Catastrophes naturelles : la facture des assureurs risque de doubler d’ici 2050

Selon une étude de la Fédération française de l’assurance (FFA), l'accroissement des richesses est le premier facteur qui explique l'inflation des sinistres liés aux catastrophes naturelles. Vient ensuite le réchauffement climatique, qui représente 35% de la hausse des prix. Mais le montant de la sinistralité liée à la sécheresse devrait tripler d’ici 2050. Ce qui pose à nouveau la question de sa prise en charge par le régime d’assurance catastrophes naturelles (cat’ nat’).
Le montant des dégâts liés à la sécheresse pourrait tripler d'ici 2050.

A l'heure où le monde se penche sur le climat, la Fédération française des assurances (FFA) s'est essayée à un exercice délicat, mais consubstantiel au métier de l'assureur, celui se projeter dans l'évolution prévisible des sinistres liés aux catastrophes naturelles sur très longue période. Et la facture s'annonce lourde.

Elle pourrait même doubler, sur la période 2020-2050, à 143 milliards d'euros, contre 74,1 milliards d'euros déjà constatés sur la période 1989-2019. Soit un rythme annuel de près de 5 milliards d'euros, contre 2 milliards dans les années 90 et 2000, puis 2,8 milliards par an dans les années 2010 et même 3,8 milliards sur les quatre dernières années. « L'inflation des coûts est déjà un phénomène que nous observons », souligne José Bardaji, directeur des études à la FFA.

Certes, ces projections sont fondées sur le scénario le plus pessimiste du GIEC d'un réchauffement global de 4 degrés d'ici à la fin siècle, donc bien au-dessus de l'objectif de 1,5 degré de l'Accord de Paris de 2015, dont on sait aujourd'hui qu'il ne pourra pas être tenu.

Pourtant, c'est l'accroissement des richesses (comme l'augmentation du prix des biens ou l'extension des zones bâties) qui explique plus de la moitié de cette inflation attendue des sinistres. Selon la FFA, l'extension d'une ville de 10% peut ainsi expliquer une hausse des sinistres de 50%. Le réchauffement climatique et ses conséquences pèseraient néanmoins pour environ un tiers de la hausse, soit environ 24 milliards d'euros de plus que sur la période 1989-2019. Le solde étant lié à des évènements extrêmes, comme les tempêtes, dont les experts n'ont pas réussi jusqu'ici à relier, de manière évidente, leur intensité ou leur fréquence au réchauffement climatique.

Triplement des sinistres liés à la sécheresse

Par type de sinistres, ce sont les dégâts liés à la sécheresse qui devraient connaître la plus forte hausse. Le montant devrait ainsi tripler pour atteindre 43 milliards d'euros entre 2020 et 2050, dont 17 milliards directement imputés au réchauffement climatique. De fait, les épisodes de sècheresse deviennent à la fois plus fréquents - quasiment chaque année, à l'exception de 2021 - et surtout de plus en plus coûteux. Le sinistre le plus fréquent est celui des fissures qui apparaissent sur les habitations construites sur des sols argileux, en particulier dans le Sud-Ouest de la France.

« La sécheresse est un sinistre complexe à expertiser car il y a souvent un décalage entre le fait générateur des dégâts sur les bâtiments et la constatation des dégâts eux-mêmes. Il n'est d'autant plus compliqué à appréhender qu'un grand nombre de sinistres sont de nature esthétique, sans mise en danger du bâtiment ni d'autrui », explique Frank Le Vallois, directeur général de la FFA. Pour autant, la FFA reste farouchement opposé à l'idée avancée par certains parlementaires « de sortir » la sécheresse du régime d'assurance dit « cat' nat ' », un système d'assurance unique en son genre, et partiellement subventionné par l'Etat, via le système de réassurance de la Caisse centrale de réassurance (CCR).

Ce système public privé est alimenté par une cotisation unique de 12% sur la garantie incendie de tous les contrats. Ce qui permet à la fois de mutualiser les risques, mais surtout d'uniformiser les primes et les indemnisations, quelle que soit l'exposition aux risques climatiques.

Une réforme au long cours

Cependant, l'explosion impose sans doute à terme une réforme du régime cat' nat'. Mais plutôt que le big bang, les assureurs préfèrent actionner d'autres leviers pour renforcer le régime, comme une meilleure acculturation au risque (zones inondables par exemple), la prévention ou le renforcement de la résilience des bâtiments, « des pistes que toutes les parties prenantes devraient explorer pour limiter le plus possible les effets du réchauffement climatique », avance Frank Le Vallois.

Une proposition de loi sur la modernisation du régime suit lentement son chemin parlementaire. Il est actuellement examiné au Sénat. Toutefois, ce texte ne se penche pas sur la question du financement du régime, dont l'équilibre pourrait être menacé à moyen et long terme, notamment avec la facture croissante des sécheresses mais aussi des inondations (50 milliards d'euros d'ici 2050, selon l'étude de la FFA).

En attendant, le gouvernement vient de mettre en place un nouveau dispositif pour mieux couvrir les exploitations agricoles des risques climatiques de plus faible intensité.

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Commentaires 3
à écrit le 31/10/2021 à 2:18
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Faites comme bertrand, entrez en politique. Vous serez payes sans rien faire

à écrit le 30/10/2021 à 10:03
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Tandis que les salaires eux sont gelés tandis qu'ils vont donner 100 balles pour compenser leur dumping social à savoir une goutte d'eau tandis qu'il faudrait un lac.

à écrit le 29/10/2021 à 17:02
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Normal : l'économie, la base assurable, risque de doubler aussi d'ici 2050. Sauf si ces fanatiques de l'écologie façon Greta nous font retourner à l'âge de pierre.

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