Le private equity et Buffet Crampon jouent la même partition

Le mythique fabricant de clarinettes, dont le chiffre d'affaires a bondi de 53%, sous le « règne » du fonds d'investissement Argos Soditic, vient d'être cédé le groupe à un autre acteur du private equity, Fondations Capital. Et espère détrôner Yamaha de son siège de leader mondial des instruments à vent.
Les quelque 50 millions d'euros apportés par Fondations Capital, CDC Entreprises et le management réduiront de 4 millions la dette de Buffet Crampon.

Non, les fonds d?investissement ne sont pas tous des vautours qui dépècent les entreprises, afin de les revendre avec une coquette plus-value. En témoigne l?histoire de Buffet Crampon, le premier fabricant mondial de clarinettes, qui vient de passer des mains d?un fonds, Argos Soditic, à celles d?un autre, Fondations Capital. Né en 1825, à Paris, Buffet Crampon est un fleuron du patrimoine industriel français et compte, entre autres clients, le cinéaste et jazzman Woody Allen, le chef d?orchestre Claudio Abbado, ou bien encore les musiciens de la « tigresse » Tina Turner.

Une valorisation de 58 millions d?euros

Un fleuron qui était tombé dans l?escarcelle du britannique The Music Group en 1981, et qui était redevenu français en 2005, lors de son rachat par la société de capital-investissement Argos Soditic, pour 37 millions d?euros. Aujourd?hui, Buffet Crampon vaut 58 millions d?euros, sur la base du prix auquel Argos vient de céder ses 91% au français Fondations Capital, le solde des titres demeurant détenu par CDC Entreprises (groupe Caisse des dépôts, 6,7% du capital) et le management de l'entreprise.

Une envolée de 53% du chiffre d?affaires

Certes, Argos réalise une jolie plus-value, la valorisation du fabricant de clarinettes ayant bondi de 57% depuis 2005. Mais après tout, le métier d?un fonds consiste bien, après cinq à huit ans passés au capital d?une entreprise, à transformer cet investissement en espèces sonnantes et trébuchantes pour ses propres actionnaires. Et cette plus-value, Argos Soditic ne l?a pas engrangée sur le dos de Buffet Crampon : au cours des six dernières années, le chiffre d?affaires de Buffet s?est envolé de 53%, à 67,2 millions d?euros en 2011, pour une marge brute d?exploitation de 10,4%. Les fonds apportés par Argos ont en effet permis d?acquérir deux marques de cuivres en 2006, Antoine Courtois Paris et Besson, puis les marques allemandes Schreiber et Keilwerth en 2010.

Un doublement des effectifs

Par ailleurs, la présence du fonds au capital du numéro un mondial de la clarinette ne s?est pas traduite par une compression des effectifs. Au contraire, le nombre de collaborateurs a doublé depuis 2005, à 570. Des effectifs composés aux deux tiers de maîtres luthiers, de chaudronniers et autres métiers de production, toujours localisés en France et en Allemagne. Comme Argos avant lui, Fondations Capital souhaite « conserver le siège des opérations (de Buffet) à Mantes-La-Ville (Yvelines), au c?ur du savoir-faire historique » du groupe.

Une dette réduite de 4 millions

Parallèlement, Buffet Crampon, qui réalise 93% de son activité à l?étranger, poussera ses feux dans les relais de croissance que représentent la Chine et l?Amérique du Sud. Ainsi que dans d?autres segments du marché des instruments à vent, dont le groupe, aujourd?hui numéro deux derrière le japonais Yamaha, entend devenir « la référence mondiale. » Dans cette optique, les quelque 50 millions d?euros de fonds propres apportés par Fondations Capital, CDC Entreprises et le management - qui réduiront de quatre millions la dette financière nette de Buffet, à 9,4 millions - donneront au groupe les coudées plus franches pour poursuivre sa croissance externe. « Le marché des instruments à vent comprend encore beaucoup de petites entreprises familiales », explique Antoine Beaussant, président de Buffet Crampon.

Un multiple boursier de 12 pour Fender

Dans quelques années, une fois devenu, comme il l'espère,  « la référence mondiale » du marché des instruments à vent, sans doute Buffet Crampon vaudra-t-il beaucoup plus cher. Sa valorisation actuelle de 58 millions d?euros représente 8 fois seulement l?excédent brut d?exploitation (EBE) dégagé en 2011, alors que le fabricant de pianos Steinway, qui pèse 328 millions de dollars à Wall Street, se traite sur la base d?un multiple de 10. Et que les 200 millions de dollars que le fabricant de guitares Fender souhaite lever en s?introduisant prochainement en Bourse valorisent le fabricant américain de guitares 12 fois son EBE. « Cela donne une idée de ce que Buffet peut devenir », indique Xavier Marin, le patron de Fondations Capital. On aime la musique mais on reste un financier.

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