Les foncières françaises à l'aube d'un vaste mouvement stratégique

Les sociétés immobilières cotées sont en train de revoir leur feuille de route. A l'origine de ces défis qu'elles vont devoir relever : la crise financière touchant de près leurs actionnaires de référence
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Les foncières Françaises cotées connaissent aujourd'hui une actualité pour le moins brûlante. Elles qui n'avaient guère évolué ces dernières années, sauf à l'occasion de l'arrivée d'une poignée d'actionnaires espagnols en mal d'actifs à fort potentiel, les voilà sous les feux des projecteurs. Avec, suivant les cas, des challenges plus ou moins ambitieux à relever. Mais avec cette constante pour la majeure partie d'entre elles : Les nouveaux axes stratégiques insufflés par les actionnaires de référence ou l'équipe dirigeante proviennent de la crise financière de ces dernières années. C'est en effet la crise des subprimes mais aussi de la dette souveraine qui a poussé les régulateurs à peaufiner de nouvelles règles comptables pour les banques et les compagnies d'assurances. Normes prudentielles qui contraignent aujourd'hui tous ces établissements financiers à revoir leur stratégie d'investissement. D'où la récente décision de Groupama de céder sa participation de 44% dans Silic et ce, alors que l'assureur a toujours jalousement conservé ses parts dans cette foncière qu'il accompagnait depuis plus de 30 ans. Silic vient de publier des résultats annuels relativement étales : si les loyers ont connu une légère hausse de 1,7% à 175,3 millions d'euros, de son côté, l'excédent brut d'exploitation a grappillé 0,3% à 157,3 millions d'euros, tandis que le flux de trésorerie courant reculait de 7,5% à 109,6 millions d'euros.


C'est aussi l'introduction des normes de Bâle III qui pourrait pousser BNP Paribas à céder son bloc majoritaire dans la foncière de commerces Klépierre. Cette dernière vient de publier de bons résultats 2011 et retrouve quelques couleurs en Bourse depuis plusieurs semaines grâce à cette perspective spéculative. Pour l'heure personne ne veut confirmer cette information.
L'érosion des cours de la plupart de ces entreprises immobilières depuis 2008 donne également des idées à certains. Comme on a pu le voir avec l'épisode Foncière Paris France. Sur le point de se faire croquer par Foncière des régions l'été dernier, c'est finalement une autre petite foncière, PHRV qui a emporté le morceau en lançant une OPA sur cette entreprise spécialisée dans l'immobilier de bureaux. Et ce, à l'issue d'une joute boursière haute en couleur, les dirigeants de Foncière paris France estimant que le prix proposé par les raiders ne reflétait pas la valeur de l'entreprise. Celle-ci vient de publier des performances 2011 de très belle facture avec un chiffre d'affaires en hausse de 62%, à 51,8 millions d'euros. Le résultat opérationnel courant s'est établi à 40,3 millions d'euros, progressant également de 62 % par rapport à 2010. Jean-Paul Dumortier, qui présidait jusqu'à présent la société et doit rendre les clefs aux nouveaux propriétaires le 28 mars ne part pas sans leur laisser une « patate chaude ». Du fait du lancement de l'OPA et de l'existence de clauses de remboursement anticipé en cas de changement de contrôle, il a en effet reclassé la dette long terme en dette court terme (à moins d'un an) dans ses comptes 2011, la totalité des encours originellement à plus d'un an (soit 160 millions d'euros) pouvant être exigibles à ce titre. A ce jour, le montant qui sera effectivement à rembourser à court terme représente 96,9 millions d'euros.
On apprenait aussi hier que Jean-Charles Naouri, à la tête de Casino avait décidé de revoir sa participation dans sa foncière Mercialys. Il s'apprête à lâcher le contrôle pour ne conserver que 30 à 40% de cette entité. Le financier a effectivement besoin de cash pour mettre en ?uvre la restructuration du groupe de distribution. Mercialys, de son côté, a expliqué vouloir engager un nouveau plan stratégique qui se traduira notamment par le recentrage de son portefeuille sur 60 à 70 centres commerciaux, contre 120 actuellement, ce qui passera par des cessions d'actifs, pour un montant prévu de 500 millions d'euros.
Cette accélération de cessions d'actifs est d'ailleurs également au centre des préoccupations des majors du secteur. A commencer par Gecina qui vient de boucler un programme de cessions d'un montant de 500 millions d'euros. Programme qui a valu sa place à l'ancien patron de cette foncière, Christophe Clamageran qui ne voyait pas les choses sous cet angle, avant d'être remplacé par Bernard Michel en octobre dernier. Accélération que Klépierre a également évoqué mercredi lors de la présentation de ses résultats, la société prévoyant de céder rapidement une série d'actifs pour un total, là encore, de 500 millions d'euros.
Toutes ces restructurations et ces mouvements à venir sont-ils porteurs pour les titres en Bourse ? Si l'on regarde les performances enregistrées depuis le début de l'année, force est de constater que la tendance globale est assez positive : Gécina s'adjuge 18%, Foncière des régions 12%, Klépierre 9%, Mercialys, 10,5%, Silic 5%, Icade 3,2% ou Unibail 2,7%. Surtout, ces perspectives permettent à ces entreprises de retrouver l'intérêt des investisseurs et d'initier des arbitrages générateurs de liquidité. Soit une aubaine pour ces valeurs au flottant souvent trop étroit.
 

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Commentaire 1
à écrit le 11/02/2012 à 23:08
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S'il y a beaucop de ventes d'actifs ces temps-ci, cela devrait faire aisser les valorisations de ces actifs, donc les cours boursiers, non ?

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