Grèce : la nationalisation forcée des banques est redoutée

Si pour certains banquiers hellènes, une décote de la dette faciliterait la sortie de la crise, pour d'autres, une décote plus importante que prévue serait catastrophique.
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Les banquiers grecs sont inquiets et partagés. Certes, une décote de la dette d'Etat facilitera la sortie de la crise, « même dans le milieu bancaire, on commence à l'admettre », soupire un haut cadre d'une banque privée étrangère très bien implantée en Grèce. Mais si cette décote, annoncée à 21 % en juillet dernier, venait à dépasser les 50 %, « là ça n'irait plus, s'inquiète ce même cadre. Sans soutien financier et sans une baisse substantielle des taux d'intérêts, on risque la nationalisation. On ne pourra plus emprunter sur les marchés et, à notre tour, on ne pourra plus prêter aux PME. Sur le terrain cela se traduira par des faillites en cascades et des licenciements supplémentaires. »

« Plus un sou vaillant »

Sur le terrain, justement, Vassilis Korkidis, président de l'association des commerçants grecs, tire la sonnette d'alarme depuis des mois : « il n'y a pas plus un sou vaillant en circulation !, s'exclame-t-il de son bureau situé dans le quartier historique d'Athènes où les enseignes les plus illustres ferment les unes après les autres. Le commerce a besoin du soutien des banques et celles-ci nous tournent le dos. Si elles perdent des fonds avec cette décote, cela sera pire. »

Il n'empêche, à la surprise générale, la semaine dernière, la Banque centrale de Grèce a activé son fonds de soutien bancaire pour renflouer les actifs sains de la petite banque Proton, qui fait l'objet d'une enquête pour détournement de fonds. Ainsi, en vertu d'une loi de 2007 sur l'assainissement du secteur bancaire, une « nouvelle banque Proton » a été créée, dans laquelle ont été transférés les dépôts publics et privés, ainsi que les actifs sains (portefeuilles de prêts et titres) de l'ancienne banque. « Proton est un cas particulier », a pour sa part souligné le porte-parole du gouvernement. Il a assuré que « les capitaux des banques grecques étaient suffisants et qu'il n'était pas question de les nationaliser maintenant ».

Mais la nouvelle a fait l'effet d'une bombe dans les milieux bancaires et tout le monde redoute des nationalisations forcées qui n'en porteraient pas le nom. « On est déjà dans une faillite qui ne porte pas son nom », ironise le cadre désabusé et pas franchement rassuré par les déclarations du ministère des finances qui martèle à qui veut l'entendre que les banques grecques et tous les dépôts étaient « protégés ». Reste que pour le président de la Banque du Pirée, toute opération d'effacement de la dette grecque plus importante que prévue serait catastrophique pour la Grèce et les banques européennes. Selon lui, « un effacement de 50 % de la dette grecque » ne conduirait qu'à une réduction de 20 à 25 milliards d'euros de son montant, sur les quelque 360 milliards d'euros de dette. Pour la Grèce, juge M. Sallas, le gain ne serait « que de 10 à 15 milliards », car le pays devrait réemprunter auprès des pays européens et du FMI pour renforcer ses caisses d'assurances et recapitaliser ses banques ».

 

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