Lehman un an après - La frénésie d'achat des Américains s'essouffle

Sur fond de chômage, les salaires baissent outre-Atlantique. Les ménages épargnent au lieu de consommer. De quoi priver la reprise mondiale de l'un de ses soutiens.

L'AFL-CIO, la fédération des syndicats américains, est confiante. Pas seulement parce que les destructions d'emplois ralentissement aux États-Unis, mais parce qu'il faudra bien, à l'avenir, doper la consommation afin de rendre durable la reprise économique qui se fait jour. Et pour cela, les consommateurs américains, dont on attend traditionnellement qu'ils soient les « acheteurs en dernier ressort » des produits fabriqués par le reste du monde, devront avoir un meilleur pouvoir d'achat.

Mieux que cela, « c'est le modèle de distribution de la richesse qu'il va falloir changer via les salaires », argumente Kelly Ross, coordinateur de la stratégie à l'AFL-CIO, à Washington. « Pour la première fois dans l'histoire, les revenus moyens ont baissé entre 2001 et 2007, pourtant une période de forte croissance, poursuit-il. Or c'est en partie à cause de cela que la crise est arrivée. » En effet, afin de pouvoir s'offrir leur « home sweet home » et consommer, les Américains les moins bien lotis ont emprunté parfois à la faveur des montages comme les « subprimes ». Si les syndicats américains fondent leurs espoirs sur le passage ? peut-être l'an prochain ? d'une loi favorisant la syndicalisation, afin de muscler les négociations salariales, pour l'heure, les salaires continuent de baisser. « À un rythme jamais vu depuis au moins 1949 », précise Scott Hoyt, économiste chez Moody'sEconomy.com. Les raisons ? La faiblesse du marché de l'emploi prive les salariés du pouvoir de négocier des augmentations, et les sociétés réduisent les heures de travail et gèlent les salaires, voire les réduisent pour sauvegarder l'emploi.

L'immobilier déprimé

Parallèlement, les consommateurs américains ne peuvent plus s'appuyer sur la valeur de leurs biens immobiliers pour emprunter, le marché immobilier restant particulièrement déprimé. Même phénomène pour leur portefeuille boursier dont les dividendes ont reculé de plus de 3 % tous les mois sur le semestre passé, selon Scott Hoyt. Et malgré la récente amélioration boursière, la richesse des ménages est encore en baisse de 20 % par rapport au printemps 2007.

Paradoxe : alors qu'ils ont moins d'argent, les Américains épargnent plus. Après avoir descendu autour de 1,75 % ces dernières années, le taux d'épargne frôle désormais les 5 %. Les économistes qui leur reprochaient il y a peu de vivre à crédit et de ne pas épargner assez, les accusent aujourd'hui de jouer les fourmis au lieu de consommer ! La balance commerciale américaine, même si elle reste déficitaire, illustre la nouvelle tendance des Américains à acheter en moins grandes quantités des produits étrangers. Sur le premier semestre de cette année, le montant des importations de tee-shirts et autres marchandises « made in China » a reculé de 21 milliards de dollars par rapport aux six premiers mois de 2008. Idem pour les équipements lourds et autres produits allemands : le recul est de 18 milliards de dollars. « Mais les exportations américaines se contractent également », observe Ray Stone, économiste chez Stone & McCarthy, un bureau d'étude sur l'emploi américain. D'où l'inquiétude de nombre d'économistes pour qui c'est le commerce mondial qui devrait relancer la croissance.

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