Après le Libor, les banques menacées par le scandale du marché des changes

La banque britannique Barclays a confessé avoir reçu des demandes de renseignements de la part de certaines autorités de marchés, en relation avec les enquêtes de ces dernières sur de possibles manipulations du marché des changes. D'autres établissements européens sont dans déjà dans le collimateur.
Christine Lejoux
La banque britannique fait l'objet de demandes de renseignements de la part des autorités de marchés, au sujet de possibles manipulations du marché des changes.

Après la manipulation des taux interbancaires Libor et Euribor, un nouveau scandale semble prendre corps, dans le secteur bancaire. Celui de la manipulation du marché des devises, le plus important marché financier au monde, avec 5.300 milliards de dollars échangés chaque jour. Mais également l'un des moins régulés, puisque la majorité des transactions s'effectue hors des marchés organisés.

 A l'occasion de la présentation de ses résultats trimestriels, ce mercredi, Barclays a en effet confessé avoir "reçu des demandes de renseignements de la part de certaines autorités", en relation avec les enquêtes de ces dernières sur de possibles manipulations du marché des changes.

 Ni une ni deux, la troisième banque britannique - en termes de capitalisation boursière - s'est plongée dans ses archives, afin de passer au tamis l'ensemble de ses opérations réalisées sur le marché des devises, et ce sur une période "de plusieurs années allant jusqu'à août 2013."

Des traders de grandes banques mondiales auraient manipulé l'indice WM/Reuters

 Quelques jours auparavant, ce sont la banque suisse UBS, Deutsche Bank et Royal Bank of Scotland qui avaient révélé faire l'objet de pareilles sollicitations de la part des autorités de marchés, dans le cadre de ce qui risque de devenir le scandale du marché des changes. C'est le 12 juin que l'affaire avait commencé à sourdre, lorsque l'agence Bloomberg avait révélé que des traders de certaines des plus grandes banques du monde manipulaient - chaque jour et depuis au moins dix ans - le WM/Reuters, le taux de référence du marché des devises.

 Celui-ci est calculé toutes les heures pour 160 monnaies, sur la base de la médiane de l'ensemble des transactions enregistrées durant les 60 secondes précédant le passage d'une heure à une autre (de 14h à 15h, par exemple). Selon Bloomberg, les traders en question auraient passé des ordres de vente en rafale durant cette fenêtre de tir de 60 secondes, afin de faire baisser le taux WM/Reuters.

 Les autorités de plusieurs pays multiplient les enquêtes

L'objectif : racheter à bas prix, à 15h par exemple, les devises vendues durant l'heure précédente à un taux plus élevé, afin d'empocher la différence entre ces deux taux. Et tant pis pour les fonds de pension et autres investisseurs institutionnels qui utilisent l'indice WM/Reuters au jour le jour pour évaluer leurs actifs libellés en devises étrangères…

L'affaire avait été suffisamment prise au sérieux pour que la Financial Conduct Authority (FCA) - le gendarme des marchés britanniques - décide dès le 12 juin d'ouvrir une enquête préliminaire sur de possibles manipulations du marché des changes.

Les choses se sont accélérées ces dernières semaines : le 4 octobre, la Finma - l'autorité suisse des marchés - et la Commission de la concurrence helvétique ont à leur tour ouvert des enquêtes similaires, évoquant des "ententes possibles entre différents instituts bancaires sur les taux de change de plusieurs devises." Les Autorités européennes de la concurrence leur ont emboîté le pas le 7 octobre, suivies moins d'une semaine plus tard par le département américain de la Justice.

 Quatre banques se partagent plus de la moitié du marché des changes

 A aucun moment, ces autorités n'ont évoqué une banque en particulier. Mais, aussi énorme soit-il, le marché des changes est très concentré, quatre banques détenant une part de marché de plus de 50%, au total, selon Euromoney Institutional Investor. Quatre banques parmi lesquelles figurent… Barclays, Deutsche Bank et UBS.

Ces deux dernières ont publié le 29 octobre des résultats trimestriels grevés par le coût des litiges juridiques dans lesquels elles sont empêtrées. Au point que la Finma a exigé d'UBS que la banque augmente de 50% ses fonds propres, afin d'être en mesure d'absorber le coût de "litiges connus ou inconnus." "Nous nous attendons à ce que le contexte juridique demeure difficile" a, de son côté, prévenu Deutsche Bank. Le groupe ne croyait sans doute pas si bien dire.

 

Christine Lejoux

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Commentaire 1
à écrit le 01/11/2013 à 16:25
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Il n'y a plus de scandale. Par définition, un scandale, ça scandalise. Mais nous en sommes tellement gavés que ça ne nous scandalise plus. C'en est juste un de plus...

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