Sous l'effet de la crise, le marché de gré à gré des dérivés s'est contracté

Selon la BRI , les volumes bruts des produits en circulation ont reculé de 13,4 % au second semestre 2008.

Les régulateurs peuvent souffler. Le marché des produits dérivés échangés de gré à gré, dont ils avaient découvert ou réalisé l'ampleur de certains compartiments avec les difficultés d'AIG et la faillite retentissante de Lehman Brothers, a maigri. Selon la dernière édition semestrielle du rapport de la Banque des règlements internationaux (BRI). Et pour la première fois depuis 1998, la valeur notionnelle de l'ensemble ces produits a reculé de 13,4 %, à près de 592.000 milliards de dollars.

Cycles de compression
Celle-ci représente l'ensemble des montants bruts de ces contrats à terme sur mesure («?forward?»), contrats d'échange («?swap?») et options sur taux d'intérêt, de change, de matières premières, ou encore les montants de couverture contre le défaut éventuel d'un émetteur de dette (dérivés de crédit ou «?credit default swaps?», les fameux CDS).

En pleine crise financière qui a amené les intervenants à réévaluer leurs prises de risque et pesé sur les cours, les segments des dérivés sur matières premières et actions ont connu les baisses de volume les plus prononcées (- 66,5 % et - 36,2 %). Le segment des dérivés de crédit, sous l'impulsion des efforts de l'industrie pour réduire les montants en jeu, a dégonflé de 26,9 %. Des cycles de compression des contrats en portefeuille permettant de solder des positions ont été organisés dès juillet 2008. Le montant brut des protections achetées ou vendues en circulation est évalué à 41.900 milliards par la BRI.

Quant aux volumes bruts de dérivés de change ou de taux ? le plus gros du marché des dérivés négociés de gré à gré, avec 8,4 % et 70 % des encours ?, ils ont reculé de 21 % et 8,6 %. La volonté des autorités de sécuriser le marché des dérivés négociés de gré à gré, en obligeant à une plus grande utilisation des chambres de compensation mais aussi en imposant des normes prudentielles aux établissements cumulant des positions significatives, pourrait bien freiner le recours à ces instruments de couverture, font déjà valoir certains critiques. Et l'effort de l'industrie pour compresser les portefeuilles ne va pas davantage dans le sens d'un fort rebond de ce marché à l'avenir.

La valeur notionnelle des contrats, si elle permet d'apprécier la taille du marché, n'est pas la meilleure mesure du risque sur le marché de gré à gré. Les experts de la BRI lui préfèrent la valeur de marché brute, qui mesure le coût de remplacement de l'ensemble des contrats de couverture en circulation. Celle-ci s'est envolée de 66,5 %, à 33.900 milliards de dollars. En particulier, avec la baisse des taux, la valeur de marché des contrats de taux d'intérêt a doublé, à 18.400 milliards de dollars. Quant aux CDS, conséquence des turbulences sur le marché du crédit, leur valeur de marché a bondi de 78,2 %, à 5.700 milliards de dollars.

(retrouvez le tableau de Marché de gré à gré des produits dérivés et le rappport complet de la BRI)

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