"Le financement du groupe Dexia est de plus en plus diversifié"

Alors que Moody's envisage d'abaisser 
la note de Dexia Credit Local, son dirigeant estime que la structure de financement du groupe s'est assainie.
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Le résultat d'exploitation de Public ans Wholesale Banking a chuté de près de 30% en 2010. Quelle est votre marge de man?uvre ?
Historiquement, lorsque le groupe a décidé de se développer à l'international, la plupart des filiales hors France et Belgique ont été logées dans Dexia Crédit Local. Ainsi, aujourd'hui les comptes de DCL supportent les provisions passées sur le portefeuille de FSA Financial Products, ce qui n'a rien à voir avec l'activité courante de DCL. L'allongement des maturités de refinancement pèse également mais cela correspond à la résolution du problème historique du groupe. Enfin, il faut ajouter l'impact des tensions de liquidité sur la période. Quand on regarde les résultats hors FSA Financial Products, ils sont de bien meilleure qualité car ils sont refinancés de manière convenable, avec une part à court terme et une part banque centrale en forte réduction et c'est cela l'essentiel. PWB reste un contributeur clé aux résultats du groupe puisqu'il en représente 35 % des résultats des métiers du groupe.

Quelle stratégie comptez-vous mettre en ?uvre ?
Notre stratégie est claire : notre bilan et nos financements à long terme sont des ressources rares. Ce qui suppose à la fois d'obtenir une rentabilité satisfaisante des capitaux propres et d'utiliser le financement à long terme pour développer une relation globale avec les clients. Aujourd'hui, comme nos concurrents, nos ressources bilantaires sont comptées et cela nous conduit aux mêmes conclusions. Avec le secteur public local, nous cherchons à développer un partenariat stratégique à long terme. L'approche opportuniste, à court terme et la fourniture de seuls produits « vanille » n'est pas notre objectif. Nous voulons couvrir l'ensemble du spectre des produits et services bilantaires et non bilantaires de nos clients.

Qu'est-ce qui vous fait penser que c'est la bonne stratégie pour DCL ?
Dexia Crédit Local a des atouts très forts : un vrai portefeuille de clientèle, une gamme complète de produits et services et une très bonne connaissance du secteur local et public. En outre, la position de DCL dans le financement de projets est remarquable. Dans ce métier fondamental, nous sommes parmi les leaders mondiaux dans les secteurs de l'environnement, des énergies renouvelables, des infrastructures et du transport. Et compte tenu des besoins d'infrastructure dans le monde et de l'état des budgets publics, les partenariats publics privés se développent partout. Nous avons également développé une relation très forte avec les soixante principaux sponsors industriels dans le monde : grands opérateurs de BTP d'énergie, d'infrastructure.....

Le financement de projets est-il appelé à devenir la principale activité de Dexia Crédit Local ?
Nous avons trois métiers : le financement local et public, le financement de projets et les financements structurés, et le "corporate banking" en Belgique. Les deux premiers progressent de concert : notre position dans le financement de projet résulte à la fois de notre relation privilégiée avec les grands sponsors industriels et de notre proximité avec les collectivités locales. Pour le financement public, en Belgique, nous avons une position dominante que nous devons maintenir ; en France, la concurrence est beaucoup plus forte et nous cherchons à nous diversifier et à intensifier nos relations avec le secteur public local ; dans le reste du monde, nous avons une approche ciblée.

Votre part de marché sur les collectivités locales en France ne cesse de chuter...
Elle est actuellement autour de 15%, alors qu'elle était de 40% en 2008 et de 20% en 2009. Mais ces chiffres ne sont pas très significatifs car il s'agit de parts de marché en financement à long terme, or précisément tout le monde cherche à faire autre chose que du financement. Nous n'avons pas d'objectif en termes de volumes ou de part de marché, mais en termes d'intensité de relations avec nos clients.

Comment fait-on pour regagner la confiance des collectivités locales ?
La confiance des collectivités locales est là : les études de satisfaction clients réalisées en externe montrent un niveau de confiance supérieur à 70%, ce qui est très positif. Evidemment, nos clients sont moins heureux des prix pratiqués sur le financement long terme qu'avant, que ce soit chez nous ou chez nos concurrents, mais nous ne bradons plus notre bilan. En revanche, ils sont très satisfaits de notre connaissance de leurs besoins, de notre réactivité ou de l'originalité des solutions proposées.

