Assurance : CNP conforte au premier semestre sa dimension internationale

Le groupe, deuxième assureur-vie en France, et désormais filiale à 100 % de La Banque Postale, présente des résultats semestriels solides et renforce sa présence en Italie, désormais son principal marché à l’international, devant le Brésil. L’international représente désormais près de la moitié de son chiffre d’affaires et d’autres opérations de croissance externe sont envisagées à l’avenir.
Le groupe d'assurance voit son résultat net semestriel bondir de 8 % à 748 millions d'euros.
Le groupe d'assurance voit son résultat net semestriel bondir de 8 % à 748 millions d'euros. (Crédits : CNP)

Le monde change, le groupe d'assurances CNP aussi. Longtemps perçu comme l'assureur-vie des Français à l'ombre des réseaux postaux ou des caisses d'épargne, le groupe, désormais filiale à 100% de La Banque Postale après son retrait de la cote en juin dernier, affiche des ambitions de croissance en Europe et en Amérique Latine, et prépare même sa diversification dans l'assurance dommages, avec la prochaine intégration, courant 2023, des activités IARD de La Poste. « C'est un changement de dimension pour nous », se félicite Stéphane Dedeyan, directeur général de CNP.

En marge de la présentation des résultats semestriels, le groupe a d'ailleurs annoncé la réorganisation de ses activités en Italie, devenu son second marché à l'international, devant le Brésil. Il vient ainsi d'acquérir la participation de 49% détenue par son partenaire stratégique en Italie UniCredit dans CNP Vita Assicura, pour 500 millions d'euros, et la vente de 6,5% du capital de CNP UNiCredit Vita à la banque italienne.

Une double opération qui reflète, selon le directeur général, « la singularité de notre modèle » qui repose sur « deux jambes », à savoir des accords stratégiques avec des grands acteurs bancaires d'une part et, d'autre part, des accords de distribution multipartenaires. En Italie, 40% du chiffre d'affaires semestriel (4,7 milliards d'euros) est réalisé via UniCredit et 60 % avec d'autres partenaires.

Stratégie de conquête

« Notre stratégie est une stratégie de développement, nous sommes en conquête », souligne Stéphane Dedeyan, qui ajoute que « d'autres opérations de croissance externe sont dans les cartons » en Europe ou en Amérique Latine. De fait, l'international commence à devenir la marque de fabrique de CNP et pèse désormais près de la moitié de son chiffre d'affaires, qui représente au total près de 20 milliards d'euros premier semestre, en hausse de 22 % grâce aux acquisitions italiennes.

En France, l'activité a été moins dynamique en assurance-vie et retraite au premier semestre, avec un chiffre d'affaires en recul de 2,6% à 10,3 milliards d'euros, avec une décollecte de plus d'un milliard, la progression des Unités de compte (UC) n'arrivant pas à compenser la chute du fonds en euros (-3 milliards d'euros). Les UC représentent près de 32 % de la collecte au premier semestre, une moyenne inférieure à la moyenne du secteur (39%), mais CNP comble rapidement le retard pris dans les années précédentes sur le front des UC.

Le choc des taux

Si la remontée des taux, qui a un effet positif immédiat sur le taux de couverture du capital requis minimum (249%) selon les règles prudentielles de Solvabilité 2, le dirigeant reconnaît qu'une envolée trop forte des taux constitue un risque, « un risque auquel CNP est sans doute le plus préparé ». Réduction de la maturité de l'actif, politique de couverture des portefeuilles, mais, surtout, une provision pour participation aux bénéfices (PPB) de 15,4 milliards d'euros, soit 7 % des provisions mathématiques, un montant supérieur à la moyenne du secteur.

C'est bien cette provision constituée au fil des ans qui devrait permettre de faire la « jointure » entre les moins-values latentes et le renouvellement du portefeuille (le taux actuariel à l'achat a grimpé à près de 2% contre 1,17% au premier semestre 2021), tout en assurant un rendement correct aux assurés.

En effet, le pire cauchemar d'un assureur-vie est d'être confronté à la fois à une hausse des taux et à des rachats massifs (qui obligent d'externaliser les moins-values). Et pour éviter une accélération trop forte de la décollecte sur le fonds en euros, il faudra bien servir un taux pas trop éloigné de celui du Livret A (2% au 1er août et sans doute 2,5% à 3% en février 2023), même si l'assurance-vie et le Livret sont des produits d'épargne de nature très différente.

Cap sur l'Euro croissance

Pas question en revanche d'envisager le lancement de nouveaux fonds en euros, qui « pénaliserait » les assurés des fonds en euros actuels. L'équilibre du fonds en euros repose sur une mutualisation entre les assurés les plus anciens et les plus récents. Les UC sont également une parade car ils peuvent mieux s'ajuster à la montée des taux, via notamment des produits structurés.

En revanche, CNP compte mettre le turbo, à la rentrée, sur le fonds euro croissance, dont les modalités avaient été revues par la loi Pacte, la montée des taux rendant le matelas obligataire plus efficace. CNP met également l'accélérateur sur l'assurance-vie ciblée sur une clientèle plus haut de gamme, avec une collecte de 1,7 milliard d'euros et un taux d'UC supérieur à 50%.

Dans un contexte particulièrement incertain, le groupe d'assurances met en avant la puissance de son bilan de 400 milliards d'euros et son ratio de solvabilité élevé pour parer les chocs. Avec une idée force :  la mutualisation comme remède face aux risques émergents. « L'enjeu aujourd'hui n'est plus la segmentation et la sélection mais bien d'avoir la plus grosse mutualisation possible. C'est un vrai changement de paradigme du côté du passif pour les assureurs », estime Stéphane Dedeyan.

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