NaturePlast invente les bio-plastiques de demain

Le Sénat vient de voter l'interdiction des sacs de caisse en plastique à usage unique dès 2016, sauf bien sûr s'ils sont compostables et bio-sourcés. Une bonne nouvelle pour le marché des bio-plastiques ? Réponse avec Thomas Lefevre, Président fondateur de NaturePlast, une entreprise normande spécialisée dans les nouveaux plastiques.

Cleantech Republic : Que pensez-vous de cette règlementation ?

Thomas Lefèvre : Nous l'attendons depuis longtemps ! Et pour tout dire, restons même circonspects quant à son application... Mais cela va bien sûr dans le bon sens pour la filière des bio-plastiques car les fabricants de matière ont besoin d'un minimum de visibilité sur les volumes pour décider d'investir dans des unités de production et des circuits d'approvisionnement. Idem pour la R&D : peu d'acteurs peuvent dépenser du temps et de l'argent sans marché potentiel. Pour notre part, nous avons relevé que le Sénat prévoit d'élargir la mesure aux films de routage pour la presse. C'est un sujet que nous connaissons bien car nous avons développé un film souple en PLA*, parfaitement transparent, notamment pour cet usage.

Vous développez donc de nouveaux bio-plastiques ?

A l'origine, en 2006, nous avons créé NaturePlast comme un négociant/distributeur de matières premières plastiques bio-sourcées. Depuis nous avons fait du chemin et identifié pratiquement tous les fournisseurs du globe : une centaine de producteurs pour presque un millier de matières différentes. Et nous sommes le seul acteur en Europe à proposer cette palette de choix. Cependant le marché reste globalement toujours à amorcer. Nos clients nous demandent surtout du soutien, comme des formations, des études technico-économiques, ou encore de l'assistance pour mettre au point les process de transformation de nos matières dans leurs ateliers. Il y a également une forte demande de performances particulières (souplesse, transparence, couleur...). Ainsi, en 2010, nous avons créé notre propre laboratoire de recherche - Biopolynov - pour imaginer et concevoir de nouveaux matériaux qui vont contribuer à développer le marché. C'est aujourd'hui le seul laboratoire européen dédié aux bio-plastiques, et une part non négligeable de notre activité.

En quoi ces nouveaux plastiques vont-ils développer le marché ?

Même si les ressources en matières premières sont une limite dans l'absolu, le marche reste poussé par l'offre. Les clients veulent bien du plastique écolo, mais sans compromis sur ses propriétés, et pas à n'importe quel prix ! Les nouvelles formulations ouvrent donc mécaniquement le marché à de nouveaux clients. Un exemple : nous avons conçu un PLA capable de résister à plus de 100°C, contre une cinquantaine habituellement. Cela offre des perspectives à des secteurs comme l'agro-alimentaire (la barquette que l'on met au micro-ondes), à l'automobile (chaleur du moteur, soleil dans l'habitacle) et à l'électronique grand public (l'ordinateur qui chauffe).

Comment voyez-vous l'avenir de votre activité à moyen terme ?

Il va falloir encore quelques années pour que le marché décolle vraiment. En attendant, nous travaillons sur des niches à forte valeur ajoutée, comme des plastiques (bio ou non) hybrides comprenant jusqu'à 30% de « charge » (ndlr : élément ajouté). C'est même principe que le gravier dans le béton. Nous avons déjà formulé et qualifié plusieurs plastiques de ce type. Notamment à partir de co-produits agro-alimentaires et industriels que leurs émetteurs souhaitent valoriser. Vous trouverez donc un jour du plastique contenant des coques d'amandes ou de riz, des noyaux d'olive, des algues (industrie cosmétique), des cendres, ou même du cuir. Ce dernier matériau modifie significativement la texture du plastique et lui donne cette bonne odeur qui intéresse l'industrie automobile. On peut aussi imaginer une grande chaîne de café fabriquer ses propres gobelets et « touillettes » avec son marc de café. Enfin, nous faisons aussi quelques tests de matières pour les imprimantes 3D car leurs utilisateurs sont friands de textures et couleurs variées. Si cette activité de production de plastiques hybrides se développe, nous aurons alors besoin de réaliser notre première levée de fonds, ou de nous rapprocher d'un partenaire.

* PLA : Acide PolyLactique, issu du maïs, du blé ou de la pomme de terre

---
NaturePlast en bref...

  • Création : 2006 (2010 pour le laboratoire R&D)
  • Siège social : Ifs (Calvados)
  • Effectifs : 5 personnes (en croissance)
  • Croissance : 20% par an
  • Chiffre d'affaires prévisionnel 2015 : 1 million d'euros

Cleantech Republic

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.