perspectives d'activité, cette tendance a favorisé un ralentissement de la contraction de l'emploi. L'optimisme des entreprises a retrouvé ses niveaux records enregistrés en début d'année 2018, avant l'intensification de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis."
Malgré ces signaux encourageants pour l'appareil productif, la résurgence de l'épidémie pèse sur la croissance. Les économistes s'interrogent sur le profil de la reprise au dernier trimestre 2020. Lors d'un point presse mercredi 30 septembre, le directeur de la recherche économique du groupe BNP Paribas, William De Vijlder, s'est montré prudent. "La tendance récente est marquée par des chiffres moins toniques que lors de la période précédente. Il y a une perte de momentum. Est-ce que cette perte de momentum va se poursuivre par une normalisation ? L'allure de la baisse du chômage aux US est inédite. Il reste beaucoup d'incertitudes sur la situation sanitaire, la situation politique et la situation économique". En effet, le dénouement du Brexit et les résultats de l'élection présidentielle américaine pourraient rebattre les cartes des échanges commerciaux à l'échelle de la planète.
L'industrie allemande dans le vert
Le redémarrage des moteurs de l'appareil productif allemand se poursuit. D'après les derniers chiffres du cabinet Markit, l'indice a atteint 56,4, soit un plus haut depuis 26 mois. L'industrie outre-Rhin, qui a connu des déboires en raison notamment des soubresauts du commerce mondial et d'un durcissement des normes environnementales, a mené la croissance du secteur manufacturier ces derniers mois. En outre, la Chine, qui a vu sa croissance bondir ces derniers mois, est en meilleure position pour échanger avec la première économie de l'Union monétaire. L'Italie, avec un indice à 53,2 au plus haut depuis 27 mois, arrive en seconde position. L'expansion du secteur est également portée par les Pays-Bas (52,5) et l'Autriche (51,7).
Regain de croissance pour la France menacée par une nouvelle vague
Après un printemps désastreux, l'industrie tricolore, déjà fragilisée par des décennies de désindustrialisation et de délocalisations, redémarre progressivement. L'indicateur PMI des directeurs d'achat est sorti de sa zone récessive (en deçà de 50) pour passer de 49,8 à 51,2. "Les données PMI de septembre suggèrent un maintien de la croissance du secteur manufacturier français après la forte contraction provoquée par l'épidémie de coronavirus au premier semestre. En effet, la production et les nouvelles commandes ont enregistré une nouvelle hausse tandis que la confiance des entreprises s'est renforcée au cours du mois", explique Eliot Kerr, économiste à IHS Markit.
La recrudescence du virus et la multiplication de mesures pour limiter la propagation de cette maladie infectieuse pèsent sur le rebond de l'industrie tricolore. "On peut en effet s'attendre à un durcissement des mesures de restriction à l'approche de l'hiver qui feront obstacle à la reprise de l'activité dans de nombreuses entreprises. L'instauration d'un nouveau confinement devrait remettre en cause la viabilité de nombreuses activités de production, tandis qu'une seconde vague de contamination risque d'entraîner une baisse prolongée de la capacité dans les usines", ajoute l'économiste. En effet, la vitesse de la reprise va dépendre grandement de l'évolution de l'épidémie dans les semaines à venir et des avancées de la recherche.
En outre, le rebond de l'économie tricolore et de l'économie européenne va également dépendre de la rapidité de mise en œuvre des plans de relance. "Le profil en V se transforme peu à peu en aile d'oiseau. Au premier semestre, on a eu grand plongeon qui sera suivi d'un rebond mécanique très important au troisième trimestre à hauteur de 15% en rythme trimestriel. Quand on regarde les indicateurs d'activité, il y a eu un redémarrage vigoureux mais incomplet lié aux incertitudes sanitaires en France ", a rappelé l'économiste de BNP Paribas, Hélène Baudchon.
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