A Saint-Denis, le Crédit Coopératif inaugure un incubateur militant

Le banquier des associations et des coopératives veut accompagner la nouvelle génération d'entrepreneurs de l'économie sociale et solidaire. Son incubateur dédié à l'inclusion accueille des projets variés allant de la digitalisation des monnaies locales à la création d'une coopérative de livreurs, en passant par une plateforme de colocations solidaires.
Juliette Raynal
L'incubateur du Crédit Coopératif accompagne sept pépites de l'économie sociale et solidaire.
L'incubateur du Crédit Coopératif accompagne sept pépites de l'économie sociale et solidaire. (Crédits : Twitter Crédit Coopératif)

Quelle banque ne dispose pas aujourd'hui de son propre incubateur ? Après le Crédit Agricole et sa trentaine de pépinières d'entreprises Village by CA, BNP Paribas et son programme d'accélération à Station F, Société Générale et son technopôle Les Dunes et La Banque Postale et son espace d'open innovation Platform58, le Crédit Coopératif (l'une des 14 Banques Populaires du groupe BPCE) est le dernier établissement bancaire en date à s'être doté de cet outil d'innovation. La banque des associations et des coopératives (plus de 90% de ses encours de crédits s'adressent aux coopératives, PME-PMI et aux associations et organismes d'intérêt général) a inauguré, vendredi 12 avril, son nouvel incubateur baptisé L'Envolée à Saint-Denis (93).

« Il s'agit d'un incubateur dédié à l'inclusion, qu'elle soit numérique, sociale, financière ou liée à un handicap. Par cette initiative, nous réaffirmons que le Crédit Coopératif est la banque de référence de l'économie sociale et solidaire. Nous avons choisi le territoire de Saint-Denis, car la Seine-Saint-Denis est l'un des départements les plus dynamiques en termes de création d'entreprises. C'est aussi là que se trouvera le village olympique en 2024 », a expliqué Christine Jacglin, directrice générale du Crédit Coopératif.

Monnaie locale 2.0 et coopérative de livreurs

L'espace lumineux de 400 mètres carrés, situé à quelques pas de la basilique, accueille et accompagne depuis le mois de février sept porteurs de projets d'horizon variés. Certains, comme le traiteur La petite Casa, sont ancrés sur le territoire dionysien, mais ce n'est pas le cas de tous. Nicolas Caillouët est le cofondateur de Monkey Money. Il développe des outils numériques pour améliorer la gestion des monnaies locales et faciliter leur digitalisation. Cinq organisations utilisent aujourd'hui ses solutions. « Avant, nous étions hébergés au Village by CA, rue de la Boétie à Paris, mais nous étions noyés parmi 80 startups. Ici, nous sommes mieux identifiés. Le Crédit Coopératif travaille, par ailleurs, depuis longtemps sur les questions de monnaie locale et connaît bien ce marché », explique-t-il. Quelques bureaux plus loin, Mamadou Marciset de l'association Coïncide développe Riders Social Club, un projet de coopérative de livreurs. « Dans le cadre de notre association, nous en avions marre d'aider les jeunes à créer des statuts d'auto-entrepreneur pour travailler chez Uber. Nous souhaitons remettre les droits sociaux au cœur de l'activité économique », explique son coéquipier.

Manon Grard-Manoukian, elle, est à l'origine de Caracol, qui crée des colocations mixtes et solidaires, en rapprochant réfugiés et Français, dans des logements laissés vacants. « La première colocation mixte et solidaire a vu le jour au Perreux-sur-Marne. Cinq personnes y vivent. Elles viennent de Somalie, du Soudan, d'Afghanistan, de Paris et de Bretagne », se réjouit-elle.

« Le monde des incubateurs est prolifique. Nous ne voulons pas nous poser comme concurrent, mais montrer que l'innovation sociale est clé. Aujourd'hui, on réduit encore trop les questions d'innovation à la technologie », commente Jean-Louis Bancel, président du Crédit Coopératif.

Un investissement de 450.000 euros

Les porteurs de projets bénéficient d'un accompagnement collectif et personnalisé sur une période d'un an. « Des ateliers sur les questions de financement, de communication et de marketing sont organisés. Chaque porteur de projet est accompagné par un mentor (membre du comité exécutif de l'établissement bancaire, ndlr) et nous mettons à disposition notre réseau de partenaires (Adie, Avise, France Actives, Le Labo de l'ESS, etc.) pour les aider à croître », détaille Anne-Laure Reynier, en charge de L'Envolée.

En échange, les porteurs de projets doivent s'acquitter d'un loyer de 250 euros par mois pour un poste de travail, puis de 100 euros pour le deuxième. Le Crédit Coopératif n'entre pas au capital et reconnaît ne pas avoir encore statué sur le modèle économique du dispositif, dont le déficit annuel est estimé à 150.000 euros. « L'Envolée représente un investissement de 245.000 euros et nous avons reçu une subvention de fonctionnement pour l'année de lancement de 45.000 euros de la part de la Région Ile-de-France », précise Christine Jacglin.

« L'Envolée s'inscrit dans notre plan stratégique « Nouvelles frontières ». Nous sommes convaincus que le monde de la banque évolue et que nous devons conquérir de nouveaux territoires. Le territoire de la marque Crédit Coopératif ne sera pas exclusivement financier. Le Crédit Coopératif n'est pas voué à ne faire que du crédit aux entrepreneurs de l'économie sociale et solidaire. Nous pouvons les accompagner d'une autre manière, comme ici », conclut Jean-Louis Bancel.

Juliette Raynal

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