Les banques privées multiplient les placements responsables et bons pour le climat

Pour répondre aux attentes des investisseurs particuliers qui souhaitent donner du sens à leur argent, les établissements bancaires développent des offres vertes ou socialement responsables et forment leurs conseillers à ces nouveaux enjeux.
Juliette Raynal
(Crédits : DR)

Donner du sens à son épargne en finançant des entreprises qui tiennent compte de leur impact sur l'environnement et sur la société, voire qui favorisent la transition énergétique et écologique. C'est ce que recherchent de plus en plus d'investisseurs particuliers comme le montre une enquête Ifop, publiée en septembre dernier, selon laquelle 60% des Français accordent une place importante aux impacts environnementaux et sociaux dans leurs décisions de placements, contre 50% en 2013. Pour répondre à cette attente grandissante, les banques tendent à développer de nouvelles offres, dédiées en premier lieu à leurs clients les plus aisés.

LCL vient ainsi de présenter une offre d'épargne verte baptisée LCL Placements Impact Climat. "Avec cette offre, un épargnant peut allouer une large partie de son patrimoine à des actifs financiers qui permettent de lutter concrètement contre le réchauffement climatique, tout en respectant une diversification des risques et en ayant une espérance de rendement de même nature que les actifs classiques", a assuré Michel Mathieu, le directeur général de LCL, lors d'une présentation à la presse le 29 janvier dernier.

Lutter contre le changement climatique avec son épargne

Construite autour de sept supports, la nouvelle offre permettra aux clients d'investir dans des produits variés (actions, obligations, produits structurés, private equity, immobilier) favorisant la transition énergétique et soumis à trois types de filtre : leurs faibles émissions de carbone, leurs engagements en matière environnementale, sociale et de gouvernance (les fameux critères extra financiers ESG) ainsi qu'un filtre de controverse.

La banque au logo bleu et jaune s'est également rapprochée de l'entreprise EcoAct pour compenser les émissions de carbone émises par les entreprises d'un portefeuille. "Même si nous sélectionnons les sociétés qui ont une empreinte carbone parmi les plus basses, il reste un impact résiduel. Celui-ci est mesuré par un organisme indépendant puis compenser via le financement de projets de préservation des forêts", explique Olivier Nicolas, directeur entreprises, institutionnels, gestion de fortune et de la banque privée au LCL.

Dans un premier temps, cette nouvelle offre d'épargne climatique ne sera distribuée qu'à travers le réseau des quelque 450 conseillers banque privée et gestion de fortune LCL, mais l'ex-Crédit Lyonnais n'exclut pas de l'étendre au reste de sa clientèle banque de détail si le succès est au rendez-vous. "Nous avons l'intuition que cette offre va marcher compte tenue de la demande", avance Michel Mathieu, sans révéler toutefois d'objectif chiffré.

Un portefeuille aligné avec ses convictions

LCL n'est pas le seul établissement à s'emparer du sujet à l'heure où les banques cherchent à affirmer leur utilité et à redorer leur image écornée par de nombreuses crises. BNP Paribas Wealth Management a co-développé avec ses clients une nouvelle application en ligne baptisée MyImpact. Pensé comme un outil pour les conseillers en banque privée, il s'agit d'un questionnaire ludique et interactif. Il doit leur permettre d'établir le profil d'impact de leurs clients selon les 17 objectifs de développement durable définis par les Nations-Unies, afin de leur proposer des produits financiers alignés avec leurs convictions. D'ores et déjà disponible en France, au Luxembourg et aux Etats-Unis, le dispositif devrait prochainement être lancé dans d'autres pays, dont l'Espagne et la Belgique.

Pour d'autres acteurs, cette orientation est ancrée depuis de nombreuses années. C'est le cas de La Banque Postale, dont la société de gestion est connue pour son engagement précoce en la matière. Le groupe bancaire public a ainsi commercialisé, dès 2009 et à destination de sa clientèle patrimoniale, le contrat d'assurance vie Cachemire, incluant une unité de compte labellisée Investissement socialement responsable (ISR).

Près de dix ans plus tard, lors des Assises de la banque citoyenne, en avril 2018, la filiale du groupe La Poste a fait part de sa volonté de mettre en conformité la totalité de ses encours sous gestion, soit environ 220 milliards d'euros d'actifs, aux principes de l'ISR. Objectif : démocratiser davantage les produits d'épargne verts et solidaires.

L'importance de former les conseillers

Suite à cette annonce, La Banque Postale a déployé une importante campagne de marque faisant la promotion du label ISR, l'une des premières à destination du grand public sur cette thématique. En parallèle, une opération de sensibilisation interne, mobilisant les experts en Responsabilité sociale des entreprises (RSE), est menée auprès des conseillers dans toutes les régions "pour qu'ils puissent comprendre l'offre, se l'approprier et la proposer aux clients", explique Nicholas Vantreese, responsable RSE à La Banque Postale.

Société Générale Private Banking, elle aussi, a mis l'accent sur la formation. Son approche reste en revanche focalisée sur ses clients les plus fortunés disposant d'un patrimoine minimum de 2 millions d'euros. La banque de La Défense n'a pas conçu une offre "packagée", mais a opté pour une démarche sur-mesure de gestion de portefeuille responsable basée sur la méthode du "best in class". Les fonds proposés ne retiennent ainsi que les meilleurs émetteurs selon les critères ESG, sans faire d'exclusion sectorielle, hormis l'armement, le tabac, les OGM et la pornographie.

Un marché prêt à décoller

Pour promouvoir cette offre, une formation obligatoire à l'ISR de cinq heures minimum a été mise en place. "Cette formation concerne 300 à 400 banquiers, conseillers en investissement et ingénieurs patrimoniaux sur tout le territoire", indique Claire Douchy, directrice des engagements sociaux au sein de Société Générale Private Banking France, pour qui l'investissement responsable ne peut réellement décoller sur le marché des particuliers que s'il est poussé par les banquiers.

Selon la dernière étude Ifop, seuls 5% des Français auraient déjà investi dans un fonds ISR. Et, à peine plus (6%), se seraient vu proposer de l'ISR par leur conseiller. Des chiffres qui devraient sensiblement grimper au cours des prochains mois, avec l'obligation par la loi Pacte de proposer au moins une unité de compte verte ou solidaire ou socialement responsable dans les contrats d'assurance vie.

Juliette Raynal

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Commentaire 1
à écrit le 20/02/2020 à 8:37
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Quel acteur institutionnel crédible pour vérifier cela svp ?

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