Blockchain contre "minerais de sang" ? Le lobby londonien de l'or appelle à l'aide les startups (et IBM)

Pour améliorer la réputation du marché de l'or entachée d'accusations de blanchiment (les "minerais de sang"), manipulation de cours, et autres fraudes, le London Bullion Market Association (LBMA) a décidé de lancer un grand appel d'offres pour trouver l'entreprise qui mettra au point la meilleure technologie de traçabilité des transactions, notamment en recourant à la Blockchain.
En 2021, une nouvelle loi contraindra tous les grands importateurs européens, des raffineries aux fonderies, à s'approvisionner de manière responsable: « Le tungstène, le tantale, l'étain et l'or sont présents dans de nombreux objets comme les téléphones ou les voitures. On ne peut se permettre de financer des groupes armés à travers des minerais qui composent nos objets du quotidien», ont déclaré les eurodéputés français Tokia Saïfi et Franck Proust (PPE) en mars 2017.
En 2021, une nouvelle loi contraindra tous les grands importateurs européens, des raffineries aux fonderies, à s'approvisionner de manière responsable: « Le tungstène, le tantale, l'étain et l'or sont présents dans de nombreux objets comme les téléphones ou les voitures. On ne peut se permettre de financer des groupes armés à travers des minerais qui composent nos objets du quotidien», ont déclaré les eurodéputés français Tokia Saïfi et Franck Proust (PPE) en mars 2017. (Crédits : Reuters)

L'Association des professionnels du marché des métaux précieux de Londres (London Bullion Market Association - LBMA) a lancé la procédure d'homologation d'entreprises lui permettant d'assurer la traçabilité de l'or, la plupart d'entre elles prévoyant de s'appuyer sur la technologie de la blockchain pour ce faire.

Le recours à cette technologie des chaînes de blocs, conçue à l'origine pour soutenir la cryptomonnaie bitcoin, s'inscrit dans le cadre des efforts pour moderniser et améliorer la transparence du marché de l'or confronté à des accusations de manipulation de cours, de fraude et de blanchiment.

La LBMA avait lancé en mars un appel d'offres pour assurer la traçabilité sur le marché de l'or et prévenir la contrefaçon.

Un appel d'offres avec une phase préliminaire d'évaluation technologique

L'association, qui compte 144 membres dont les plus grands affineurs de métal jaune, des banques et des courtiers, a reçu 26 propositions émanant aussi bien de startups que de géants des technologies et des logiciels, a dit Sakhila Mirza, directrice exécutive du conseil d'administration de la LBMA à Reuters.

Elle n'a pas souhaité préciser quelles sont les entreprises ayant répondu à l'appel d'offres mais IMB en fait partie, selon des sources au fait du dossier. IBM n'a pas souhaité faire de commentaires.

Plutôt que de retenir des prestataires spécifiques, la LBMA a préféré définir des orientations générales sur la nature des services attendus et se doter d'un comité de supervision pour homologuer et contrôler les fournisseurs de technologies, a dit Sakhila Mirza.

"Nous avons besoin de définir des critères et des normes qui nous aident à comprendre ce que serait une solution blockchain crédible", a-t-elle ajouté. "Une fois que ceux-ci auront été établis de manière appropriée, il en découlera une sélection de fournisseurs de services se conformant à des normes minimum."

En 2021, la loi européenne contre les "minerais de sang" s'appliquera

Pour mémoire, la démarche de ce lobby londonien de l'or est motivée aussi par la nouvelle loi qui devrait entrer en vigueur en 2021 qui contraindra tous les importateurs à s'approvisionner de manière responsable, c'est-à-dire à supprimer tout achat d'un minerai qui aurait été extrait d'une zone de conflits et qui contribuerait notamment à alimenter l'oppression d'êtres humains, voire l'esclavage dans ces zones.

Cette obligation de traçabilité sera contraignante et s'appliquera à l'ensemble des grands importateurs européens, des raffineries aux fonderies :

« Le tungstène, le tantale, l'étain et l'or sont présents dans de nombreux objets comme les téléphones ou les voitures. On ne peut pas se permettre de financer des groupes armés à travers des minerais qui composent nos objets du quotidien. Il y avait urgence à mettre un terme à cette situation », ont déclaré les eurodéputés français Tokia Saïfi et Franck Proust (PPE) rapportait Euractiv l'an dernier.

Lire aussi : "Minerais de sang": traçabilité obligatoire pour l'industrie électronique... en 2021

De fait, la LBMA espère que la technologie lui permettra d'exclure le métal extrait de manière illégale ou utilisé dans le financement de conflits.

D'autres filières de matières premières ont adopté la blockchain qui est une technologie de registres distribués permettant le stockage et la transmission d'informations, de manière transparente et sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle.

Par exemple, des producteurs de diamants, dont De Beers, ont développé une plateforme recourant à la blockchain pour assurer la traçabilité des pierres précieuses. IBM s'est ainsi associé avec le groupe danois Maersk pour créer une plateforme d'échange pour le  transport maritime utilisant la technologie blockchain.

Traçabilité depuis les mines jusqu'aux coffres-forts des joailliers

L'appel d'offres de la LBMA visait non seulement à assurer la traçabilité du métal jaune depuis des mines parfois perdues au bout du monde jusqu'aux coffres des banques ou aux joailleries mais aussi à prévenir toute tentative de contrefaçon.

L'Association n'avait pas fait du recours à la technologie blockchain un pré-requis pour répondre à l'appel d'offre, mais plus de 20 des 26 entreprises qui se sont portées candidates se sont concentrées sur la question de la traçabilité et ont retenu la technologie de la blockchain, a dit Shakila Mirza.

La LBMA prévoit de soumettre à consultation un projet de normes pour les systèmes de traçabilité de l'or dans le courant du premier semestre de l'année prochaine, la procédure d'homologation des prestataires devant débuter ensuite.

(Avec Reuters)

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Commentaires 2
à écrit le 22/10/2018 à 12:58
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Plutôt que d'utiliser la blockchain pour traquer des mouvements de cailloux, pourquoi ne pas simplement utiliser la blockchain bitcoin qui traque les mouvements de bitcoins? Exactement la même technologie, sauf que d'un côté l'investisseur est pro...

à écrit le 22/10/2018 à 12:43
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Rareté, divisibilité, fongibilité, et de plus en plus liquidité. Bitcoin est meilleur sur chacun des points qui confèrent à l'or sa valeur. "Bitcoin is better at being gold than gold is." Winklevoss Tyler

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