Une filiale de Deustche Bank mise en cause sur la réalité de ses investissements responsables aux Etats-Unis

Le gestionnaire d'actifs DWS fait l'objet d'une enquête des autorités fédérales américaines portant sur la réalité de ses investissements répondants aux critères ESG. Les volumes auraient pu être gonflés. En 2020, la société affirmait qu'environ 459 des 793 milliards d'euros d'actifs sous gestion étaient placés sur des produits ESG.
DWS assure qu'environ 459 des 793 milliards d'euros d'actifs que la société avait sous gestion fin 2020 étaient placés sur des produits ESG
DWS assure qu'environ 459 des 793 milliards d'euros d'actifs que la société avait sous gestion fin 2020 étaient placés sur des produits ESG (Crédits : Reuters)

Desiree Fixler va-t-elle devenir une lanceuse d'alerte mondialement connue ? En tout cas, son témoignage pourrait bien avoir un impact significatif dans le monde encore opaque de la finance verte. Cette ancienne responsable du développement durable au sein de DWS, un gestionnaire de fonds allemand, accuse son ex-employeur d'avoir menti sur l'ampleur de ses investissements dans l'économie verte aux Etats-Unis. Cette filiale de la Deustche Bank est sous le coup d'une enquête fédérale des autorités américaines, a révélé le Wall Street Journal.

L'ancienne dirigeante pense savoir que la société de gestion a gonflé la taille de ses investissements répondant à des critères ESG (environnement, social et gouvernance). Dans son rapport annuel, publié en mars, DWS assure qu'environ 459 des 793 milliards d'euros d'actifs que la société avait sous gestion fin 2020 étaient placés sur des produits ESG. Selon le site internet de l'entreprise, elle gérerait désormais 820 milliards d'euros d'actifs.

Sollicité par l'AFP, le bureau du procureur fédéral de Brooklyn, chargé de l'enquête selon le quotidien, s'est refusé à tout commentaire, tout comme DWS. "Nous ne commentons pas sur les aspects judiciaires et réglementaires", a indiqué un porte-parole du gestionnaire d'actifs.

Jusqu'à 3% des actifs intégrants des critères ESG aux Etats-Unis ?

Selon le Forum pour l'investissement responsable (US SIF), environ 16.600 milliards de dollars étaient gérés aux Etats-Unis par des professionnels qui intégraient des critères ESG dans leurs décisions. Le Forum relevait néanmoins que pour plus des deux tiers, la gestion était opaque et les critères ESG retenus n'étaient pas communiqués publiquement.

Au regard du volume des fonds gérés par DWS et fléchés vers l'investissement responsable, la fraude potentielle de l'entreprise pourrait représenter jusqu'à environ 3% des actifs totaux intégrants ces critères ESG.

Sur son site internet, DWS met en avant son expérience dans l'investissement durable, "une source bénéfique pour l'environnement et la société - ainsi que pour les investisseurs [...] Nous offrons des stratégies d'investissements responsables depuis plus de 20 ans. Le développement durable est au cœur de tout ce que nous faisons".

Les enquêtes contre DWS, menées par la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis et les procureurs fédéraux de Brooklyn, New York, en sont à leurs débuts. La SEC, le principal régulateur américain des marchés, plus tôt cette année, a mis en place un groupe de travail pour éliminer les mauvaises conduites liées aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Avec une vague record de 51 milliards de dollars investis dans des fonds américains durables rien qu'en 2020, selon Morningstar, les investisseurs doivent être mieux informés, a déclaré la SEC.

Lire aussi 6 mnL'ESG va créer de l'inflation mais de la bonne !

 (avec AFP et Reuters)

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Commentaires 3
à écrit le 26/08/2021 à 8:59
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Les américains ont intégré le business de la justice dans leur mode de fonctionnement depuis longtemps, il serait temps d'avoir une justice d'affaires en UE, trop d’approximations nous expose à trop de procédures. Tandis que nos dirigeants européen p...

le 26/08/2021 à 14:02
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En France on a le secret des affairistes bien plus efficace pour la promotion de la corruption dans les cabinets ministériels que la protection de la propriété intectuelle par les brevets et le droit d'auteur...

le 26/08/2021 à 15:49
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Et c'est l'argent public qui paye leurs forfaitures, individualisation des gains et socialisation des pertes, ça y est maintenant, on voit bien à quoi sert l’État.

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