Les banques anglaises accusées de frais abusifs sur les augmentations de capital

Selon un rapport publié ce mardi par les trois principales associations britannique de défense des actionnaires, les établissements souscrivant aux augmentations de capital prennent en moyenne 3,4% du montant de l'émission d'action contre 2 à 3% auparavant.
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Les banques profitent-elles de la situation ? Depuis la crise, celles qui jouent en Grande-Bretagne le rôle de souscripteur des augmentations de capital ont très fortement augmenté leurs frais, sans relation avec l'augmentation du risque. Un rapport publié ce mardi par les trois principales associations britannique de défense des actionnaires (Investment Management Association (IMA), Association of British Insurers (ABI) and the National Association of Pension Funds (NAPF)), tire la sonnette d'alarme.

Il souligne que les souscripteurs chargent en moyenne 3,4% du montant de l'émission d'actions, contre 2 à 3% auparavant. Et de citer l'exemple spectaculaire de Prudential, prêt à payer 850 millions de livres sterling, soit plus d'un milliard d'euros, de frais pour son augmentation de capital (finalement avortée).

"Il y a une inquiétude généralisée parmi les investisseurs institutionnels concernant le niveau des frais de souscription, et le manque de transparence de combien est payé à qui, et pour quelle raison", note le rapport. Quand une augmentation de capital a lieu, l'entreprise émettant des actions engage un souscripteur (underwriter), qui garantit qu'il prendra les actions si celles-ci ne trouvent pas preneur. Le souscripteur limite ensuite son risque en trouvant des sous-souscripteurs. En échange de cette garantie, les entreprises qui réalisent augmentation de capital versent des frais.

Pendant la crise, l'instabilité des marchés était telle que les risques des augmentations de capital avaient fortement augmenté. Le principal danger était que le prix des actions cotées ne passe en dessous du prix des nouvelles actions émises. Aucun actionnaire n'aurait alors intérêt à souscrire à l'augmentation de capital. A plusieurs reprises, le danger a failli se matérialiser, notamment pendant l'augmentation de capital de la banque HBOS. Les frais des souscripteurs avaient donc naturellement augmenté pendant cette période.

Pourtant, malgré la stabilisation des marchés cette année, les frais ne sont pas redescendus. Pire, les augmentations de capital sont généralement faites à des prix nettement plus bas que le cours des actions, ce qui est limite le danger d'un échec. Les souscripteurs n'encourent donc guère de risques. Le rapport en veut pour preuve que les souscripteurs tendent désormais à conserver 40% à 50% des émissions de titres, au lieu de chercher des sous-souscripteurs, ce qui montre qu'ils ne craignent guère d'échec des augmentations de capital.

Le rapport soumet trois principales recommandation pour tenter de mettre fin à cela : une meilleure transparence, pour clairement déclarer quels frais sont payés et pour quelle raison ; avoir recours à un possible appel d'offre pour les augmentations de capital ; et que les actionnaires s'intéressent d'avantage à ce problème. Le rapport souligne que les frais des augmentations de capital sont en moyenne dix fois plus élevés que les salaires des membres non exécutifs des conseils d'administration, un sujet auquel ils s'intéressent de beaucoup plus près.
 

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