Le groupe BPCE va recapitaliser Océor à hauteur d'une centaine de millions d'euros

Après avoir décidé de recapitaliser sa filiale Meilleurtaux, BPCE injectera - avant la fin de l'année - dans la Financière Océor une centaine de millions d'euros afin de restaurer sa solvabilité.

Revenu dans le vert au troisième trimestre, BPCE injectera - avant la fin de l'année - dans la Financière Océor une centaine de millions d'euros, de façon à restaurer la solvabilité de cette filiale.

Après avoir décidé de recapitaliser sa filiale Meilleurtaux à hauteur de 25 millions (La Tribune du 18 juin), le groupe né cet été de l'union des Caisses d'Epargne et des Banques Populaires a, selon plusieurs sources concordantes, récemment fait constater par son conseil de surveillance la nécessité de faire de même pour la Financière Océor.

L'opération vise à restaurer la solvabilité de cette filiale qui rassemble une kyrielle de petits établissements financiers exotiques, et qui a constitué l'essentiel de la « dot » des Caisses d'Epargne, si l'on excepte leur participation dans Natixis.

Déboires de la Banque de la Réunion

L'urgence s'explique notamment par les déboires de la Banque de la Réunion, qui a subi une perte de 51,5 millions d'euros au premier semestre sous l'effet d'un coût du risque multiplié par 11 sur un an, à 64 millions d'euros (réévalué à 71 millions dans les résultats au 30 septembre). Soit plus que les 50 millions enregistrés par tout le groupe Océor sur l'année 2008. Au 30 juin, les créances douteuses représentaient le chiffre record de 14% de l'encours de crédit, contre 10 % l'année précédente. Pour toute explication, la banque s'est bornée à évoquer une "dégradation du portefeuille clientèle qui pâtit de la crise économique actuelle", puis une "situation locale dégradée".

A l'évidence, Bruno Deletré a du pain sur la planche. Nommé mi juillet à la tête du pôle international de BPCE, l'inspecteur des finances, auteur de deux rapports sur la régulation financière remis cette année à Bercy, a pour mission principale de remettre de l'ordre chez Océor. Une filiale qui a longtemps fait figure de chasse gardée de Charles Milhaud. Débarqué de la présidence de la Caisse d'Epargne en octobre 2008 à la suite d'une perte de "trading" 750 millions d'euros, l'ancien président de l'Ecureuil avait d'ailleurs conservé la présidence d'Océor jusqu'en juillet dernier.

Cette recapitalisation annoncée illustre les zones d'ombres éclairées par le site Mediapart, qui a exhumé vendredi un rapport préliminaire de la Commission Bancaire sur la Banque de la Réunion en 2007. Selon notre confrère, le régulateur y épinglait plusieurs failles en matière de suivi du risque de crédit : absence d' "outil d'analyse de la rentabilité", laxisme dans la mise à jour des dossiers de prêt, défaut d'identification des créances douteuses considérées comme "compromises". Sans oublier, en matière de lutte contre le blanchiment, un "taux de conformité des ouvertures de comptes [...] très faible", des "mandataires ou cautions [...] soumis à aucune remise de justificatif d'identité ou de domicile"et des "opérations réalisées par les clients ayant fait l'objet d'une déclaration à Tracfin [qui] ne font pas l'objet d'un suivi particulier".

"Cadeau empoisonné"

Interrogé par La Tribune, un président de Caisse d'Epargne régionale reconnaît que l'apport de cet actif, valorisé selon nos informations 650 millions d'euros, au nouveau groupe BPCE apparaît comme un "cadeau empoisonné" aux Banques Populaires, qui vont devoir "boire la moitié du bouillon". Blasé, un président de Banque Populaire convient qu'"Océor, en mauvais état, n'est clairement pas une bonne affaire pour nous", mais souligne que "ce n'est pas une vraie surprise". De fait, dans ses comptes au 30 juin (présentés en pro forma puisque le groupe n'était pas encore constitué juridiquement), BPCE a déjà passé une dépréciation de 169 millions sur ses actifs de banque de détail, qui concernait certes aussi la Banque Palatine, mais dont la majeure partie portait, selon nos informations, sur la Financière Océor.
 

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