Sont-elles plus réticentes vis-à-vis des produits structurés ?
La demande des clients en la matière demeure stable entre 2009 et 2010 et les crédits structurés représentent à peu près 5% de notre production. Il y a souvent un abus de langage qui consiste à assimiler produit structuré et produit toxique. Un crédit structuré doit d'abord et avant tout être utile. Il permet d'offrir au client la nature de taux dont il a besoin, par exemple transformer un taux fixe en taux variable ou le contraire. En 2010, le taux moyen payé par nos clients sur les crédits structurés était de 3,65% et le taux moyen payé par le décile des clients qui payaient le plus, de 5,35% ; aucun de nos clients n'a supporté un taux supérieur à 10%

Cela ne correspond pas au discours de plusieurs collectivités locales...
Le problème est qu'un grand nombre de collectivités locales qui se retrouvent dans des situations difficiles aujourd'hui ont choisi de swapper leurs crédits avec une autre banque. Dans ces cas-là, nous n'avons plus la main sur le crédit, dont nous ne sommes plus les uniques contreparties. Je rappelle également que nous n'avons jamais commercialisé de produits « snowballs » ou boule de neige, dont les taux montent, mais ne baissent jamais et qui sont à l'origine des cas les plus tendus évoqués par les médias. Actuellement, nous rencontrons tous les clients qui ont des emprunts en devise et qui demandent des aménagements. Je crois pouvoir dire que globalement cela se passe de façon constructive. Nous sommes également les premiers à nous être engagés sur dix principes de commercialisation en 2009 et à avoir signé la charte Gissler. Enfin, nous sommes les seuls à avoir demandé une commission d'évaluation externe. Celle-ci a été menée par le vice-président de la Commission des Finances à l'Assemblée Nationale, Michel Bouvard, par le président de chambre honoraire à la Cour des Comptes, Bernard Cieutat et par l'ancien secrétaire général de la Commission bancaire, Jean-Louis Fort.

Combien d'assignations en justice avez-vous reçu à ce jour ?
Nous avons reçu des assignations de deux collectivités et nous sommes sereins sur leur issue.

La structure de financement de Dexia, et particulièrement sa dépendance au financement à court terme, vous préoccupe-t-elle ?
En octobre 2008, lorsque le plan de transformation a été lancé par le nouveau management du groupe, Dexia finançait 45% de son bilan à court terme. L'objectif 2014 est d'atteindre 14% de financement court terme et à fin décembre 2010, nous étions déjà à 21%. Aujourd'hui le financement du groupe Dexia est de plus en plus diversifié. Il repose d'abord sur les dépôts qui sont développés par l'ensemble du groupe. Dexia PWB a un objectif de 10 milliards d'euros de dépôts pour 2011. Le groupe Dexia est aussi l'un des spécialistes mondiaux d'émissions, au travers de véhicules triple A, de titres comme les covered bonds. Enfin, nous réglons notre production en fonction de nos capacités de refinancement. Signe que la structure de financement du groupe est beaucoup plus saine : depuis le début de l'année, le marché est redevenu erratique et en dépit de cela le bateau Dexia tient la route.

Que représentent les 3 milliards de refinancement que La Banque Postale devrait apporter à Dexia en 2011 par rapport aux autres sources de refinancement du groupe ?
A titre de comparaison, Dexia a émis pour 44 milliards d'euros d'obligations à long terme en 2010, dont 13,5 milliards de covered bonds. Cette année, début mars, le total des émissions à long terme réalisées est déjà d'environ 6 milliards d'euros. Comme Philippe Wahl et Pierre Mariani l'ont indiqué, La Banque Postale décide selon ses propres intérêts et son propre calendrier de souscrire ou pas à des tranches et elle le fait car elle a des excédents de liquidité que nous savons utiliser intelligemment et rémunérer convenablement. C'est un accord de marché, dans l'intérêt des deux parties.

Avez-vous le même type d'accord de marché avec d'autres banques ?
Nous sommes en relation avec les grands investisseurs de la planète et en ce moment, ils sont tous à la recherche de papier triple A, susceptible de leur apporter un bon rendement et un bon niveau de garantie.

Le dialogue avec La Banque Postale pourrait-il conduire à un rapprochement ?
Comme les dirigeants des deux établissements l'ont rappelé, ce sujet n'est pas à l'ordre du jour.

Quid du scénario de scission entre la partie belge et la partie française ?
Jean-Luc Dehaene et Pierre Mariani le répètent depuis plus de deux ans. Cette option n'est pas à l'ordre du jour.

La possibilité de rapatrier Dexia Crédit Local dans le giron de la Caisse des Dépôts est aussi parfois évoquée...
Notre priorité est la poursuite et la réussite du plan de transformation du groupe Dexia.

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Commentaire 1
à écrit le 01/04/2011 à 16:00
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Il est peu probable que Dexia soit séparé. Le groupe est classé dans les premier tableau du Global Fortune 500 et ses promoteurs voudront certainement l'y conserver en trouvant un amortisseur financier et un nouveau business modèle à ce groupe. Chang...

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