La Blockchain préoccupe les tiers de confiance traditionnels

La Fédération des tiers de confiance a lancé mercredi 27 avril un groupe de travail sur la technologie qui sous-tend le bitcoin.
Christine Lejoux
La Blockchain permet à des personnes qui ne se connaissent pas de faire confiance à un registre d’événements partagés entre elles.

La fédération nationale des tiers de confiance (FNTC) a fait salle comble, ce mercredi 27 avril, pour le lancement de son groupe de travail sur la Blockchain. Il faut dire que cette technologie open source et décentralisée, qui sous-tend la monnaie virtuelle bitcoin, « nous intéresse et nous préoccupe », a reconnu Alain Bobant, le président de la FNTC, qui compte parmi ses adhérents la Compagnie nationale des commissaires aux comptes, la Chambre nationale des huissiers de justice, la Banque Postale ou encore le Conseil supérieur de l'ordre des experts-comptables.

Et pour cause : « La Blockchain a été inventée pour réaliser des transactions en contournant les acteurs centraux traditionnels, c'est-à-dire les intermédiaires, afin de redonner du pouvoir aux utilisateurs finaux », a expliqué Fabrice Croiseaux, directeur général de la société luxembourgeoise InTech, spécialisée dans le conseil en technologies. Concrètement, dans le cas du bitcoin, lorsque deux personnes s'échangent cette monnaie virtuelle en ligne, la transaction est validée par l'un des serveurs informatiques qui participent volontairement à la Blockchain.

Créer la confiance entre des personnes qui ne se connaissent pas

Ce serveur est tiré au sort et reçoit des bitcoins en contrepartie de la puissance de calcul mobilisée pour authentifier et valider la transaction, laquelle est alors ajoutée sous forme de « bloc » à la « chaîne » des transactions en bitcoin. Les données des transactions (date, montant, vendeur, acheteur, etc.) sont réputées inviolables et non modifiables. « La Blockchain fournit une preuve objective de l'existence de vos données, que personne ne peut remettre en cause », a insisté Sébastien Couture, cofondateur de la startup Stratumn, qui permet d'intégrer la technologie Blockchain dans les processus métiers des entreprises.

Pour reprendre la définition donnée par la Banque d'Angleterre, la Blockchain permet à des personnes qui ne se connaissent pas de faire confiance à un registre d'événements partagés entre elles. Ce qui pourrait signifier la fin des tiers de confiance traditionnels que sont les banques, les chambres de compensation, les assureurs, ou encore les notaires. La Blockchain pourrait aller jusqu'à « uberiser » Uber, en permettant aux chauffeurs et aux passagers des véhicules de se passer de l'intermédiaire que constitue la plateforme de réservation de voitures. Une menace qui vaut également pour le site de location d'appartements entre particuliers Airbnb, ainsi que pour les plateformes de crowdfunding, dont le business model repose sur la mise en relation d'épargnants et de porteurs de projets en quête de financement.

 Au-delà du bitcoin, la « smart property »

« Exception faite du bitcoin, la blockchain, aujourd'hui, c'est un peu comme une boule de cristal, il faut essayer de comprendre de quoi il s'agit, quelles peuvent être ses conséquences sur les tiers de confiance, les risques et les opportunités qu'elle représente pour eux. Pour ce faire, nous allons créer des cas d'usage, dans le cadre du groupe de travail lancé par la FNTC », a expliqué Olivier Iteanu, du cabinet d'avocats éponyme.

D'ores et déjà, au-delà du bitcoin, il est question de « smart property » (propriété intelligente) parmi les champs d'application possibles de la Blockchain. Cette dernière pourrait par exemple permettre aux universités et aux écoles d'adresser leurs diplômes aux étudiants directement et d'une façon totalement sécurisée, évitant ainsi la fraude aux diplômes. Un schéma qui pourrait être reproduit pour les certificats de naissance, de décès, les titres de propriété de véhicules, d'actions ou d'obligations, etc.

Blockchain et tiers de confiance : concurrents ou complémentaires ?

De fait, la plateforme d'investissement en capital SmartAngels et BNP Paribas Securities Services ont récemment conclu un partenariat afin d'expérimenter un registre des actionnaires de sociétés non cotées, fondé sur la Blockchain. L'objectif étant d'aider les startups à gérer leur actionnariat, par nature dispersé, et de créer un marché secondaire pour les investisseurs dans ces jeunes pousses, afin de leur permettre de revendre plus facilement leurs actions.

Deux semaines auparavant, le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, avait ouvert la voie à l'expérimentation de la Blockchain pour l'enregistrement des bons de caisse, ces instruments non financiers qui permettront bientôt aux personnes morales de prêter de l'argent à des entreprises, via des plateformes de financement participatif. « La France commence à rattraper son retard par rapport aux Etats-Unis, dans l'expérimentation de la Blockchain pour d'autres cas d'usage que le bictoin », s'est réjoui Pierre-Alexis de Vauplane, chargé d'affaires chez Growth Capital. Toute la question étant désormais de savoir si la Blockchain et les tiers de confiance traditionnels sont concurrents ou complémentaires.

Christine Lejoux

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Commentaires 3
à écrit le 30/04/2016 à 18:06
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Cela pourrait être une excellente chose. Le problème, à mon humble avis, concerne essentiellement la sécurité de cette technologie.

à écrit le 28/04/2016 à 20:05
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La blockchain a l'air d'être partie sur les mêmes traces que le 'big data', dont on espère généralement tout et n'importe quoi, essentiellement parce c'est écrit dans le journal. .

à écrit le 28/04/2016 à 15:30
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lol complémentaires. Ils ne servent plus à rien pour ce qui peut etre digitalisé.

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