Pour décarboner son bilan, Natixis s’applique un bonus-malus

La banque de financement du groupe BPCE a mis en place le Green Weighting Factor, un mécanisme interne d’allocation du capital modulant la rentabilité de chaque prêt en fonction de l’impact attendu sur le climat. Explication.
Delphine Cuny
Pour noter chaque financement, la banque a dû créer sa propre méthodologie sectorielle, une échelle à sept niveaux du brun au vert foncé.
Pour noter chaque financement, la banque a dû créer sa propre méthodologie sectorielle, une échelle à sept niveaux du brun au vert foncé. (Crédits : Infographie La Tribune)

A l'heure où l'empreinte carbone des banques fait débat, l'une d'elles, Natixis, a décidé d'apporter sa contribution à la transition vers un monde décarboné en mettant en place un système de bonus-malus sur les financements plus ou moins verts qu'elle accorde. Cette filiale cotée en Bourse du groupe BPCE (Banque Populaire Caisse d'Epargne) s'applique un mécanisme appelé le Green Weighting Factor (facteur de pondération verte), qui module la rentabilité de chaque financement en fonction de son impact sur le climat. Depuis septembre, l'outil a été étendu à l'intégralité de son bilan de l'activité de « grande clientèle », soit 127 milliards d'euros. Une première mondiale selon la banque, qui compte partager cet outil, fruit de 18 mois de travail, avec d'autres établissements courant 2020.

Pour noter chaque financement, la banque a dû créer sa propre méthodologie sectorielle, une échelle à sept niveaux du brun au vert foncé. « Sept nuances, trois de vert, trois de brun, et un gris » a détaillé le directeur général de Natixis, François Riahi, lors d'une table ronde au Climate Finance Day, vendredi 29 novembre. « On parle ici de transition : si le projet permet de passer d'un impact brun foncé à gris, c'est très bien, il y a une amélioration. »

Cette méthodologie, qui pourra évoluer, notamment lorsque la taxonomie européenne des actifs verts, en cours de finalisation, entrera en vigueur, a servi à élaborer secteur par secteur 46 arbres de décision pour déterminer la couleur d'un financement dédié : le chargé d'affaires doit répondre à une série de cinq à dix questions fermées sur le logiciel de gestion de la relation client, aboutissant à une notation finale. S'il s'agit d'un financement à usage général, la banque analyse la stratégie et la performance climatiques de l'entreprise, un travail effectué avec l'aide du cabinet Carbone 4. La grille d'analyse étant essentiellement climatique,  le nucléaire est noté neutre, du fait de l'évitement des émissions de CO2, le gaz entre le brun et le gris neutre.

Un outil d'incitation interne

Le « bonus » peut atteindre 50% pour un financement très vert et le « malus » 24% : « nous faisons un calcul interne en allégeant les actifs pondérés par le risque (RWA) si le financement est noté vert ou en augmentant la charge s'il est noté brun. Cela affecte la rentabilité des fonds propres (return on equity) analytique de chaque financement » nous détaille Louis Douady, directeur de la responsabilité sociétale d'entreprise chez Natixis.

 « Le Green Weighting Factor est un outil d'incitation interne, de prise de conscience et de pilotage. Ce mécanisme d'allocation du capital influence la prise de décision individuelle sur les transactions et, a posteriori, permet de mesurer les progrès à chaque revue trimestrielle des métiers » poursuit le directeur de la RSE. « Il s'agit d'un outil exclusivement interne, qui n'a pas d'impact sur le plan prudentiel, sur les actifs pondérés réglementaires des financements » précise-t-il.

Les équipes sont incitées à favoriser les financements verts, à niveau de risque de crédit égal : il n'y a pas aujourd'hui de statistiques suffisantes pour établir une corrélation entre le caractère vert et la probabilité de défaut. « Nous réfléchissons aussi à la mise en place d'une prime pour nos collaborateurs en fonction de la note climatique de leur portefeuille de financements » confie Louis Daoudy.

La part actuelle du « brun » dans le bilan de Natixis est de 38% (contre 43% pour le vert et 19% en neutre) : en appliquant le Green Weighting Factor, elle grimpe à 50%.

« On se donne un an d'observation de cet outil pour définir des objectifs à moyen et long termes de décarbonation du bilan en cohérence avec ceux de l'Accord de Paris » indique le directeur de la RSE.

Delphine Cuny

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Commentaire 1
à écrit le 02/12/2019 à 17:42
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La connerie grimpe ! Pour apparaître, et pour se soumettre à l'écologie fascisante, on va faire un bilan carbone des opérations de trading, souvent à perte chez N_Ixis...

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