Satellites télécoms militaires : Thales et Airbus condamnés à s'entendre

Le ministère de la Défense tente désespérément de faire travailler ensemble Thales Alenia Space et Airbus Space Systems sur le programme des prochains satellites de télécoms militaires. Une tentative de conciliation est en cours.
Michel Cabirol
Le futur satellite de télécoms militaires pourrait être fabriqué à partir de la plateforme Spacebus Neo

Pour les prochains satellites de télécoms militaires français, le programme Comsat NG, Thales Alenia Space et Airbus Space Systems sont condamnés à s'entendre. C'est ce que souhaite en tout cas l'État français qui a nommé un coordonnateur chargé d'arbitrer entre autre les relations difficiles entre les deux constructeurs, qui se chamaillent régulièrement sur ce dossier, selon des sources concordantes. "Il y a une tentative de conciliation entre les deux groupes", assure-t-on à La Tribune. Très clairement, il a été nommé pour "aider à la convergence et donner son avis". La direction générale de l'armement (DGA) ainsi que le Centre national d'études spatiales (CNES) suivent le dossier de près.

Pour autant, aucune des dates butoir fixées par la DGA pour parvenir à un accord n'a été respectée par les deux constructeurs. Pourquoi ? "Parce que le ministère de la Défense veut vraiment un accord entre les deux groupes, qui fera gagner du temps par la réalisation du programme, explique-t-on de source proche du dossier. Il y a urgence néanmoins". Car le ministère de la Défense a intégré dans le cadre du projet de loi de finances pour 2015, conformément à la Loi de programmation militaire (LPM), le démarrage de Comsat NG. Coté industriels, on estime que la signature de l'accord est proche. En tout cas avant la fin de l'année. "C'est imminent", assure-t-on à La Tribune. Il le faut... Il ne resterait plus que "trois mois" pour lancer ce programme conformément à ce qui est prévu.

La DGA avait confié en 2012 des études aux deux groupes

En septembre 2012, TAS s'était vu confier par la DGA une étude de dimensionnement des capacités militaires de télécommunications spatiales qui devront être disponibles dès 2019. Cette étude s'inscrit dans le cadre de la préparation du renouvellement des deux satellites Syracuse III fabriqués par TAS et en complément des deux satellites Sicral 2 et Athena Fidus, développés eux aussi par TAS et réalisés en coopération avec l'Italie. La DGA avait également notifié à Airbus Space Systems (alors Astrium) un contrat similaire. Comsat NG devrait fournir, outre les capacités de communication en bande X de Syracuse III, de nouvelles capacités en bande militaire Ka et en bande UHF.

Au vu des besoins militaires exprimés, TAS et Airbus Space Systems devront "expliciter les options possibles, tant en termes de solutions techniques que d'organisations industrielles, avec le souci permanent d'optimiser les coûts", avait à l'époque expliqué la DGA. "Leurs résultats permettront d'éclairer les orientations du programme Comsat NG" qui devaient être lancé en 2013, tout "en prenant en compte le potentiel de coopération avec des partenaires européens, en particulier le Royaume-Uni et l'Italie".

L'échec de Nectar

Les deux groupes s'étaient très violemment affronté entre 2010 et 2012 sur le fameux projet Nectar. Le ministère de la Défense voulait vendre dans le cadre d'un partenariat public privé (PPP) deux satellites de télécoms militaires (programme Syracuse III) exploités actuellement par l'armée de l'air à un groupe privé, qui lui devait se rémunérer ensuite en vendant les communications spatiales au ministère de la Défense et à des clients tiers. Fort de son expérience avec Paradigm en Grande-Bretagne, Airbus poussait ce projet tandis que TAS freinait des quatre fers... avec la bienveillance de la DGA, hostile au projet Nectar.

La DGA avait décidé en mai 2012 de "classer sans suite la procédure relative à l'opération de cession de l'usufruit des satellites Syracuse et à l'acquisition de services de communications spatiales". Aujourd'hui, la DGA souhaite réellement une entente entre les deux constructeurs.

Michel Cabirol

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