"La crise d'Espirito Santo est l'occasion de faire le ménage dans le système bancaire"

Les difficultés de la plus grande banque portugaise Espirito Santo sèment la panique à la Bourse de Lisbonne et affectent les autres places financières. Ce cas illustre combien le système bancaire européen reste fragile et opaque, aux yeux de Guntram B.Wolff, directeur de l'Institut Bruegel, qui plaide pour une remise à plat.
Guntram B.Wolff dirige depuis juin 2013 le think tank bruxellois Bruegel. Pour cet expert, "on va attendre de voir si Banco Espirito Santo est capable de se renflouer en interne, par "bail in", et non pas en comptant sur le secours de la BCE ou de l'Etat portugais."

Spécialiste de politique fiscale et monétaire, s'intéressant de près à la gouvernance européenne, Guntram B.Wolff dirige depuis juin 2013 le think tank bruxellois Bruegel. Ce membre du Conseil d'analyse économique français ne mâche pas ses mots quant aux faiblesses du système bancaire actuel et plaide pour une plus grande prise de responsabilité de la part des banques. 

Le titre d'Espirito Santo a encore perdu 14,6% mercredi à la Bourse de Lisbonne, miné par la découverte la semaine dernière d'une perte de 1,3 milliards d'euros. Que pensez vous de la crise que traverse la banque et qu'elles peuvent en être les conséquences au Portugal et en Europe? 

Guntram B.Wolff : Tout d'abord, il faut se demander si le cas d'Espirito Santo est un cas isolé ou bien si c'est l'arbre qui cache la forêt. Je n'ai pas la réponse mais cette épreuve va en tout cas permettre d'observer si ce type d'établissement bancaire, le premier du pays en terme de cotation boursière, peut se sortir de ce genre de crise, dans laquelle il s'est il-même plongé. 

Ce qu'on peut observer, c'est que les autorités bancaires portugaises ont fait leur travail en révélant la perte de 1,3 milliards d'euros, dissimulée jusqu'alors. Est-ce qu'elles ont pris les devants car la Banque Centrale Européenne (BCE), avec ses nouvelles prérogatives qui lui permettent de surveiller et d'alerter en cas de problème, l'aurait fait dans les mois à venir? Ceci est la question centrale.

Lundi, l'agence de notation Fitch a indiqué que cette crise rendait le système bancaire portugais vulnérable, qu'en pensez vous? 

Guntram B.Wolff : Est-ce bon ou mauvais pour lui? On ne peut pas l'affirmer. Car si la chute de la Bourse déclenchée par l'incertitude autour de Banco Espirito met à mal dans l'immédiat les actifs portugais, l'effet peut être bénéfique à plus long terme. Cette crise, c'est une occasion de nettoyer le système bancaire encore trop opaque et qui ne sert pas l'économie comme il le devrait. La fermeture de cette banque pourrait être envisagée comme une purge, qui permettrait, à l'avenir, de créer plus de crédit et de croissance.

La Tribune : Considérez vous qu'il y ait un risque tangible pour l'économie réelle et un danger de contagion sur les marchés européens?

Guntram B.Wolff : Je pense surtout que la découverte de ce problème est plus positif que négatif. Car révéler une erreur permet de la corriger et d'essayer d'améliorer la situation. C'est davantage le manque de transparence qui fait peser un risque sur l'économie. Avec l'élargissement des pouvoirs de la BCE, on peut aujourd'hui tirer la sonnette d'alarme avant qu'il ne soit trop tard. 

On va surtout attendre de voir si Banco Espirito Santo est capable de se renflouer en interne, par "bail in", et non pas en comptant sur le secours de la BCE ou de l'Etat portugais. C'est un cas qui peut très vite se reproduire ailleurs, et nous pourrons voir jusqu'à quel point les banques peuvent se sortir elle-même de leur problème. Quant à la contagion sur les marchés, c'est un concept qui prend en compte tellement de données qu'il est difficile de prévoir. Tout dépendra de la résistance du marché à absorber le choc au Portugal.

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Commentaires 4
à écrit le 17/07/2014 à 9:57
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Drôle d'analyse pour un expert qui avance des suppositions très pauvres en arguments et suivie dans chaque commentaire par "je n'ai pas la réponse". Il faut d'abord qu'il apprenne les bases de l'analyse financière d'une banque et du système financier...

à écrit le 17/07/2014 à 8:35
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Peut-on avoir une simple idée de l'impact positif de ce Monsieur vivant visiblement de l'argent public? Qu'il laisse les banque travailler et tout ira mieux, et qu'il se préoccupe de son efficacité personnelle..

à écrit le 17/07/2014 à 7:56
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Le probleme est que bcp de banques + importantes sont dans le meme cas ....la seule facon de les nettoyer maintenant...faillite du systeme....Vous inquietez pas les financiers et les politiques s en sortiront par le haut....les autres...ils s en fich...

à écrit le 16/07/2014 à 21:46
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Y a t il un risque pour l économie réelle ? Il est temps de prendre des vacances !.... ca c est sur.....

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