Inflation et résultats décevants des entreprises : le cocktail est par nature mauvaise pour la bonne santé des indices boursiers. L'indice parisien CAC 40 cède 1,41% à 5.915,41 points (-17% depuis janvier), le Dax allemand perd 1,86% (-21%) et l'indice Stoxx des 600 premières capitalisations européennes recule de 1,53% (-17% depuis janvier). La Bourse de Milan a même flanché de près de 3 % sur fond de crise politique. Le spread de crédit de la dette italienne (différence de rendement avec la dette allemande) a même frôlé les 220 points de base, un écart qui avait grimpé jusqu'à 245 points de base en juin. Les marchés américains, après le choc du chiffre de l'inflation publié mercredi (+9,3% en juin), ne sont pas plus allants et sont à nouveau orientés à la baisse.
Les investisseurs redoutent tout d'abord une politique monétaire encore plus agressive de la Réserve Fédérale (Fed). L'espoir un moment nourri de voir la Fed monter ses taux que de 50 points de base en juillet s'est rapidement envolé et le consensus table désormais sur une hausse de 75 points de base, voire même 100 points de base. Un scénario catastrophe pour les marchés, en particulier pour les valeurs de technologie, que n'exclut pas un des gouverneurs de la Fed.
Ainsi, Christopher Waller s'est déclaré ce jeudi ouvert à l'idée d'une hausse de 100 points de base du taux directeur - une première en 30 ans - en estimant qu'une hausse de 75 points de base reviendrait à une certaine neutralité, sans effet sur la demande. Les taux directeurs sont actuellement compris entre 1,5% et 1,75%.
Mauvais départ pour les résultats trimestriels
Mais ce sont les résultats des entreprises qui inquiètent désormais les investisseurs. De fait, le début de publication des résultats semestriels ne commence pas sous les meilleurs auspices. Aux Etats-Unis, la banque JP Morgan voit son résultat net reculer de près de 30 % au second trimestre compte tenu des détériorations de la conjoncture. La banque a particulièrement souffert du recul de ses activités de marché et de conseil mais aussi de l'explosion de ses provisions pour risque de crédit. Son PDG, Jamie Dimon, ne cesse depuis des semaines de mettre en garde le monde contre un choc qui se prépare.
En Europe, c'est l'équipementier télécoms Ericsson qui a publié un bénéfice inférieur aux attentes, notamment en raison de la hausse du coût de ses intrants. Au Royaume-Uni, c'est la compagnie d'assurance Sabre, spécialisé dans l'assurance automobile, qui a publié un avertissement. Le titre s'est effondré en Bourse. Fin juin, c'est l'avertissement groupe irlandais Kingspan qui avait mis au tapis tout le secteur de la construction en Europe. Et le groupe pharmaceutique américain Novavax, pourtant dans un secteur jugé défensif, a plongé de 20 % suite à un avis de l'Agence européenne du médicament sur son vaccin anti-Covid.
Ces mauvaises nouvelles sur le front des résultats des entreprises pourraient générer un nouveau cycle baissier sur les actions. En effet, malgré la dégradation du climat, le consensus a peu révisé ses prévisions de résultats pour 2022 et 2023. La baisse des actions a donc essentiellement porté sur le prix (c'est ce que l'on nomme un de-rating) et non sur les estimations de bénéfices. « Le marché actions conserve un potentiel de baisse », estime un gérant à Paris.
(avec agences AFP et Reuters)
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