Le ciel s'éclaircit au-dessus de la filiale française du géant américain Collins Aerospace spécialisée dans les actionneurs de vol. Sonnée par la crise de l'aéronautique qui l'a privée de 30% de son chiffre d'affaires l'an dernier, elle avait annoncé, fin 2020, se séparer de 150 collaborateurs sur ses sites de Vernon (son nouveau siège, dans l'Eure) et de Saint-Ouen-l'Aumône (Val-d'Oise).
Un an plus tard l'équipementier (800 salariés aujourd'hui), aborde des rivages plus sereins. « Je m'attends à un vrai décollage au deuxième semestre 2022 », confirme son PDG, Jean-Marie Carvalho.
La supply chain sous pression
Il est vrai qu'entretemps, l'un de ses gros clients, Airbus pour ne pas le nommer, a repris du poil de la bête, au point de croire possible d'augmenter la cadence d'assemblage des A320 jusqu'à 64 appareils par mois d'ici la mi-2023. Un niveau record. Collins Aerospace, qui fournit la quasi-totalité des commandes de vol actionnant les gouvernes du best-seller d'Airbus, devrait donc voir son carnet de commandes se regarnir rapidement. Non sans susciter une certaine pression en interne. Comme beaucoup des fournisseurs d'Airbus, il va devoir changer de braquet pour assumer cette charge, après un an et demi de vaches maigres.
« C'est surtout sur l'approvisionnement que porte le stress, ce pourquoi nous accompagnons étroitement nos sous-traitants », explique Samuel Robert, responsable des opérations. En cause, les tensions sur les matières premières et dans certaines spécialités telles que le traitement de surface ou l'électronique.
Pour autant, Jean-Marie Carvalho se veut rassurant. « Il faut remettre la machine en marche, mais on dispose d'un outil industriel flexible et nous avons mis en œuvre un grand plan de transmission des savoir-faire pour anticiper les départs [actés par un PSE, Ndlr]. » Les partants ont ainsi été filmés en situation, un peu à la mode des « tutos », pour faciliter le passage de témoin.
R&D: le puissant soutien apporté par l'État français fait des envieux
C'est aussi dans ses laboratoires qu'il faut aller chercher le regain d'optimisme qui gagne l'entreprise. Responsable ? Le puissant soutien apporté par l'État français qui va lui allouer 11 millions d'euros (dont 1 million de France Relance) sur cinq ans, au titre de la R&D, sous réserve que l'équipementier mette la même somme dans la balance. Un apport plus que bienvenu pour son PDG.
« Je peux vous assurer que cette aide consentie par la France fait briller les yeux de nos confrères américains », rapporte t-il.
Dans les cartons, notamment, le développement des nouvelles générations de commandes de vols « plus écologiques, plus électriques, plus intelligentes et plus intégrées ». Celles-ci devront être capables d'actionner les voilures des futurs aéronefs sur lesquelles phosphorent les avionneurs.
« La physionomie des ailes sera fondamentalement différente, souligne Jean-Marie Carvalho. Elle seront plus fines, plus longues et déformables pour améliorer la portance et diminuer la consommation de carburant. Il nous faut inventer les technologies qui permettront de les commander. »
Une spécialité dans laquelle Collins Aerospace Actuation convoite une place de « leader mondial », son PDG dixit.
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